Damned ! J’ai raté l’anniversaire de la mort de Jeanne d’Arc hier.
C’est donc le 30 mai 1431 qu’elle fut sortie de sa prison, emmenée place du Vieux-Marché à Rouen et liée à son bûcher.
Plusieurs témoins racontèrent que sa mitre d’infamie ou la pancarte décrivant ses « crimes » masquait son visage. Il n’en fallut pas plus pour que naisse une des fake news les plus populaires du Moyen-Âge: Jeanne avait survécu, une autre avait été exécutée à sa place.
En fait, Jeanne fut même brûlée trois fois de suite. Elle mourut dès la première crémation non à cause du feu mais du monoxyde carbone qui s’en dégageait. Cela aurait pu suffire mais, pour éviter que ne se développe un culte autour de ses reliques, ses bourreaux souhaitèrent que son corps soit entièrement détruit. Son bûcher fut donc rallumé encore deux fois.
Je suis restée plus positive dans le Moi, Jeanne d’Arc écrit avec Jeanne Puchol. Notre sorcière bien aimée accomplit le destin qu’elle s’était choisi en montant sur le bûcher et, en mourant, elle rejoint les anciens dieux.
Ci-dessous, une dernières pages de cet album aux éditions Ronds dans l’O de Marie Moinard.
Les Chrétiens célébraient dimanche dernier la Pentecôte, du grec ancien « pentêkostề hêméra », le cinquantième jour. Cette fête se situe donc toujours le septième dimanche ou le quarante-neuvième jour après Pâques.
Elle commémore la descente du Saint-Esprit sur les disciples du Christ. Selon les Actes des Apôtres, une langue de feu se posa sur leur tête et ils reçurent le don de pouvoir s’exprimer dans d’autres langues que la leur. Il ne leur restait plus qu’à se répandre dans le monde pour lui apporter la promesse du salut universel.
L’Eglise était née.
Ci-dessous La Pentecôte dans le Livre d’heures de Béatrice de Rieux, vers 1390, bibliothèque Les Champs Libres, Rennes.
Selon la culture populaire, nous traversons depuis deux jours la période des saints de glace et effectivement, il neige encore aujourd’hui dans le Massif Central, chose toujours étonnante un 13 mai 2018.
Au Moyen-Âge, les paysans priaient donc les saints Mamert, Pancrace et Servais, les saints fêtés des 11 au 13 mai à l’époque, pour éviter que ce genre d’ennui ne vienne détruire leurs cultures.
Dans ma région, la Lorraine, où il fait souvent plus froid plus longtemps qu’ailleurs en France, on s’adressait aussi à des saints fêtés encore plus tardivement : de Boniface, le 14 mai, à Urbain, le 25 mai.
La tradition est restée et on pense encore souvent que ces jours sont particulièrement froids et contrastent avec le reste du mois.
Parfois, on justifie même cette croyance par une explication pseudo-scientifique : la terre traverserait à ce moment-là un nuage de fines poussières qui feraient comme un voile entre le soleil et nous. Le souci c’est que ce nuage n’existe pas et quand bien même il existerait, il n’aurait aucune influence sur les températures terrestres…
En fait, statistiquement, la période du 11 au 13 mai (voire au 25), n’est pas plus froide que les autres. De 1939 à 2009, Météo France nous apprend qu’il n’a pas gelé plus de 4 fois ces jours-là.
Les « saints de glace », plutôt qu’un moment de gel systématique, sont donc la période où peuvent éventuellement se produire les derniers grands froids de l’année, précisément quand un anticyclone dégage le ciel suite aux derniers fronts hivernaux.
Il n’y a pas qu’Auguste qui rencontra son destin un 6 mars : Jeanne d’Arc aussi. En 1429, eut lieu l’audience royale qui donna lieu à la première légende entourant la jeune fille. Là, par miracle, elle aurait reconnu le roi Charles VII dissimulé parmi ses courtisans. On peut évidemment douter de la réalité de cet épisode d’autant qu’elle avait déjà rencontré tout à fait normalement le roi en privé quelques jours auparavant.
Dans Moi, Jeanne d’Arc , Jeanne Puchol et moi nous sommes amusées à donner une explication moins politiquement correcte mais plus romantique à la “reconnaissance du roi” par Jeanne. Charles s’était en fait caché derrière Gilles de Rais, le grand méchant loup dont Jeanne tombe amoureuse au premier regard.
L’été prochain, vous pourrez écouter Jeanne Puchol et moi dans la Grande Traversée de France culture. Nous vous parlerons de Jeanne d’Arc…
Enfin de la version païenne et sulfureuse que nous en donnons dans Moi Jeanne d’Arc… publiée par Marie Moinard aux Ronds dans l’O.
Nous avons été interviewées ce vendredi par le sagace Martin Quenehen sous la protection des reines de France et surtout du dieu cornu du jardin du Luxembourg.