Aujourd’hui, c’est le premier jour du printemps. C’est l’occasion de vous parler d’une coutume antique aussi brutale qu’étonnante : le printemps sacré, « ver sacrum » en latin.
Il s’agit d’une pratique expiatoire attestée en Italie et parmi les peuples indo-européens au début de l’Antiquité. Quand un désastre militaire ou une famine advenait, on cherchait à se concilier les dieux en leur consacrant tout ce qui naissait dans l’année : les récoltes, les animaux mais aussi les enfants. Ils devenaient « sacrés » et n’avaient plus leur place dans la communauté. Arrivés à l’âge adulte, ils étaient donc chassés de leur cité et devaient aller ailleurs fonder la leur.
Cette mesure brutale en évitait peut-être une autre encore pire : leur sacrifice aux dieux. Sans doute aussi était elle une forme de régulation démographique, même si cet aspect n’est pas mis en avant. Le géographe Strabon parle ainsi de jeunes Sabins consacrés à Mars qui leur envoya un taureau pour les guider vers le sud. Là, après avoir vaincu et chassé la population locale, ils sacrifièrent l’animal au dieu et devinrent le peuple samnite.
Ces rites très violents perdurèrent ensuite à Rome sous une forme atténuée. En 218 avant notre ère, après la défaite de Trasimène contre Carthage, on consacra tout aux dieux sauf les chiens, les chevaux et bien sûr les enfants.
Ci-dessous : le sacrifice d’un taureau dans Alix senator, tome 3.
Revu ce soir avec toujours autant de plaisir : « Merlin l’enchanteur » (1963).
Il y a une scène que j’avais oubliée mais qui a beaucoup plus de sel aujourd’hui que la première fois que j’ai regardé ce dessin animé dans les années 80. Merlin poursuit l’éducation d’Arthur en lui donnant une information révolutionnaire, quelque chose que tous les autres hommes ignorent encore et qui lui donnera donc un grand avantage sur eux : la Terre n’est pas plate mais ronde !
Une information qui redevient révolutionnaire de nos jours !
A l’origine seul le trèfle est réellement lié à saint Patrick. Il ne recommandait pas la consommation excessive de bière (on s’en doute) et on le célébrait à d’abord avec du bleu. Le vert est apparu seulement en 1798 pendant la révolte de l’Irlande quand le trèfle et sa couleur sont devenus des symboles du patriotisme irlandais et que la Société des Irlandais unis se choisit un drapeau vert avec la harpe d’or.
Saint Patrick lui-même est un saint censé être mort en Ulster le 17 mars 461 après avoir évangélisé l’Irlande.
Selon la légende, il était issu d’une famille de citoyens romains de l’île de Bretagne. Enlevé par des pirates, il fut vendu comme esclave en Irlande. Là, il « rencontra Dieu » et devînt très pieux. Une vision divine l’aida ensuite à s’échapper et il retourna chez lui après s’être promis de revenir évangéliser l’île où il avait été retenu. Quelques années plus tard, en 432, il fut effectivement envoyé par le pape Célestin répandre le culte chrétien en Irlande . Là, il convertit de nombreux princes, se proclama évêque, créa des diocèses – 365 selon la légende – et des monastères.
Selon une tradition populaire, il se serait servi d’un trèfle pour expliquer le concept de trinité lors d’un sermon, trèfle qui serait resté associé à son nom par la suite. Patrick est aussi réputé avoir chassé tous les serpents de l’île, c’est-à-dire, d’en avoir symboliquement chassé le démon.
Sa fête devint une fête légale irlandaise dès 1607 et un jour férié en 1903. Ce n’est cependant pas la fête nationale irlandaise comme on l’entend souvent: l’Irlande n’a pas d’équivalent à notre 14 juillet.
Aujourd’hui c’est l’anniversaire d’un de mes peintres préférés : Georges de la Tour. Il est né chez moi, en Lorraine en 1593. Il a peint de nombreuses scènes religieuses ou inspirées de la vie quotidienne, le tout dans la continuité du Caravage.
