Fdj : la comtesse de Castiglione

Virginia Oldoïni, contessa di Castiglione est née à Florence le 22 mars 1837. Elle a à peine 18 ans quand son cousin, le comte de Cavour, lui demande de séduire Napoléon III afin de lui faire soutenir l’unification de l’Italie alors en pleine gestation. Mariée et tout juste mère d’un petit garçon, elle accepte sans hésiter.

Elle rencontre l’empereur à un bal en janvier 1856 et lui plait immédiatement. Il faut dire qu’il a 30 ans de plus qu’elle et qu’elle est réputée être « la plus belle femme de son siècle ». Mais le double adultère fait scandale. Le comte de Castiglione, qu’elle a ruiné au passage, doit se séparer de son épouse. Elle reste seule à Paris jusqu’au 5 avril 1857.

Cette nuit-là, Napoléon III manque de se faire assassiner en sortant de chez elle par trois Italiens à la solde des républicains et révolutionnaires de leur pays. Soupçonnée à tort de complicité, Virginia est expulsée de France… où elle revient un mois plus tard.

Son influence a-t-elle été décisive ?

En tout cas, l’année suivante, en juillet 1858, a lieu l’entrevue secrète de Plombière entre l’empereur et le comte de Cavour. Elle aboutit à une alliance, définissant une stratégie pour que l’unité italienne voit le jour. En échange de l’aide de la France, le futur chef du gouvernement italien promet à Napoléon III la Savoie et la ville de Nice. Elles deviendront effectivement françaises deux ans plus tard.

La comtesse connaît ensuite un grand succès dans toutes les cours européennes. Mais elle ne supporte pas de vieillir et de voir sa beauté décliner. Elle s’enferme petit à petit dans son appartement. Elle en fait voiler les miroirs et ne sort plus qu’à la nuit tombée pour que les passants ne puissent pas voir « les ravages du temps » sur son visage.

Elle meurt finalement en 1899, âgée seulement de 62 ans. Elle qui fut une des femmes les plus aimées et les plus admirées de sa génération n’a plus alors pour seuls compagnons que ses chiens empaillés .

La comtesse photographiée par Pierre-Louis Pierson dans les années 1860.

Fdj : Rosa Bonheur

Rosa Bonheur photographiée par Eugène Disdéri en 1865

Le 16 mars 1822, naissait à Bordeaux la future peintre et sculptrice Rosa Bonheur. Spécialisée dans la peinture animalière, elle connut un très grand succès de son vivant. Dès 1856, elle n’eut même plus besoin d’exposer au Salon : toutes ses œuvres étaient vendues d’avance. Les amateurs spéculaient déjà sur elles et certaines partirent jusqu’aux États-Unis.

Le Marché aux chevaux (1853), New York, Metropolitan Museum of Art.

En 1867, Rosa Bonheur, devenue riche, fut même la première femme artiste à recevoir la légion d’honneur. L’impératrice Eugénie la lui donna en personne. Elle voulait montrer que « le génie n’avait pas de sexe ». Cependant, la peintre ne fit jamais l’unanimité. De nombreux critiques lui reprochèrent son indifférence pour les courants artistiques qui modernisèrent la peinture de son époque. Ils en firent le symbole du conservatisme tant pictural que politique.

Labourage nivernais (1849), Paris, Musée d’Orsay.

Pourtant, si Rosa Bonheur fut effectivement très conservatrice sur bien des aspects, elle mena une vie de femme bien en avance sur son temps. Elle refusa obstinément de se marier pour garder son indépendance financière autant que par désintérêt envers les hommes. Mais elle ne vécut pas seule pour autant. Quoique niant toute homosexualité (on est au XIXe siècle), elle s’installa avec deux compagnes successives, peintres comme elle. Ensemble, elles organisèrent la diffusion des leurs œuvres sous forme d’estampes, organisèrent un atelier de production et développèrent tout un « marketing » autour de Rosa et de ses tableaux.

Permission de travestissement accordée par la préfecture de police à Rosa Bonheur en 1857

En 1889, lors de l’Exposition universelle de Paris, elle se lia même à Buffalo Bill et partit à Chicago en 1893 où elle rencontra également le succès.

Portrait de Buffalo Bill (1889), Cody (Wyoming), Whitney Gallery of Western Art Collection.

