Poulpe minoen

Bon, j’imagine bien que vous aurez la tête à autre chose ce week-end mais…

Le Minotaure n’est pas le seul monstre que va croiser le sénateur Alix dans son aventure crétoise. D’ailleurs, les habitants de Cnossos ou d’Héraklion n’avaient pas une fascination uniquement pour le taureau: ils ont aussi souvent représenté les créatures marines dans leur art. Beaucoup de leurs vases sont ornés de poulpes dont les tentacules permettent de nombreux effets graphiques.

Vase minoen orné d’un poulpe, réalisé vers 1500 avant notre ère, conservé au musée archéologique d’Héraklion en Crète.
© Wolfgang Sauber

Des palais labyrinthes

Qui dit minotaure dit labyrinthe. On a souvent assimilé à ce dernier les fameux « palais » crétois de Cnossos, Phaistos ou Malia.

Apparus vers 2000 avant notre ère, ces constructions sont aussi complexes que gigantesques. Elles comprennent des habitations, des ateliers, des entrepôts et des sanctuaires organisés autour d’une grande cour.

On a longtemps voulu y voir des résidences royales mais on ignore en fait quelle était leur fonction exacte : centre administratif, religieux, commercial ?

Aujourd’hui, on peut encore admirer certaines de leurs magnifiques fresques réalisées pour la plupart vers 1500 – 1400 avant notre ère, même si elles ont du être rénovées parfois de manière (trop) lourde par les premiers archéologues.

Alphabet humain médiéval

Traditionnellement, un livre d’heures médiéval est destiné à accompagner les prières de son propriétaire. Cependant, certains, peut-être moins pieux d’autres, ont voulu en faire des objets ludiques et plus propres à les amuser qu’à soutenir leur foi.

C’est le cas de Charles d’Angoulême – le père du roi François Ier. Son livre d’heures est rempli de scènes sans rapport avec la religion. Et quand bien même il en est question, le jeu n’est jamais bien loin.

Ainsi ce feuillet qui reprend le début d’une prière catholique à la Vierge « Ave Maria gracia ple[na] », « je vous salue Marie pleine de grâce ». C’est, vous le voyez, un alphabet humain dont on devait passer plus de temps à regarder les détails qu’à se concentrer sur leur sens global.

Le livre, réalisé vers 1475-1500, est actuellement conservé à la Bibliothèque Nationale de France.

Minotaure inspiration

Puisqu’Alix senator s’apprête à explorer « L’Antre du Minotaure » dès la semaine prochaine, j’ai envie de vous montrer quelques images qui m’ont inspiré ce nouvel album (ainsi que l’aventure vécue par le jeune Alix dans « L’Œil du Minotaure », la première partie de cette histoire sortie à l’automne dernier).

Copie romaine d’un original grec du Ve siècle avant notre ère. Musée archéologique national, Athènes.

Voici donc tout ce qui reste du combat de Thésée et du Minotaure qui ornait l’Acropole d’Athènes dans l’Antiquité. Pour une fois, le monstre a survécu au héros. C’est peut-être à cela qu’il doit son petit air mélancolique. On a bien du mal à voir en lui le dévoreur d’hommes terrifiant de la mythologie en tout cas.

Les images de la semaine

Je n’ai rien posté sur ce site cette semaine. J’ai eu le Covid à Angoulême et je m’en remets seulement. Mais j’ai fait tout de même quelques posts Facebook/Instagram.

Je vous en montre des résumés ci-dessous mais n’oubliez pas que vous pouvez me rejoindre directement sur mes pages sur les réseaux : tous mes posts sont lisibles par tous.

– Mâchoire de baleine photographiée par Eugène Trutat (1840-1910) et conservée au museum de Toulouse.

– Armure personnelle datant de la Première Guerre mondiale, avec capuchon en acier, gilet en plaques d’acier, gantelet-poignard en acier et paire de lunettes pare-éclats (avec de très minces fentes pour la vue).
Photo conservée par l’Imperial War Museum, Royaume-Uni.

– Minamoto no Raiko combattant un tsuchigumo, un esprit ayant pris la forme d’une araignée géante.

Détail d’un emaki, un rouleau japonais peint, du XVIe ou XVIIe siècle copiant une œuvre plus ancienne à l’auteur inconnu.

Les monstres marins, des dinosaures fossiles ?

 

Et si ce vase réalisé à Corinthe vers 550 avant notre ère était une des plus anciennes représentations de fossile de dinosaure connue ?

La scène supérieure représente Le héros Héraclès (Hercule) en train de sauver la princesse de Troie, Hésione, du Céto, un monstre marin venu la dévorer. Mais Céto n’est pas représenté sous la forme d’un serpent marin géant comme on s’y attendrait : il s’agit d’une tête blanche, avec de grandes dents, émergeant d’une falaise noire.

De quoi faire penser à une tête fossile de dinosaure à moitié enfouie dans la roche qui aurait pu beaucoup impressionner les anciens Grecs.

Cette hypothèse est confortée par le fait que la côte d’Asie Mineure, où était censée se trouver Troie, est effectivement constituée de couches sédimentaires riches en dépôts de fossiles qui apparaissent encore de nos jours au gré de l’érosion.

L’un d’eux a donc très bien pu donner naissance au mythe du combat d’Héraclès et du monstre marin, mais pour séduisante que soit cette idée, il ne faut pas oublier qu’elle restera sans doute toujours une hypothèse invérifiable.

