Virgile

Le 15 octobre 70 avant J.C. est né le futur poète Vigile à Andes au nord de l’Italie, ville renommée depuis Virgilio en son honneur.

Sa famille est aisée : son père est un propriétaire terrien qui vit de l’agriculture et de l’apiculture.

Premières œuvres

Virgile rendra hommage à toutes ses activité dans les « Géorgiques », un poème didactique achevé en 29 avant J.C., marqué par l’empathie de son auteur pour les paysans mais aussi son amour de la nature, des animaux et des plantes.
Elle transparaîtra aussi dans les « Bucoliques », un recueil de poèmes en forme de dialogues entre des bergers paru en 37 avant J.C.

Entre philosophes et poètes

Le poète n’a pourtant pas passé sa vie à la campagne. Sa jeunesse est marquée par de solides études en lettres, droit, médecine, mathématique. Il va même à Naples suivre l’enseignement de professeurs de rhétorique et de philosophie grecs, proches des épicuriens. Ces derniers professent que seuls les plaisirs naturels et nécessaires permettent d’atteindre le bonheur, c’est-à-dire surtout l’absence de souffrance et la sérénité de l’esprit. A cela, ils ajoutent non seulement que tout est composé d’atomes indivisibles et que les mondes comme la terre sont en nombre infini mais aussi, que les dieux, s’ils existent bien, se désintéressent des humains qui doivent aussi se désintéresser d’eux…
Inutile de dire que cette philosophie était déjà très controversée dès l’Antiquité.

Très jeune, Virgile fréquente aussi les plus célèbres poètes de son temps : Cornelius Gallus, L. Varius Rufus (qui sera l’éditeur de l’Enéide) ou Catulle. C’est sans doute par lui qu’il entre en contact avec celui qui deviendra son protecteur : Asinius Pollion. Malheureusement celui-ci prend le parti de Marc Antoine contre Octave pendant les guerres civiles. Le domaine familial de Virgile est confisqué et le poète met plusieurs années à se réconcilier avec le futur Auguste.

L’Énéide

En 29 avant J.C., Virgile commence ce qui deviendra son chef d’œuvre : l’Enéide, une épopée retraçant les aventures du prince troyen Enée de la chute de sa ville à son installation en Italie où ses descendants fonderont Rome. Dès l’Antiquité, elle rivalisera en notoriété avec ses modèles l’Iliade et l’Odyssée d’Homère. Pourtant son but est éminemment politique : montrer que Rome est destinée dès l’origine à dominer le monde et surtout que son Histoire va trouver son apogée avec Auguste et la paix universelle dont il est porteur.

Malheureusement, alors qu’il recherche de la documentation en Grèce, Virgile est victime d’une insolation. Il meurt peu après son retour dans le sud de l’Italie en 19 avant J.C. Il avait demandé que son œuvre, inachevée, soit brûlée mais l’empereur s’y oppose et la fait publier.

Le corps du poète fut brûlé et ses cendres déposées à Pouzzole. Aujourd’hui, la tradition veut toujours que son tombeau se trouve à l’entrée de la crypta neapolitana, un de ses tunnels romains dont je vous ai déjà parlé.


Ci-dessous :

– Virgile écrivant l’Énéide entre Clio, la muse de l’Histoire et Melpomène, la muse de la Tragédie, mosaïque du IIIè siècle conservée au musée national du Bardo, Tunis

– le tombeau de Virgile ©http://www.bellanapoli.fr

– la première page du Dernier Troyen, ou l’Enéide en version galactique réalisé avec Thierry Démarez, édition Soleil.

Utopiales 2019

Je serai comme tous les ans et toujours avec autant de plaisir au prochain festival des Utopiales de Nantes. Il se tiendra à la Cité des Congrès du 31 octobre au 3 novembre prochain sur le thème de « Coder/Décoder » puisqu’ « en perçant les codes cryptés dans toutes les pensées, les actions, les réalisations et la chair même de l’humanité,
la science-fiction s’est attachée de tout temps à décoder notre réalité. »

Je serai, bien sûr, là pour discuter avec vous mais aussi participer à plusieurs tables rondes :

– jeudi 31 octobre
10h30 — Scène Shayol : Cryptographie
Conserver des données, transmettre l’information, ne pas la rendre forcément accessible à tout le monde, voilà ce qui pourrait définir l’invention de l’écriture dont l’usage ne s’est répandu que depuis environ deux siècles alors que l’humanité en use depuis un peu plus de 5000 ans. La cryptographie serait-elle une couche de complexité sur ce qui l’était déjà ?
Avec : Éric Gauthier, Laura Fernández, Valérie Mangin Modération : Marion Cuny

