Les Riches Heures : Juillet

Puisque nous sommes le 1er juillet, voici la page correspondant à ce mois dans les très Riches heures du duc de Berry.
Un livre d’heure est un ouvrage permettant à son propriétaire de connaître les différentes prières quotidiennes. Il comprend aussi souvent un calendrier avec tous les rites et cérémonies annuels.
Jean de Berry (1340 – 1416) commanda les illustrations du sien aux frères Paul, Jean et Herman de Limbourg vers 1410-1411. Inachevé à leur mort à tous, il ne fut terminé que vers 1485-1486.
Ici, sont représentés les travaux de juillet : la tonte des moutons et la moisson. A l’arrière-plan, derrière la rivière Boivre, on peut voir le château de Poitiers. Incendié par les Anglais (on est en pleine guerre de 100 ans), il avait été reconstruit pour le duc par l’architecte Guy de Dammartin vers 1378-1380.

©Photo. R.M.N. / R.-G. Ojéda

Dans les très riches Heures, vous pouvez découvrir aussi :

les autres mois : janvier, février, mars, avril, mai, juillet, août, septembre, octobre, novembre , décembre

une fête chrétienne illustrée dans le livre : l’Ascension

Un étonnant “homme zodiacal”

Les émeutes de Stonewall ou les origines de la Gay pride

Ces jours-ci ont lieu en France et à l’étranger les Marches des Fiertés ou Gay prides. Elles visent bien sûr à donner de la visibilité aux combats des personnes homosexuelles, bisexuelles, trans… pour que chacun puisse disposer des mêmes droits quelle que soit son orientation sexuelle ou son identité de genre.

La première Gay Pride eut lieu à New York en juin 1970 : c’était la Christopher Street Liberation Parade. Elle commémorait les « émeutes de Stonewall » qui avaient eu lieu tout juste un an auparavant.

La nuit du 28 juin 1969, des policiers avaient effectué une violente descente au Stonewall Inn dans Christopher Street, une rue de Greenwich Village. Ce bar, un des rares a accueillir les homosexuels, était connu pour abriter spécialement les transsexuels, les prostitués, les sans-abris et beaucoup de marginaux…

Les raids policiers contre eux étaient monnaie courante. La société américaine pourtant agitée par de nombreuses luttes sociales et culturelles (mouvement des droits civiques, contre-culture…) restait très homophobe. A New York, il était par exemple interdit de servir de l’alcool à un homosexuel, de danser entre hommes et/ou de s’habiller en femme. C’était considéré comme des attentats à la pudeur.

Le 28 juin 1969, ce n’était donc a priori qu’une descente de police de plus. Mais, cette nuit-là, les clients du bar résistèrent pour la première fois aux forces de l’ordre. L’agitation gagna très vite le reste du quartier. Plus de 2000 personnes finirent par affronter 400 policiers, leur lancer des bouteilles, des pierres… L’émeute dura au total 5 jours et finit par attirer les journalistes.

Le 4 juillet suivant, jour de fête nationale américaine, Craig Rodwell, un libraire qui avait créé la première librairie proposant des auteurs gays dans Christopher Street, participa à Washington au défilé habituel de commémoration de l’Indépendance. Constatant à cette occasion que les couples homosexuels « trop voyants » étaient priés de se séparer par l’association même qui essayait de les intégrer positivement au défilé, Rodwell décida d’organiser une marche commémorative des événements du Stonewall Inn où chacun pourrait se montrer à sa guise.
L’année suivante, après un long combat juridique pour rendre la manifestation légale, quelques centaines de gays et de lesbiennes, purent défiler dans Christopher Street. Leurs slogans étaient « come out », « Gay pride »… Le mouvement était né, soutenu par le tout jeune Gay Liberation Front et la Gay Activist Alliance.
C’était le début de l’émancipation pour les homosexuels.

En France, la première vraie marche eut lieu le 4 avril 1981. Le mouvement a connu depuis bien des vicissitudes mais il est toujours là. Cependant, il y a toujours de nombreux pays dans le monde où la « Gay pride » est interdite. Ainsi en Russie où en 2006 encore 77% de la population se disait hostile à la marche et où nationalistes et ultra-orthodoxes s’en prennent toujours violemment aux homosexuels.

La première femme dans l’espace

Le 19 juin 1963 à 11h11, la Soviétique Valentina Terechkova, la première femme à aller dans l’espace, revenait sur Terre après avoir effectué 48 orbites autour de notre planète en 2 jours 22 heures et 41 minutes.

Jeune ouvrière dans le textile, elle avait été choisie parmi 500 candidates et avait subi un entraînement poussé à l’instar de ces collègues masculins. Cependant son intégration au programme spatial relevait plus de la propagande que d’une réelle volonté d’avoir des femmes cosmonautes.