S’il a rencontré très vite le succès, La Tour a aussi connu les malheurs de la guerre de Trente Ans. Sa maison détruite, il a dû fuir à Paris avec sa femme. La paix revenue, ils rentrèrent dans la région mais quelques années plus tard, une grave épidémie les emporta tous les deux.
Longtemps oublié avec ses œuvres attribuées à d’autres, La Tour ne fut redécouvert qu’au vingtième siècle.
Voici quelques-uns de ses tableaux :
Le Nouveau-né, Musée des Beaux-Arts de Rennes.
Le Tricheur à l’as de carreau, vers 1636-1638, Musée du Louvre
La Madeleine à la veilleuse, vers 1642-1644, Musée du Louvre.
La Diseuse de bonne aventure, années 1630, Metropolitan Museum of Art, New York
Marcellus, le fils d’Octavie et neveu d’Auguste mourut en 23 avant Jésus-Christ à 19 ans. Je ne pourrai donc jamais l’utiliser dans Alix Senator. Et c’est bien dommage !
Pour compenser, je vous présente sa statue réalisée sans doute à la demande de son oncle pour son monument funéraire par le sculpteur grec Cléoménès l’Athénien. Il reprend le type classique d’un « Hermès orateur », Hermès le messager des dieux, le dieu des marchands, des voleurs et un des plus beaux parleurs de l’Olympe.
En général, on montre cette statue de face mais je me demande si je ne préfère pas l’autre côté…
Pour les curieux, « callipyge » veut dire « aux belles fesses » ((καλός / kalόs = « bon, beau », πυγή / pugế = « fesse »))
ou « Le vice s’est abattu (sur Rome) et venge l’univers vaincu ». C’est cette sentence de Juvénal, un poète satirique latin, qu’a voulu illustrer le peintre Thomas Couture dans son œuvre monumentale : « Les Romains de la décadence » en 1847, conservée aujourd’hui au Musée d’Orsay.
Caractéristique du courant académique de cette époque ces « femmes nues dans des attitudes voluptueuses » (dixit l’historien Henri-Irénée Marrou) remportèrent un franc succès à leur époque. Une partie de la critique y vit la réconciliation des styles classique et romantique, ancien et moderne, mais d’autres commentateurs eurent la dent très dure avec le peintre. Il fut jugé pas à la hauteur de son sujet : « l’immense lâcheté et l’immense débauche de la vieille Rome » (Edmond Texier), suivant le fantasme que l’on se faisait à l’époque de la chute de l’empire antique.
C’était oublier que Couture était un Républicain anticlérical qui critiquait surtout la Monarchie de Juillet au pouvoir en France depuis le sacre de Louis-Philippe 1er en 1830. Entre 1846 et 1847, plusieurs des éminents soutiens du roi avaient été pris dans des scandales de corruption allant de la simple malversation à la pédophilie. D’ailleurs, comme chacun sait que de la décadence à la chute, il n’y a qu’un pas, la « révolution de Février » provoqua dès 1848 l’abdication de Louis-Philippe et l’avénement de la Deuxième République.
Le 6 mars 12 avant notre ère, Auguste devenait pontifex maximus (« le plus grand prêtre ») de la religion romaine. C’était le dernier pouvoir important dans l’Etat romain qui lui échappait encore. Il est alors vraiment « empereur » au sens où nous l’entendons. La République est définitivement terminée.
C’est pour cela que j’ai choisi cette date symbolique pour commencer Alix senator. Rome entre dans une nouvelle ère, Alix aussi !
Demain, c’est Mardi Gras, le dernier jour du Carnaval. Il sera suivi, pour les Catholiques, du Mercredi des Cendres, le premier jour du Carême. Ils passeront alors d’une période de fête à une période de pénitence qui ne finira qu’au moment de la fête de Pâques.
