Le tombeau de Philippe Pot

Comme je viens de retomber sur plusieurs épisode de Doctor Who avec les moines sans tête à la télévision, j’ai envie de vous montrer le tombeau de Philippe Pot, ce soir.

Son auteur n’est pas connu mais il a été réalisé entre 1477 et 1483 pour le grand sénéchal de Bourgogne, le fameux Philippe Pot. Les “moines” ou plutôt les pleurants dans ce contexte portent des blasons représentent ses huit quartiers de noblesse.

Lui-même est représenté en chevalier, les mains jointes pour une prière et les yeux grand ouverts. Mais, rassurez-vous, il n’est pas en train de supplier les “moines” de ne pas l’enterrer vivant. C’est juste la manière du XVe siècle de montrer l’attente chrétienne de la Résurrection.

Exposition au Musée du Louvre, © Poulpy

Exposition Jhen à Bayeux en 2021

L’été prochain, Jhen revient en Normandie. La Médiathèque municipale de Bayeux organise une exposition autour du Conquérant qui se déroule dans la ville en 1435.

Vous pourrez y admirer des pages de Paul Teng comme celle que je montre ci-dessous ainsi que découvrir les dessous historiques de l’album et avoir un aperçu de nos méthodes de travail.

Il y aura aussi une rencontre organisée avec moi dans l’expo ou bien la salle voisine.

Je vous tiens au courant.

 

Ex-libris Jhen et Alix senator

Amateurs d’ex-libris, la Librairie-Galerie Brüsel située sur le boulevard Anspach et managée d’une main de maître par Reynold Leclercq, en a réalisé ce mois-ci pour les derniers Jhen et Alix Senator. Vous pouvez les voir ci-dessous.

Si vous ne pouvez ou ne voulez pas vous déplacer, vous pouvez commander les albums avec eux dans la boutique en ligne : les ex-libris Brüsel.

Interview fleuve sur ActuaBD

Le plaisir du lundi : je suis aujourd’hui l’invitée d’ ActuaBD.

Charles-Louis Detournay m’a longuement et savamment interviewée sur Alix Senator (version classique et premium) et Jhen. Et c’était très agréable de répondre à autant de questions à la fois pertinentes et passionnées. Merci à lui 🙂

Pour me lire, c’est par ici : Interview Alix senator et Jhen

La Tapisserie de Bayeux

À Bayeux, Jhen découvre le trésor de la cathédrale : la « Telle du Conquest », la fameuse broderie – et non tapisserie – racontant la fourberie du comte Harold Godwinson et la bataille d’Hastings l’opposant à Guillaume, duc de Normandie, pour le trône d’Angleterre.

On y voit Harold prêter un serment sur des reliques, sans doute de soutenir le duc Guillaume quand viendra le moment de succéder au roi anglais Édouard le Confesseur. Mais quand ce dernier meurt, Harold, qui est son beau-frère, s’empare lui-même du trône. Ce parjure lui vaut d’être excommunié par le pape et justifie l’expédition armée de Guillaume en Angleterre. Peu de temps après, Harold est finalement vaincu et tué à la bataille d’Hastings. On le voit, c’est le point de vue normand qui prévaut: le bon duc Guillaume l’emporte sur le traître Harold et sa guerre est totalement justifiée (si ce n’est juste).

Harold prête serment devant le duc Guillaume

La légende veut que la tapisserie ait été réalisée par la reine Mathilde, épouse de Guillaume et ses suivantes. Mais, elle fut plutôt commandée par Odon, le demi-frère du conquérant, et évêque de Bayeux. En tout cas, elle fut réalisée peu de temps après l’invasion, au XIe siècle, dans l’espace anglo-normand (c’est-à-dire en Angleterre ou en Normandie). C’est un objet unique en son genre et même un rare exemple d’art non-religieux de cette époque.