– samedi 2 novembre
13h30 — Scène Shayol : L’exercice du pouvoir Combien de romans de science-fiction théorisent la montée des extrêmes et la fin de la démocratie ? La grogne sociale s’est faite mondiale. Manifestations violemment réprimées, surdité étatique aux revendications et rejet des migrations amènent désormais le citoyen à s’interroger sur l’avenir de la démocratie. Celle-ci est-elle devenue un mensonge d’État ? Avec : Valérie Mangin, Guillaume Lavenant, Tade Thompson Modération : Yann Olivier

19h00 — Salle Tardis : L’Antiquité décode le futur
Trois des auteurs de MMCXIX Les futurs des Belles Lettres évoquent comment ils ont travaillé à ce recueil qui célèbre le centenaire de la maison d’édition éponyme, mais aussi, plus généralement, comment les mythes, l’histoire et les thèmes de l’Antiquité sont revisités par la science- fiction et permettent de la décoder.
Avec : Valérie Mangin, Pierre Bordage, Raphaël Granier de Cassagnac
Modération : Vincent Bontems

– dimanche 3 novembre
16h – Scène Hetzel : Léonard de Vinci
Le 2 mai 1519, il y a donc 500 ans, mourrait à Blois le signor Leonardo di ser Piero da Vinci, appelé aussi Léonard de Vinci. Son prénom est devenu synonyme de génie touche à tout, on le retrouve en bande dessinée mais aussi en série télé. De la peinture à l’ingénierie, en passant par la philosophie, hommage à l’incarnation de l’Homme Parfait de la Renaissance.
Avec : Ada Palmer, Stéphane Levallois, Valérie Mangin Modération : Xavier Mauméjean

Et pour découvrir le reste du programme, c’est par ici : Toutes les tables rondes, les expos, les films…

Les Tournesols de Van Gogh

Pourquoi vous montrer les tournesols de Van Gogh aujourd’hui ? Eh bien, c’est un peu tiré par les cheveux 🙂

Ceux d’entre vous qui me suivent régulièrement savent que j’adore les calendriers et les éphémérides. Pourtant il y en a un dont je n’ai encore jamais dû vous parler : le calendrier républicain. On s’en est servi en France seulement de 1793 à 1806.

Les Révolutionnaires l’avaient créé pour rompre avec les traditions monarchiques et catholiques qui prévalaient jusque-là. Ainsi chaque jour, le saint fêté était remplacé par un fruit, un animal, un outil… Par exemple, le 10 octobre n’était plus le jour de la saint Ghislain mais celui… du tournesol.

Et voilà, je tiens mon prétexte pour vous montrer ceux que Vincent van Gogh a peints entre 1888 et 1889. À l’origine, les premiers étaient destinés à la chambre de Paul Gauguin, un ami proche de Van Gogh. On peut les admirer de nos jours dans divers musées américains et européens… sauf celui que je vous montre en premier : « Vase avec cinq tournesols ». Acheté par un amateur japonais, il fut détruit le 6 août 1945 dans un incendie déclenché par un bombardement américain, juste avant la capitulation de Tokyo !

Allez, je vous laisse jouer au jeu des 7 différences maintenant.

Mafalda

Le 29 septembre 1964 apparut pour la première fois la petite Mafalda de l’Argentin Quino.

Travaillant dans la communication, Joaquin Salvador Lavado Tejon, le vrai nom du dessinateur, avait reçu deux ans plus tôt une commande d’une société d’électroménager pour une pub : il devait créer une petite fille mélange de Blondie (comics des années 30 d’Alex Raymond et Chic Young) et de Peanuts (comics de Charles M. Schulz avec Snoopy), et dont le nom commençait par M. La pub ne se fit jamais mais l’héroïne d’« historieta » était née.

L’humour anticonformiste et souvent contestataire de Mafalda allait animer pendant dix ans les journaux de Buenos Aires. Selon la présidente argentine Cristina Kirchner, la petite fille « disait des choses qu’il n’était pas possible de dire à une époque où la parole était muselée », le pouvoir étant sous la coupe des militaires. Le premier à publier Mafalda, Julian Delgado, le secrétaire de rédaction du magazine Primera Plana, mourut d’ailleurs sous la torture en 1978.

Par la suite, les albums de Mafalda furent traduits en vingt langues et,rien qu’en en France, il s’en est écoulé plus de deux millions d’exemplaires.

 

Le Caravage

Le 29 septembre 1571 naissait à Milan un peintre qui m’a beaucoup marquée quand j’ai enfin vu ses œuvres « en vrai » pendant de mon voyage à Rome en 2014: Michelangelo Merisi da Caravaggio.
C’est évidemment son « goût des ténèbres » ainsi que la puissante de son réalisme qui m’ont frappée dans la solitude des galeries muséales ou la pénombre des églises.

Le Caravage connut un énorme succès dès les années 1600. Mais, en 1606, déjà bien connu de la justice du pape pour sa violence et ses excès, il tua un adversaire en duel. Il dut alors quitter Rome pour le sud de l’Italie et Malte. Il ne revint jamais dans la capitale italienne et mourut seulement quatre ans plus tard en Toscane toujours poursuivi par sa mauvaise réputation d’homme violent.