En effet, Svetlana Savitskaïa ne renouvela l’exploit de Valentina Terechkova que 19 ans plus tard ! Quant à la première Américaine, Sally Ride, sa fusée ne décolla qu’en 1983.

A ce jour, seules 60 femme sont allées dans l’espace sur environ 500 personnes…

Fête des pères

Aujourd’hui, c’est la fête des pères en France.

Elle tire ses origines de la tradition catholique de célébrer saint Joseph, l’époux de la Vierge Marie et le père nourricier du Christ. Apparu dès le Ve siècle de notre ère en Égypte, le culte de ce saint se développa en Europe à la fin du Moyen-Âge avant de connaître son apogée au XIXe siècle.

Un peu plus tard, en 1910, apparut la première fête des pères laïque aux États-Unis. Sonora Smart Dodd, qui en fut à l’origine, souhaitait rendre hommage à son propre père qui avait élevé seul ses 6 enfants après la mort de sa femme. Une vingtaine d’années plus tard, l’habitude se répandit d’offrir des cadeaux pour l’occasion.

En France, cela inspira le fabricant de briquets Flaminaire qui souhaitait promouvoir un nouveau briquet à gaz. Il lança donc la fête des père le troisième dimanche de juin 1950 avec ce slogan : « Nos papas nous l’ont dit, pour la fête des pères, ils désirent tous un Flaminaire ».
Deux ans plus tard, la fête des pères devint officielle, pour faire pendant à celle des mères.
Elle a peu changé depuis et reste tout à la fois très familiale et commerciale.
(mais on ne doit plus beaucoup offrir de briquets de nos jours…)

Ci-dessous quelques publicités pour des briquets Flaminaires

L’ Aïd el-Fitr

 

Les Musulmans célèbrent aujourd’hui l’Aïd el-Fitr. Il s’agit de la fête marquant la rupture du jeûne et la fin du Ramadan.

Ce matin, ils se sont réunis dans les mosquées pour dire une prière particulière ou salat al aïd, et écouter le sermon d’un imam. Puis, ils ont pu rejoindre leurs proches pour leur présenter leurs vœux. 
S’ils ne l’ont pas encore fait, il ne leur reste plus qu’à verser « l’aumône de rupture du jeûne » ou zakât al-fitr qui doit les purifier des péchés commis pendant le Ramadan. Cette année, elle a été fixée à 7 € par personne.

Ci-dessous, quelques gâteaux algériens offerts le matin l’Aïd el-Fitr
©mesinspirationsculinaires.com

 

Jean Roba

Il y douze ans, le 14 juin 2006, nous quittait l’inestimable Jean Roba.
Né en 1930 à Schaerbeek, près de Bruxelles, il s’était inspiré en 1959 de son fils et de son cocker pour créer avec Rosy la série qui l’a rendu célèbre auprès de générations d’enfants : Boule et Bill.
Dans le même temps, il collabora avec Franquin sur les décors de plusieurs Spirou puis, en 1962, il commença une autre série : La Ribambelle, qu’il poursuivit jusqu’en 1981.
Retraité en 2003, Denis et moi avions eu le grand plaisir de passer quelques heures avec lui dans le train qui nous ramenait d’un festival du sud de la France. Il était déjà très diminué mais avait gardé tout son humour, sa gentillesse et sa subtilité. Ce fut un moment très marquant pour nous.

 

Cléopâtre

Le 12 juin 1963 sortait dans les salles Cléopâtre, l’ « épopée intime » de Joseph L. Mankiewicz.

L’énorme peplum de plus de 4 heures coûta plus de 35 millions de dollars de l’époque (soit près de 300 millions de dollars actuels). Il faillit bien couler la Fox qui le produisait.

Il coûta également sa santé à Elizabeth Taylor dont les journaux annoncèrent même la mort. Cela n’empêcha pas la jeune femme d’être la première actrice à obtenir un cachet d’un million de dollars et surtout de tomber amoureuse de son partenaire, Richard Burton. Ils quittèrent tous les deux leur conjoint pour vivre une relation tumultueuse d’une quinzaine d’années. Elle fit presque couler autant d’encre que celle d’Antoine et Cléopâtre.

En 1964, le film reçut 4 oscars techniques mais les premières critiques furent très mauvaises. Elizabeth Taylor en particulier fut la cible de beaucoup de moqueries.
Personne n’aurait parié à l’époque que le film deviendrait un classique et serait encore diffusé de nos jours.