Les bateaux de Guillaume voguent vers l’Angleterre

On ne sait pas dans quel endroit elle devait être accrochée. Traditionnellement, on pense à la cathédrale : elle aurait alors été exposée pour la première fois le 14 juillet 1077, lors de la consécration du bâtiment, puis chaque année à la même date. Le reste du temps, elle serait restée enfermée dans un coffre dans le Trésor. C’est l’hypothèse que je reprends dans l’album, mais la tapisserie a très bien pu être destinée à la salle principale d’un château. Nous ne le saurons sans doute jamais précisément.

Harold meurt pendant la bataille d’Hastings.

Il fallait en tout cas un espace de belle taille : composée de neuf panneaux, la tapisserie fait 68,38 mètres de long. Sa fin actuelle est en mauvais état. Peut-être est-elle bien complète et se termine-t-elle sur la mort d’Harold et la fuite de son armée. Mais beaucoup d’historiens pensent qu’il en manque un morceau. On ignore totalement ce qui a pu lui arriver : usure du temps, déchirure volontaire… Et dans ce dernier cas, par qui et pourquoi. Le mystère reste entier. Je suis aussi amusée à le résoudre dans le Conquérant. C’est un des grands plaisirs de l’autrice de fiction : remplir les « trous de l’Histoire » avec des explications toutes plus romanesques les unes que les autres.

Pour voir la Telle du Conquest dans son ensemble : Tapisserie de Bayeux

Jhen découvre la telle du conquest dans la cathédrale de Bayeux

Une jaquette pour Jhen

Pour accompagner la sortie du prochain Jhen la semaine prochaine, une jaquette est éditée à 500 exemplaires par les librairies Slumberland BD World en Belgique.

Elle reprend une couverture alternative réalisée par Paul Teng et mise en couleur par Céline Labriet pour l’album.

Un grand merci Cédric De Waele pour cette belle mise en avant du Conquérant.

Jhen : Guerre de Cent ans et Normandie anglaise

Le monde de Jhen a au moins un point commun avec celui du jeune Alix : il est en proie à des guerres multiples que rien ne semble pouvoir arrêter.

La France est ainsi en conflit avec l’Angleterre depuis… 1337. C’est la fameuse Guerre de Cent Ans. Le début du XVe siècle a été favorable aux Anglais. De 1417 à 1419, Henri V a conquis la Normandie. Caen est tombée dès le 19 septembre 1417 (huit jours après Bayeux) et Rouen le 13 janvier 1419, entrainant la reddition de la plupart des places de la région qui résistaient encore.

Les premières cases du Conquérant, Jhen tome 18.

Parallèlement, en mai 1418, les Bourguignons, alliés des Anglais, sont parvenus à entrer dans Paris et à en chasser le dauphin Charles et ses alliés, les partisans du comte d’Armagnac. La tentative de réconciliation s’est soldée l’année suivante par… l’assassinat du duc de Bourgogne par les hommes du dauphin.

En 1420, le nouveau duc soutient donc l’Anglais Henri V quand il impose le traité de Troyes au roi de France, le fou Charles VI. Le dauphin est déshérité et le souverain lancastre épouse une princesse française. Leur fils doit devenir le double monarque de l’Angleterre et de la France, tandis que la Normandie reste la pleine possession du monarque anglais.

Or, dès 1422, Henri V et Charles VI meurent tour à tour. Henri VI, encore bébé, doit donc succéder à son père et son grand-père sur les deux trônes. Mais le dauphin ne l’entend bien sûr pas ainsi. Il se proclame roi de France alors que sa cause semble proprement désespérée. Il faut la chevauchée de Jeanne d’Arc pour commencer à renverser la situation entre 1429 et 1431.

Quatre ans plus tard, quand commence Le Conquérant, l’aventure de Jhen que je vous propose, la Normandie est plus que jamais anglaise. Rouen est la capitale politique et militaire du duché tandis que la cour des comptes a été installée à Caen. À Caen aussi se trouve la nouvelle université fondée par le duc de Bedford, l’oncle du jeune roi qui exerce la régence pour lui. Marchands, clercs et soldats anglais se sont installés partout. Ils ont obtenu des terres confisquées aux Normands qui ont essayé de résister. Des réactions hostiles existent ça-et-là, mais globalement la conquête est bien acceptée.