Le tableau de Pieter Brueghel l’Ancien ci-dessous illustre cette idée. C’est le « Combat de Carnaval et de Carême ». Peint en 1559, il montre une place de village flamand avec deux cortèges qui s’affrontent au premier plan. À gauche, du côté de l’auberge et de ses plaisirs, se trouve Carême assis sur un tonneau de bière orné de viande. À droite, du côté de l’église, on a Carême avec sa triste figure et ses poissons, symbole du jeûne, du temps où il est justement interdit de manger de la viande ou des œufs.
Je vous laisse découvrir la multitude des autres détails. Il ne manque que Charlie. 🙂
Avec le mois de mars revient enfin le printemps au Moyen-Âge. On est alors très loin d’avoir plus de 20° en février et de craindre le réchauffement climatique. Au contraire, vers 1410-1420, on est en plein dans le petit âge glaciaire qui durera jusqu’à la fin du XIXe siècle. On est donc content de pouvoir labourer un champ, tailler sa vigne ou aérer le sol comme les paysans de cette peinture des Très Riches Heures.
Derrière eux, on voit le château de Lusignan, un des plus grands châteaux forts de France, situé dans le Poitou. Il appartient au duc de Berry qui l’a fait complètement rénové et « modernisé ». Mais il est surtout censé avoir été fondé par la fée Mélusine, une ancêtre légendaire du duc.
Quelques années auparavant, en 1392, le poète Jean d’Arras a composé pour lui la Noble histoire de Lusignan dans laquelle il raconte comment Mélusine interdisait à ses proches de venir la voir le samedi, jour de son bain. Lassé, son mari, Raymondin de Lusignan, finit par briser l’interdit. Hélas, il découvrit que sa femme était victime d’une malédiction : une fois par semaine, le bas de son corps se changeait en queue de serpent ! Découverte, Mélusine se transforma complètement en dragon et s’enfuit pour toujours par la fenêtre. C’est elle que l’on voit voler au-dessus de la tour de droite du château.
Plusieurs milliers années avant notre ère, les Martiens ont atterri dans le désert algérien, sur les plateaux rocheux du Tassili n’Ajjer. C’est du moins la conclusion ésotérique à laquelle sont arrivés de nombreux lecteurs d’« A la découverte des fresques du Tassili » d’Henri Lhote.
Dans les années 1956 -1957, ce très sérieux préhistorien réalisa une grande campagne de relevés des peintures et gravures rupestres du sud-est de l’Algérie. Il fut notamment marqué par une représentation humanoïde de 6 mètres de haut qu’il appela le… « grand dieu martien ». Lui-même y voyait un trait d’humour à une époque où la conquête spatiale et les soucoupes volantes étaient très à la mode. On est 20 ans après le canular radiophonique d’Orson Wells et le Spoutnik sera envoyé dans l’espace par l’URSS cette même année 1957.
Mais Lhote fut pris au pied de lettre en 1960 par Louis Pauwels et Jacques Bergier, les auteurs du « Matin des magiciens », un livre consacré aux « domaines de la connaissance à peine explorés », « aux frontières de la science et de la tradition ». Vendu à un million d’exemplaires, il interroge : « Les fresques découvertes dans la grotte de Tassili, au Sahara, représentent notamment des personnages coiffés de casques à longues cornes d’où partent des fuseaux dessinés par des myriades de petits points […]. Et s’il s’agissait de la représentation de champs magnétiques ? ». Pour les auteurs pas de doute : les peintures sont une preuve parmi d’autres « des visites d’habitants de l’extérieur » sur notre planète.
Bergier et Pauwels firent de nombreux adeptes et leurs idées persistent toujours auprès d’une partie du public qui reconnaît, par exemple, dans la procession ci-dessous un autre groupe de Martiens. Plus « scientifiquement », cet art rupestre saharien dit des « têtes rondes » reste difficile à dater et à interpréter, d’autant que des études des années 1990-2000 ainsi que les aveux d’un ancien membre de l’équipe de fouille de Lhote ont montré qu’une partie des gravures ont été réalisées pendant les fouilles à l’insu du scientifique.
Les autres sont aujourd’hui datées de 5 000 à 6 000 ans avant notre ère. Elles pourraient évoquer des personnes portant des masques, exécutant peut-être des danses rituelles.