Elle mourut d’une congestion pulmonaire six ans plus tard, laissant derrière elle plus de 2 100 œuvres. Elles sont aujourd’hui dispersées dans des musées du monde entier mais on peut encore visiter l’atelier de l’artiste dans son château de By, près de Paris.

Fdj : Les sœurs Press et l’intersexualité des athlètes

Le 10 mars 1939, naît à Kharkov la petite Irina Press. Avec sa sœur Tamara, elle va faire couler beaucoup d’encre dans l’Occident de la Guerre Froide.

Le 10 mars 1939, naît à Kharkov la petite Irina Press. Avec sa sœur Tamara, elle va faire couler beaucoup d’encre dans l’Occident de la Guerre Froide.

Le début de leur histoire est malheureusement typique de l’URSS de cette époque. Leur père meurt pendant la Seconde Guerre mondiale et elles doivent fuir les Nazis qui détruisent leur maison. Plus tard, elles deviennent toute deux étudiantes à l’université de Léningrad.

Mais c’est dans le domaine du sport qu’elles révèlent tout leur potentiel : Tamara est médaillée d’or aux Jeux olympiques de 1960 au lancer du poids et de 1964 au lancer du poids et du disque tandis qu’Irina gagne le 80 m haies en 1960 et le pentathlon en 1964. Elles deviennent des héroïnes très populaires dans tout le bloc de l’Est.

À l’Ouest, au contraire, les média se déchaînent contre elles : on les dit hermaphrodites ou bien bourrées d’hormones masculines, on les surnomme les « frères Press » et on en fait le symbole des déviances réelles ou supposées d’un URSS prêt à tout pour obtenir des médailles et la suprématie sportive mondiale.

La polémique devient telle que lors des championnats d’Europe d’Athlétisme de 1966, les officiels introduisent un « test de féminité » qui doit déterminer, et donc empêcher de participer, les athlètes femmes qui seraient en fait intersexuées. On le pratiquera ensuite pendant tous les Jeux Olympiques jusqu’en l’an 2000. Et ce n’est qu’en 2011 que la fédération internationale commencera timidement à accepter les personnes intersexuées en autorisant les femmes atteintes d’hyperandrogénie à participer aux compétitions avec les autres femmes… si elles affichent des niveaux d’androgène inférieurs aux valeurs des hommes. Aujourd’hui ce règlement discriminatoire existe toujours, même s’il a été plusieurs fois suspendu, et le débat autour des athlètes intersexués demeure très vif.

Mais revenons en 1966 : dès que la fédération soviétique d’athlétisme a connaissance du nouveau test de féminité, elle retire les candidatures d’Irina et de Tamara Press. Cela vaut aveu pour la presse occidentale. Aujourd’hui, on ignore toujours ce qu’il en est en réalité et les noms des deux sœurs demeurent au palmarès des Jeux.

Après la fin de leur carrière sportive, elles se reconvertissent facilement. Irina s’engage dans les troupes dédiées aux frontières et Tamara devient ingénieure civile.

Tamara (à gauche) et Irina Press © Getty Images

Petite histoire du 8 mars

Je n’allais pas laisser passer le 8 mars sans évoquer la Journée internationale de lutte pour les Droits des femmes.

Nous la devons à Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï, toutes deux politiques communistes et, bien sûr, très engagées pour l’émancipation des femmes. Elles proposent la création de la journée des droits dès 1910 pendant la Première conférence internationale des femmes socialistes et l’inscrivent alors dans une perspective révolutionnaire.

Sept ans plus, le 8 mars, des ouvrières manifestent à St Péterbourg pour réclamer du pain et le retour des soldats de la guerre. C’est le début de la Révolution de février.
Pour commémorer l’action de ces manifestantes, Lénine décrète dès 1921 que le 8 mars sera la journée des femmes.

Après la seconde guerre mondiale, l’idée se répand ailleurs dans le monde. En 1957, New York adopte aussi la journée internationale des femmes.Ce sera le cas de l’ONU en 1977, puis de la France en 1982, un an après l’arrivée du PS au pouvoir.

De révolutionnaire, le 8 mars est devenu plus féministe aujourd’hui.