La rencontre de Jhen et du duc de Bedford, à Bayeux.

Or en 1435, tout tourne mal pour les Anglais : le traité d’Arras marque la fin de la guerre civile entre les Bourguignons et les Armagnacs. Charles VII peut se consacrer entièrement à la reconquête des terres occupées par ses ennemis d’outre-Manche. Mais il faudra tout de même attendre 1450 pour que la Normandie soit à nouveau rattachée au royaume de France et la Guerre de Cent ans ne se terminera définitivement qu’en 1475.

Le jeudi de l’Ascension

Ce jeudi, les Chrétiens célèbrent une fête qui nous vaut d’avoir un jour férié: l’Ascension.

Selon la liturgie, l’Ascension, comme son nom l’indique, commémore la montée du Christ au Ciel au terme de sa dernière rencontre avec ses apôtres, quarante jours après sa résurrection à Pâques.

Ce motif de l’ascension est assez courant dans les religions et mythologies antiques. Avant le Christ, les prophètes Moïse, Hénoch ou Isaïe mais aussi les héros Romulus et Heraclès, ou même les empereurs romains divinisés à leur mort sont censés avoir rejoint le ciel.

Les quarante jours qui séparent l’Ascension du Christ de Pâques (et qui font que la fête d’aujourd’hui tombe toujours un jeudi) rappellent d’autres événements bibliques ayant eu la même durée : la tentation du Christ dans le désert, le séjour de Moïse sur le mont Sinaï où il reçoit les tables de la loi, le temps que passe Noé dans l’arche pendant le déluge…

L’Ascension est en général interprétée par les Chrétiens comme la fin de la présence terrestre du divin et la promesse que tous les fidèles pourront un jour, à leur tour, monter au Ciel.

Ci-dessous l’Ascension, dans Les très Riches Heures du duc de Berry, vers 1410-1411, Musée Condé de Chantilly.

©Photo. R.M.N. / R.-G. Ojéda

Des très riches Heures du duc de Berry, vous pouvez découvrir aussi :

les différents mois du calendrier : janvier, février, mars, avril, mai, juillet, août, septembre, octobre, novembre , décembre.

Un étonnant “homme zodiacal”

Adam et Ève : la première tentation

Ci-dessous : la tentation d’Adam et Ève par le serpent. Base de la statue de la Vierge à l’Enfant, trumeau du portail de la Vierge, Façade ouest de Notre-Dame de Paris.

Il illustre un épisode fameux de la Genèse, le premier livre de la Bible. Placés dans le jardin d’Eden par Dieu, Adam et sa compagne, qui ne s’appelle pas encore Ève, peuvent faire tout ce qu’ils veulent… Tout sauf manger les fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Hélas, le serpent, vient trouver la jeune femme et la convainc de tenter l’expérience. Loin de mourir d’avoir croqué le fruit, ils verront leurs yeux s’ouvrir et cette “prise de conscience” les rapprochera de Dieu. Ève se laisse tenter, cueille un des fruits, mord dedans puis le donne à Adam qui en mange à son tour.

Bien sûr, Dieu se rend compte qu’ils ont désobéi et les chasse du jardin. Ils sont condamnés à souffrir et à mourir – surtout Ève qui est la responsable première de la désobéissance : elle accouchera dans la douleur et et devra rester dorénavant soumise à son mari (eh oui… cette histoire justifie bien des choses). Le serpent est maudit lui aussi : depuis il rampe dans la poussière.

Ici, ce serpent est représenté avec un buste de femme. Il est en fait Lilith, la première épouse d’Adam qui s’est changée en démon pour se venger d’une autre punition divine. Dieu avait la punition/malédiction facile à l’époque.

Photo : © Jebulon