Elle lui valut d’être négligé par l’histoire de l’art jusqu’au début du XXè siècle, fait curieux autant qu’injuste vu l’influence qu’il eut sur de nombreux artistes postérieurs de Georges de La Tour (Post FB ) à Jacques Louis David dont « La Mort de Marat » s’inspire de la mise au tombeau conservée au Vatican et bien d’autres.

 

La reddition de Vercingétorix

Le lendemain de la défaite d’Alésia, le 27 septembre 52 av. J.-C., Vercingétorix se rend à César ou lui est livré après un échange diplomatique. Selon la légende, c’est un acte de « devotio » : il offre sa vie en échange de celle des autres survivants, qui seront effectivement épargnés par César.

Longtemps négligé par les historiens français qui s’intéressent peu aux Gaulois, Vercingétorix n’est « redécouvert » qu’au XIXè siècle. Sous la Troisième République, il devient un héros national, celui qui résiste envers et contre tout à l’envahisseur et qui finit par se sacrifier à un vainqueur cruel et vindicatif. Il faut dire qu’on est juste après la défaite de 1870 face à l’Allemagne.

C’est cet esprit nationaliste qui anime la grande peinture de l’époque et le fameux tableau de Lionel Royer (ci-dessous). Aujourd’hui, on envisage le personnage avec plus de recul mais il reste une figure populaire qui apparaît à la télévision, dans les jeux vidéo ou, bien sûr la bande dessinée.


Ci-dessous :
– Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César, de Lionel Royer, 1899, musée Crozatier du Puy-en-Velay.
– Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César, de Jacques Martin dans Alix, Le Le Sphinx d’or, 1956.
– Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César, d’Uderzo et Goscinny dans Astérix, Le Bouclier arverne, 1968.

La Hyène de Géricault

Le 26 septembre 1791 naquit à Rouen le peintre romantique Theodore Gericault. C’est, bien sûr, l’auteur du fameux Radeau de La Méduse. Mais c’est un autre tableau que je vous montre aujourd’hui : La Monomane de l’envie ou La Hyène de la Salpêtrière.

Il s’agit de l’un des cinq portraits de fous que Géricault réalise vers 1819-1820.
L’idée de soigner les malades mentaux est alors toute récente : c’est seulement depuis la Révolution qu’on ne les enferme plus en prison mais dans des hôpitaux comme la Salpétrière. Son médecin-chef, Jean-Estienne Esquirol vient d’ailleurs tout juste de définir la « monomanie » comme une fixation psychique et obsédante d’un malade sur un objet unique. C’est peut-être lui qui commande ce portrait de femme à Géricault, pour le montrer en amphithéâtre à ses élèves et illustrer ses travaux.
Une deuxième théorie veut que le tableau ait été commandé au peintre… pour le guérir de sa propre dépression par son médecin, Étienne-Jean Georget, un autre psychiatre de la Salpétrière.
En fait, on ne saura sans doute jamais ce qui a pu réellement motiver Géricault, mais le résultat est là : je suis sûre que vous aurez bien du mal à oublier ce regard maintenant.

A voir en vrai au Musée des Beaux-Arts de Lyon.

La chute d’Alésia

C’est traditionnellement le 26 septembre 52 av. J.-C. qu’on situe la fin d’une des grandes batailles de l’histoire de France qui est aussi une des batailles les plus importantes de la série Alix: le siège d’Alésia.

Arrivé en Gaule en 58, César en contrôle la majeure partie quand Vercingétorix se révolte contre lui au début de l’année 52. Malgré sa victoire de Gergovie, le chef arverne finit encerclé dans l’oppidum d’Alésia, l’actuelle Alise-Sainte-Reine, au début de l’été.

Fin septembre, une puissante armée de secours vient enfin tenter de le délivrer mais elle subit plusieurs revers. Le 26 septembre, Vercassivellaunos, un cousin de Vercingétorix, prend la tête des meilleures troupes gauloises et se lance dans ce qui va être la bataille décisive.

Les Romains, attaqués par ces hommes mais aussi par les assiégés qui tentent une sortie, commencent à perdre pied. Mais César ne cède pas et il a une bonne idée tactique : au lieu de demander à toute sa cavalerie germaine d’aller au secours des Romains les plus en difficulté, il en envoie la moitié attaquer l’ennemi à revers.

Surpris, les Gaulois de l’armée de secours paniquent. Beaucoup essaient de s’enfuir et sont massacrés par les Germains. Vercassivellaunos est capturé. Voyant ce désastre, Vercingétorix ne peut plus d’ordonner le repli de ses propres guerriers. C’est la fin du dernier espoir gaulois.

Ci-dessous :
Un vétéran de l’armée de secours gauloises raconte la dernière bataille dans “Vercingétorix”, Alix, par Jacques Martin, éditions Casterman.