On peut trouver bien des défauts à cette journée notamment l’usage marketing et publicitaire qui en est fait, pourtant, comme le rappelait il y a deux ans le secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes sur Twitter : « Le 8 mars, ce n’est pas un jour en l’honneur des femmes, un hommage à la beauté des femmes, c’est une journée pour rappeler le chemin qu’il reste à parcourir »

 

 

Caesar, l’ancêtre de Milou

En faisant de petites recherches sur Jules César sur des pages en anglais – oui, chacune ses vices -, je suis tombée, tenez-vous bien… sur un ancêtre de mon fidèle Milou. Il s’appelait « Caesar » lui aussi et appartenait, non à la famille impériale romaine, mais à celle des rois d’Angleterre.

C’est l’historien des animaux – et des couleurs – Michel Pastoureau qui en parle : Caesar, le fox-terrier à poil dur blanc du roi Édouard VII, l’arrière-grand père de la reine Élizabeth II pour ceux qui regardent The Crown comme moi, aurait peut-être inspiré Hergé.

Mais qui était vraiment Caesar ? Wikipédia  – oui, il a sa page, comme tous les habitants successifs de Buckingham Palace –  nous apprend que Caesar est né en 1898 de Cackler of Notts et qu’il fut offert par lord Dudley au roi en 1902. Son prédécesseur, Jack, venait tout juste de s’étouffer avec de la nourriture. Oui, c’est dur dur d’être chien royal.

Caesar disposait d’ailleurs de son propre valet de pied et pouvait dormir sur un fauteuil près du lit du roi. Celui-ci lui passait tous ses caprices. Il lui pardonna même d’avoir tué les lapins des filles de lord Redesdale.

Après la mort d’Edouard VII en 1910, Caesar fut inconsolable jusqu’à ce que la reine Alexandra lui donne ses friandises favorites. Rasséréné, il participa au cortège funèbre directement derrière le cercueil du souverain au grand dam du nouveau roi George V et du kaiser Guillaume II qui n’avaient pas l’habitude marcher derrière qui que ce soit… Ce fut l’heure de gloire de Caesar.

Caesar survécut encore quatre ans à son maître. Il resta dans la maisonnée royale jusqu’à ce qu’une opération l’emporte en avril 1914. Heureusement, Milou est éternel, lui.

Irena Sendler, Juste parmi les nations

Née le 15 février 1910 à Varsovie, Irena Krzyżanowska, est la fille unique d’un médecin catholique tourné vers l’action sociale. Hélas, il meurt lors d’une épidémie de typhus alors que sa fille va sur ses 7 ans. Celle-ci est élevée près de l’importante communauté juive d’Otwock, une banlieue-station thermale, et apprend le yiddish.

Elle poursuit une bonne scolarité et commence des études de droit puis de philologie à la faculté de Varsovie. Elle s’y oppose au système des « bancs ghetto » qui oblige les étudiants juifs à ne s’asseoir que sur les bancs qui leur sont réservés. Devenue la cible du Camp national-radical, un mouvement d’extrême droite inspiré par le fascisme italien, c’est finalement elle qui se retrouve suspendue de l’université pour 3 ans.

Pendant l’occupation allemande, Irena qui s’est mariée entre temps avec Mieczyław Sendler, travaille au service d’aide sociale de la mairie de Varsovie. En novembre 1940, alors que les Allemands enferment la population juive dans le ghetto, elle obtient, avec une dizaine d’amis, le droit d’entrer et de sortir librement du quartier. Immédiatement, elle commence à en faire sortir clandestinement des enfants par un trou dans le mur, cachés dans une ambulance, sous des ordures, dans des paquets… Malgré les déportations de masse qui commencent en 1942, Irena continue d’opérer jusqu’à son arrestation par la Gestapo en 1943, quelques mois après l’insurrection et la liquidation du ghetto par les nazis. Avec son réseau, elle a finalement sauvé près de 2 500 enfants placés dans des familles chrétiennes complices.

En octobre 1943, Irena est à son tour emprisonnée et torturée. Ses pieds et ses jambes sont brisés. Elle en gardera des séquelles toute sa vie, mais elle ne trahit pas son réseau. Condamnée à mort, un gardien de prison soudoyé par des complices résistants l’aide finalement à s’échapper le jour de son exécution. Elle reste ensuite cachée sous un faux nom à Varsovie où elle travaille comme infirmière.

En 1945, l’Armée Rouge entre dans la ville dévastée mais ce n’est pas la fin des ennuis d’Irena. En 1948-49, elle est emprisonnée par la police secrète communiste pour ses liens anciens avec l’Armia Krajowa, un réseau de résistants polonais proche du gouvernement en exil qui s’oppose à Staline et refuse de reconnaître le régime que celui-ci a installé en Pologne. Brutalisée à nouveau, Irena accouche d’un enfant prématuré qui ne survit pas.