De la terre plate

Cette magnifique carte de « La terre carrée et stationnaire » dessinée par le prof. Orlando Ferguson en 1893, m’a donné envie de vous parler du mythe de la terre plate ce soir.

On croit souvent qu’il était très répandu chez les savants du Moyen-Âge. Mais, en réalité, pratiquement tous les érudits de l’époque voyaient la terre comme une sphère, dans la lignée des scientifiques grecs antiques dont le savoir en la matière avait été conservé.
Cette idée d’un « platisme » médiéval est apparue au XVIIe siècle, mais elle a connu son plus grand développement au XIXe siècle dans le contexte des polémiques entourant la toute nouvelle théorie de l’évolution et l’essor général du rationalisme scientifique. Celui-ci se conjuguait alors souvent avec l’anticléricalisme. On faisait alors de l’Église le prototype de la force obscurantiste et du Moyen-Âge, la période pendant laquelle elle eut le plus d’influence sur la société occidentale, le temps de toutes les erreurs et des croyances les plus absurdes.
De manière paradoxale, c’est justement au XIXe siècle que naquit la version moderne de la théorie de la terre plate. Samuel Rowbotham, un des précurseurs de la Flat Earth Society actuelle, développa entre 1849 et 1881 la théorie selon laquelle la terre était plate, centrée sur le pôle nord et ceinte d’un mur de glace. Les astres étaient suspendus au-dessus d’elle, à seulement quelques milliers de kilomètres.
Ce sont ces idées qui sont reprises dans la carte du professeur Ferguson de 1893. Il les relie à des citations bibliques. Platisme et créationnisme sont alors déjà liés. Ils le sont encore souvent aujourd’hui.
Bref, les savants chrétiens du Moyen-Âge seraient bien surpris.

 

Dieux romains et astrologie

Autel ? Cadrant solaire ? Table d’astrologue ?

Tout le monde ignore la nature exacte de cet étrange objet. Peut-être était-il juste décoratif ou peut-être a-t-il servi à des rituels mêlant sorcelleries orientales et latines ?
En tout cas, il représente les têtes des 12 grands dieux romains en leur associant les différents signes astrologiques.
Vous voulez savoir quel dieu préside à votre signe ?

Bélier – Minerve
Taureau – Jupiter
Gémeaux – Vénus
Cancer – Mars
Lion – Diane
Vierge – Vesta
Balance – Cérès
Scorpion – Mercure
Sagittaire – Vulcain
Capricorne – Neptune
Verseau – Junon
Poissons – Apollon

Ci-dessous :
« Cadran solaire (?) », « autel (?) » trouvé à Gabies (Latium) et fabriqué peut-être dans la deuxième moitié du IIe siècle de notre ère en Italie. Conservé au Louvre.

© 1996 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

Noix de prière gothique

Aujourd’hui, je reviens à l’art médiéval pour vous montrer une noix de prière sculptée entre 1500 et 1535 en Flandre.
Auteur inconnu. Conservée au Louvre.

Les noix de prière étaient des sculptures miniatures. Leur taille variait entre 2 et 5 cm de diamètre. On pouvait les suspendre à un collier comme des bijoux et surtout les tenir dans sa main quand on faisait une prière à la manière d’un grain de chapelet.
Elle s’ouvraient en deux et contenaient des sculptures représentant des scènes religieuses bien connues des fidèles.

© 2015 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Ici, l’extérieur de la noix est recouvert de motifs gothiques flamboyants et d’une citation de l’Ancien Testament en latin.


L’intérieur de la noix contient plusieurs scènes entourées de citations liées à la célébration de la Toussaint :
– en bas, une représentation du Jugement Dernier.
– en haut, la Jérusalem céleste avec tous les anges et les saints entourant le Christ en gloire.

Décor antique, marbre mythologique : le rapt d’Hylas par les nymphes

Le rapt d’Hylas par les nymphes,
panneau en opus sectile du IVe siècle provenant de la basilique de Junius Bassus sur l’Esquilin, conservée au palais Massimo alle Terme, à Rome.

Pour les curieux :
– Selon la mythologie grecque, Hylas était un jeune prince amant du célèbre Héraclès, l’Hercule des Grecs. Il l’accompagna lors de l’expédition des Argonautes mais, lors d’une escale en Bithynie, au nord de l’Asie Mineure, le jeune homme disparut. Héraclès descendit à terre pour le chercher et laissa les autres héros repartir sans lui. Hélas, il ne retrouva jamais son bien-aimé : des nymphes avaient été subjuguées par sa beauté et l’avaient attiré au fond de leur cours d’eau pour le garder pour elles à jamais.
– l’opus sextile (« appareil découpé » en latin) est un savant assemblage de plaquettes de marbres de différentes couleurs. Il était très utilisé dans l’empire romain où il était déjà signe à la fois de richesse et de raffinement.
– Junius Bassus était un grand aristocrate romain du IVe siècle de notre ère. Il fut préfet du prétoire et consul sous l’empereur Constantin. En 331, il fit construire une basilique, un grand édifice public rectangulaire sans connotation religieuse à l’époque, sur l’Esquilin, une des colline de la ville. Des éléments de décor dont le panneau que je vous montre, furent découverts lors de fouilles pendant les années 1930.