Photos : © Comme au cinéma

1984 et l’instrumentalisation de l’Histoire

Le 10 juin 1949 est paru 1984, la fameuse dystopie de George Orwell. Trente ans après une guerre nucléaire ayant opposé l’Est et l’Ouest, la Grande Bretagne est sous la coupe d’un régime dictatorial fortement inspiré du stalinisme. Orwell voulait alors mettre en garde la gauche britannique, dont il faisait lui-même partie, contre toute bienveillance envers Staline au fait du pouvoir en URSS.
Si le roman est surtout connu pour sa description d’une société de surveillance avec les célèbres affiches « Big Brother is watching you ! » et les télévisions-caméras présentes dans tous les foyers, 1984 offre aussi une vision terrifiante de la manière dont l’Histoire par être « révisée » par le totalitarisme pour servir sa propagande.

Le héros, Winston Smith, travaille au ministère de la Vérité. Il modifie les archives pour que leur contenu corresponde à la version officielle du Parti. Ainsi quand l’Océania, le bloc issus de la guerre nucléaire auquel appartient l’Angleterre, déclare la guerre à l’Estasia – la Chine et le Japon en gros -, Winston et ses collègues sont chargés d’effacer toute trace de leur ancienne alliance.
De même, le Parti fait aussi disparaître ceux qui le gênent et charge ses archivistes de modifier leur passé pour en faire des traîtres.

La doctrine du Parti qui sous-tend ces actions est celle de la « mutabilité du passé ». Ce dernier n’est pas une réalité intangible mais un simple souvenir dans les mémoires. Il suffit donc au Parti d’imposer sa vérité aux gens et de leur faire oublier la réalité qu’ils connaissaient ainsi que le fait même qu’ils l’ont oubliée pour que le passé en tant que tel soit changé.
Et si jamais quelqu’un résiste et persiste à savoir ce qui est réellement arrivé, c’est lui que tous prennent pour un menteur voire un fou.
C’est ce qui arrive à Winston, incapable de croire aux vérités qu’il est censé propager après avoir effacé lui-même les événements réels déplaisants pour les dirigeants de l’Océania. Et c’est cela qui cause sa perte.

Bien sûr, on n’en est pas encore là… Mais cela donne à réfléchir à une époque où les fake news sont souvent prises pour des vérités et où le relativisme touche même les faits les plus scientifiques.

Vestalia

Du 7 au 15 juin avaient lieu à Rome les vestalia, les fêtes en l’honneur de la déesse Vesta, maîtresse du feu sacré de Rome.

Les cérémonies se déroulaient dans son temple où on ouvrait le « penus Vestae », le sanctuaire, habituellement dissimulé derrière un rideau. Là, se trouvaient tous les objets sacrés liés au culte et surtout les Pénates, les gardiens archaïques du foyer, du peuple romain.

Les matrones y entraient pieds nus et cheveux dénoués pour y demande la bénédiction de la déesse pour elles et leurs familles. Elles apportaient en échange de multiples offrandes dont le foetus d’un veau retiré directement du ventre de sa mère (bon appétit !)
Le dernier jours, le penus était refermé et le temple solennellement nettoyé et purifié.

A partir du IIè siècle avant Jésus-Christ, les vestalia devinrent aussi la fête des boulangers, des meuniers et même des ânes (eh oui 🙂 ) qui fabriquaient ou transportaient la farine destinée aux sacrifices religieux.

 

La mort de Jeanne d’Arc

Damned ! J’ai raté l’anniversaire de la mort de Jeanne d’Arc hier.

C’est donc le 30 mai 1431 qu’elle fut sortie de sa prison, emmenée place du Vieux-Marché à Rouen et liée à son bûcher.

Plusieurs témoins racontèrent que sa mitre d’infamie ou la pancarte décrivant ses « crimes » masquait son visage. Il n’en fallut pas plus pour que naisse une des fake news les plus populaires du Moyen-Âge: Jeanne avait survécu, une autre avait été exécutée à sa place.

En fait, Jeanne fut même brûlée trois fois de suite. Elle mourut dès la première crémation non à cause du feu mais du monoxyde carbone qui s’en dégageait. Cela aurait pu suffire mais, pour éviter que ne se développe un culte autour de ses reliques, ses bourreaux souhaitèrent que son corps soit entièrement détruit. Son bûcher fut donc rallumé encore deux fois.

Je suis restée plus positive dans le Moi, Jeanne d’Arc écrit avec Jeanne Puchol. Notre sorcière bien aimée accomplit le destin qu’elle s’était choisi en montant sur le bûcher et, en mourant, elle rejoint les anciens dieux.
Ci-dessous, une dernières pages de cet album aux éditions Ronds dans l’O de Marie Moinard.