En 1965, alors qu’Israël la reconnaît comme Juste parmi les nations, les autorités polonaises l’empêchent d’aller recevoir son prix. Elle ne le fera qu’en 1983. La reconnaissance internationale vient progressivement ensuite. En 2007, un an avant sa mort, elle figure même parmi les nommés au Prix Nobel de la Paix.

Irena Sendler en mai 2007 ©L’Obs

Griselda Blanco, la Reine de la coca

La série « Narcos » et Pablo Escobar vous ont tenus en haleine ? Alors vous allez adorer la mentor du fameux trafiquant de drogue, j’ai nommé Griselda Blanco, « La Reine de la coca », la « Madrina », la « Veuve noire »… La pionnière toutes catégories du trafic de cocaïne et du crime organisé à grande échelle.

Née le 15 février 1943 en Colombie, elle s’installe avec sa mère à Medellin dès 1946. Un de ses anciens petits amis racontera plus tard, qu’elle a commencé sa carrière à 11 ans en enlevant et tuant l’enfant de voisins. Mais le cœur de son activité est alors le pickpocket, puis, quand elle atteint 14 ans, la prostitution.

Pendant les années 70-80, elle se marie 3 fois et a 4 fils de ses compagnons. Avec le deuxième, Alberto Bravo, elle émigre à New York où ils développent le trafic de cocaïne. Griselda a découvert sa vocation. Mais, en 1975, elle se fait inculper avec 30 de ses hommes : c’est alors la plus grosse affaire de trafic de cocaïne de l’Histoire américaine. La police ne parvient pourtant pas à l’arrêter à temps : elle repart pour la Colombie, avant de revenir habiter à Miami quelques années plus tard.

Pour installer son commerce, elle a recours aux meurtres de masse et déclenche les « Cocaïne Cowboy Wars » qui vont ensanglanter la Floride pendant les années qui suivent. Cela marche : Griselda va progressivement éliminer les réseaux qui préexistaient à son arrivée. Elle parvient même à élargir sa clientèle à l’ensemble des États-Unis. À cette époque, elle fait venir une tonne et demi de drogue par mois pour un bénéfice d’environ 80 millions de dollars. Mais la médaille a son revers : elle manque de se faire assassiner plusieurs fois à son tour.

Elle va donc s’installer dans un endroit plus tranquille où on ne la connaît pas encore : la Californie. Finalement, ce ne sont pas d’autres trafiquants qui l’arrêtent mais la DEA, la Drug Enforcement Administration. Sa fortune personnelle est alors estimée à 2 000 000 000 $. Pourtant, elle échoue à prendre la fuite cette fois. Elle est condamnée à 60 ans de prison pour trafic de drogue et meurtres. On lui en attribue plus de 200, dont ceux des pères de ses fils. Pour l’anecdote, l’un d’eux, Darío Sepúlveda, l’avait quittée en 1983 en enlevant leur petit Michael Corleone (!). Elle le fit tuer avec ses frères et récupéra son fils. Il est d’ailleurs arrêté à son tour pour trafic de cocaïne en 2012.

Enfermée, en prison de 1985 à son expulsion des États-Unis en 2004, Griselda Blanco continue à gérer ses affaires depuis sa cellule. Elle tente même, mais en vain, de faire enlever le fils de John et Jackie Kennedy. Elle retourne ensuite en Colombie mais rien n’est plus pareil. Ses trois premiers fils que les Américains avaient expulsés dans les années 90, ont été assassinés dès qu’ils ont posé le pied dans le pays.

Griselda elle-même est tuée de deux balles dans la tête à Medellin par des tueurs à moto en septembre 2012. Elle aura quand même survécu presque vingt ans à Pablo Escobar.

Juanita Cruz

Il y a longtemps que je ne vous avais pas présenté une personnalité féminine sujette à caution… Alors voici Junita Cruz.

Née le 12 février 1917 à Madrid, elle est la première torera à participer à des corridas au même titre que ses collègues masculins.

D’opinion républicaine, elle doit s’exiler en Amérique du Sud en 1936, au début de la guerre civile espagnole. Elle reçoit donc l’alternative, la cérémonie durant laquelle le novillero (jeune matador) acquiert le grade de matador de toros, pendant une corrida au Mexique en 1940. Mais sa carrière s’arrête dès 1944 : le 12 novembre, elle est gravement blessée par un taureau à Bogota.

Au cours de ces quelques années, elle torée tout de même dans plus de 700 corridas.

Il était une fois… Sharon Tate

Si dans Once upon a time… in Hollywood, Rick Dalton et Cliff Booth, alias Leonardo Di Caprio et Brad Pitt, sauvent Sharon Tate et ses amis de la fureur de la famille Manson, il n’en a pas été de même dans la réalité. La jeune femme, enceinte de 8 mois, a été sauvagement assassinée en août 1969 dans sa maison de Cielo Drive.
Mais qui était Sharon Tate ? Et que s’est-il passé exactement ?

Sharon Tate naît en janvier 1943 à Dallas. Son enfance est heureuse même si elle voyage beaucoup, au gré des différentes affectations de son père, sergent dans l’armée américaine. Elle se fait alors déjà remarquer par sa beauté et gagne de nombreux concours, encouragée par sa mère et sa grand-mère.

Dès le début des années 60, elle fait de petites apparitions dans des émissions de télévision et des films. En 1963, elle commence à se faire vraiment remarquer dans The Beverly Hillbillies, une sitcom racontant les aventures d’une famille de paysans de l’Arkansas devenue millionnaire par hasard et venue s’installer à Los Angeles. Sharon Tate y participe pendant deux ans avant de se tourner définitivement vers le cinéma.

En 1967, elle joue dans La Vallée des poupées qui raconte les vies de plusieurs jeunes femmes qui se brûlent les ailes en voulant devenir des stars. Sharon Tate y gagne une nomination aux Golden Globes. Sa carrière s’envole. La même année, elle tourne aussi Le Bal des vampires, une parodie de film d’horreur réalisée par le jeune Roman Polanski qui n’est alors qu’un jeune cinéaste prometteur, bien loin des agressions qu’on lui reproche aujourd’hui. Bientôt ils se rapprochent et se marient en 1968 à Londres.

Puis, ils retournent à Los Angeles où Polanski commence à tourner Rosemary’s baby, l’histoire paranoïaque d’une jeune femme enceinte du diable. Quelques mois plus tard, Sharon Tate découvre qu’elle-même attend un enfant. Le couple décide alors de s’installer dans une maison plus familiale sur Cielo Drive.

Sharon Tate et Roman Polanski le jour de leur mariage, le 20 janvier 1968. © Rex Features/REX/SIPA

À l’été 1969, Polanski a dû retourner à Londres pour un nouveau tournage et Sharon attend avec impatience sa délivrance. Le 9 août, elle passe la soirée avec des amis : le coiffeur des stars Jay Sebring, le producteur Wojciech Frykowski et sa fiancée Abigail Folger, héritière d’une compagnie de café.

Hélas, ce soir-là, Charles « Tex » Watson, Patricia Krenwinkel et Susan Atkins, trois jeunes gens appartenant à une communauté hippie dirigée par un certain Charles Manson, ont décidé d’en finir avec l’ancien occupant de la maison, un producteur de musique qui a osé refuser de signer leur gourou sur son label. Ils ignorent qu’il vient de déménager.

Charles Manson, ©Michael Ochs Archives/Getty Images

Après avoir coupé les fils du téléphone, ils croisent un ami du gardien de la propriété en train de quitter son pavillon et l’abattent de 4 balles dans la tête. « Par chance », le gardien écoute de la musique très fort et n’entend rien. Il sera le seul à être épargné.

Les trois hippies poignardent successivement toutes les personnes présentes dans la maison. Abigail Folger et Wojciech Frykowski seront retrouvés défigurés dans le jardin. Sharon Tate et Jay Sebring, eux, meurent dans le salon, reliés par une corde nouée autour de leur cou, et le visage couvert d’un masque blanc selon un rituel obscur. C’est Susan Atkins qui exécute la jeune actrice enceinte malgré ses supplications. Elle lui assène pas moins de 16 coups de couteau avant d’écrire « Pig » sur la porte d’entrée avec une serviette imbibée du sang de sa victime.

Ses crimes atroces causent un électrochoc aux États-Unis. C’est le début de la fin pour le mouvement hippie. Charles Manson et ses adeptes meurtriers sont condamnés à mort en 1971, peine commuée en prison à vie l’année suivante. Le gourou meurt en cellule en 2017. Susan Atkins l’a précédé dans la mort en 2009 mais les deux autres meurtriers sont toujours incarcérés.

Fdj : Song Qingling

Song Qingling est une femme politique chinoise, épouse de Sun Yat-sen, le premier président de la République de Chine.

Elle est née le 27 janvier 1893 dans une famille profondément chrétienne. Son père Charles Soong est un missionnaire méthodiste devenu entrepreneur dans l’imprimerie. Qingling a trois frères et deux sœurs. Celles-ci connaîtront des destins assez parallèles au sien : Soong Ai-ling épousera un riche homme d’affaire qui deviendra ministre des finances et Soong May-ling se mariera avec Tchang Kaï-chek qui sera lui aussi président de la République chinoise avant l’arrivée des Communistes au pouvoir.

Song Qingling rencontre Sun Yat-sen au Japon en 1914 après avoir étudié aux États-Unis. Elle devient sa secrétaire et rapidement entame une relation amoureuse avec lui. Très vite, ils veulent se marier mais les parents de la jeune fille s’y opposent tout comme les partisans du fondateur du Kuomintang, le « parti nationaliste » chinois. Il faut dire qu’en plus d’avoir 26 ans de plus que Song Qingling, Sun Yat-sen est marié depuis 30 ans avec Lu Muzhen, même s’ils ne vivent plus ensemble depuis longtemps – elle n’a pas pu le suivre dans ses pérégrinations aventureuses d’activiste politique, notamment à cause de ses pieds bandés. Les amis de Sun Yat-sen lui conseillent donc de prendre Song Qingling comme concubine. Mais les parents de celle-ci refusent. Ils emmènent leur fille à Shanghai et l’enferment dans leur maison. Peine perdue, elle parvient à s’échapper avec l’aide d’une domestique. Elle retourne au Japon où elle épouse enfin Sun Yat-sen qui vient d’obtenir le divorce. Les parents n’ont plus qu’à s’incliner devant le fait accompli.

Song Qinling entre 1939 et 1945, photo appartenant aux Imperial War Museums (Royaume-Uni).

La suite est moins romanesque. En 1922, elle fait une fausse couche qui la laisse stérile. Elle ne se consacrera plus désormais qu’à la lutte politique. En 1926, elle est élue au comité central exécutif du Kuomintang. Mais, l’année suivante, elle refuse l’entente de celui-ci avec la Bande Verte, une triade de Shanghai, et entre en conflit avec le nouvel homme fort du parti : Tchang Kaï-chek. Comme ses parents avaient refusé son mariage avec Sun Yat-sen, elle prétend empêcher le mariage de sa sœur Meiling avec lui. Des rumeurs se mettent à courir : il essaierait de la faire assassiner avec l’aide de la troisième sœur : Ailing. Song Qingling n’a plus le choix : elle rompt officiellement avec le parti en juillet et quitte la Chine.

Elle reste quatre ans en Europe. En 1936, elle rejoint la lutte anti-japonaise et renoue avec ses sœurs et le Kuomintang. Mais son hostilité pour Tchang Kaï-chek demeure et elle se rapproche petit à petit des Communistes. En 1949, après leur victoire, elle est le seul membre de sa famille à rester en Chine. Elle est alors nommée à d’importantes fonctions honorifiques : vice-présidente du gouvernement populaire central, présidente de l’Association des amitiés soviéto-chinoises et présidente honoraire de l’Association des femmes. Elle reçoit plusieurs prix internationaux comme le prix Staline pour la Paix (!).

En 1959, elle devient même vice-présidente de la République populaire de Chine. Persécutée ensuite par Jiang Qing, l’épouse de Mao Zedong, pendant la révolution culturelle, elle parvient à échapper aux purges grâce au soutien de celui-ci. Il met son nom en tête de la liste des cadres protégés. Elle est néanmoins de plus en plus isolée.

Elle meurt d’une leucémie en mai 1981, quinze jours après avoir été inscrite au parti communiste et instituée présidente honoraire de la République. Au final, si elle a été couverte d’honneurs par les dirigeants successifs de la Chine, son rôle politique a surtout été symbolique. Elle a très peu participé à la réalité des décisions et a surtout joué un rôle de représentation de l’État chinois à l’international.