Jhen à Bayeux

Depuis Abyme, j’avais de nouveau envie de raconter une histoire au cœur de ma bonne ville de Bayeux. Alors quand Casterman m’a proposé d’écrire une aventure de Jhen, le Alix du Moyen-âge, je n’ai pas hésité longtemps. C’était « oui » mais à condition qu’il se déroule chez moi, à l’ombre de la cathédrale Notre Dame et de sa tapisserie de la reine Mathilde. Heureusement pour moi, et Casterman et le dessinateur Paul Teng ont été d’accord.

Voici donc une première case du Conquérant, le futur tome 17 des aventures de Jhen, à paraître l’an prochain. Vous voyez, rien ne sera épargné au héros.

Publié le Catégories Bande dessinée, Histoire médiévale, Jhen
Partager LinkedIn

Pharsale

Le 9 août 48 avant Jésus-Christ, Pompée perd la guerre civile contre César. Celui-ci a déjà franchi le Rubicon et marché sur Rome. Il a aussi déjà défait les meilleures légions de son adversaire en Espagne. Il ne reste plus au futur dictateur qu’à poursuivre Pompée en Grèce où il s’est réfugié.

Mais ne croyez pas que ce dernier soit vaincu d’avance. Toujours soutenu par le Sénat romain, il est parvenu à rassembler plusieurs dizaines de milliers hommes, à remporter une première victoire sur César près de Dyrrachéion (Albanie actuelle) et à le contraindre à se replier. De plus, il est opportunément rejoint par le gouverneur de Syrie et ses deux légions.

Bref, quand Pompée installe son camp près de Pharsale (nord-est de la Grèce), la victoire finale est clairement à sa portée. Il dispose de 45 000 soldats dont 7 000 cavaliers quand César ne peut aligner que 22 000 hommes dont 1 800 à cheval. Mais, malheureusement pour Pompée, son adversaire comprend d’emblée, rien qu’en observant son ordre de bataille, quelle tactique il compte employer et il prend immédiatement les mesures nécessaires pour la contrer. Surpris, les cavaliers pompéiens prennent la fuite peu de temps après l’engagement. Les soldats de César commencent alors à décimer les frondeurs et les archers ennemis avant de prendre le gros des soldats à revers. Deux des légions de Pompée doivent très vite se replier. C’est la fin. Progressivement, toute l’armée pompéienne perd pied et se fait massacrer en tentant de prendre la fuite.

Pendant ce temps, l’imperator est retourné dans son camp et a ordonné à ses gardes de le défendre coute que coute. Cela ne suffit pas. César finit par s’en emparer. Pompée a juste eu le temps de prendre une nouvelle fois la fuite. Il se réfugiera en Égypte où il sera assassiné dès son arrivée par des conseillers du pharaon voulant faire plaisir à son adversaire.

Il est difficile de savoir combien de victimes, la bataille de Pharsale aura fait exactement. César racontera qu’il n’a perdu que 230 soldats contre 15 000 pour Pompée dont 20 sénateurs et même un ancien consul. A l’en croire, le dictateur aurait aussi fait 24 000 prisonniers et surtout pris 180 enseignes et 9 aigles de légion.

Pompée par Thierry Démarez

Août comme Auguste

Le mois d’août tire son nom de celui de l’empereur Auguste, c’est la contraction d’ « Augustus mensis ».
Il n’est pas le premier à avoir eu cet honneur. Dès 44 avant Jésus-Christ, Marc Antoine avait fait renommer le mois de « quintilis », en « julius », notre juillet, en l’honneur du dictateur mort. César était né pendant ce mois. De plus, les mois précédents de « ianuarius » à « junius » portait « déjà » des noms de divinités.
Il faut dire que César avait été un grand réformateur du calendrier romain. Il avait bien conservé les douze mois républicains mais il avait fixé le début de l’année au 1er janvier (et non plus au 1er mars), instauré le principe des années bissextiles tous les 4 ans et adapté le nombre de jours des mois pour que le calendrier se cale sur l’année solaire de 365,25 jours (365,2422 en fait ce qui amènera une autre réforme de notre calendrier occidental au 16è siècle).
Mais la réforme césarienne fut mal appliquée à Rome. Les pontifes intercalèrent un jour supplémentaire tous les 3 ans au lieu de tous les 4 ans. Auguste dut faire corriger leur erreur en omettant plusieurs années bissextiles. Ce fut l’occasion pour le Sénat de prouver son attachement à l’empereur en donnant son nom au mois de « sextilis » suivant le mois de « julius », comme Auguste avait suivi César. La flatterie était sophistiquée.
D’autres empereurs tentèrent bien de changer aussi le nom des mois : Néron renomma « aprilis » en « neroneus » par exemple. Mais aucune de ces nominations ne leur survécut.
Ci-dessous :
Portrait d’Auguste de Méroé, 29-20 avant J.-C., Bronze, calcite et verre (yeux). Londres, The British Museum © The British Museum.

Moi, Jeanne d’Arc : une Jeanne sorcière et féministe

La Jeanne d’Arc dont Jeanne Puchol et moi vous parlerons demain mardi et après-demain sur France Culture est très particulière : c’est une Jeanne sorcière (oui, les Anglais avaient raison…) et féministe.
Je m’étais expliquée de ces choix très particuliers dans la préface de l’album. Je vous la remets ici :

” Ecrire une Jeanne d’Arc en 2010 est devenu risqué : le personnage historique a complètement disparu derrière la figure patriotique célébrée chaque 1er mai par le Front national. On se trouverait facilement suspecté d’être un sympathisant du même parti. C’est oublier bien vite que Jeanne a longtemps été un symbole de gauche : celui de la fille du peuple abandonnée par le roi de France puis martyrisée par l’Eglise.

Alors Jeanne, vierge en armure ou victime des puissants ? A mon sens, aucune des deux. Dans Moi, Jeanne d’Arc, j’essaie de montrer un troisième visage de la Pucelle d’Orléans, celui d’une femme libre et émancipée qui choisit son destin, fût-ce au prix de la pire mort qui soit. Après tout, la Jeanne historique refusa le choix offert à son époque à toutes les jeunes filles : devenir épouse et mère ou religieuse. Au contraire, elle devint chef de guerre. Encore aujourd’hui beaucoup sont surpris de voir une femme s’accomplir dans l’armée. Les clichés sur la douceur et la sensibilité féminine ont la vie dure.

Mais pourquoi avoir fait de Jeanne d’Arc une sorcière ? Sans doute un peu pour énerver les tenants extrémistes de sa sainteté tardive, je le confesse. Mais surtout pour donner des racines à ses choix de vie, les inscrire dans une culture féminine à la fois riche, fertile et totalement en marge de la société. Ce n’est pas pour rien que l’une des premières revues féministes s’est intitulée Sorcières. Devenir l’une de ces magiciennes, c’est à la fois rompre avec le rôle traditionnel de la femme et s’affirmer comme femme avant tout. J’ai beaucoup de sympathie et d’admiration pour celles qui ont relevé ce défi. Et je serais fière qu’on me fasse des procès en sorcellerie pour cet album. ”

Ci-dessous la première page de l’album “Moi, Jeanne d’Arc“, éditions Des ronds dans l’O.

 

La canicule, cette petite chienne

Un curieux vient de me demander si le mot « canicule » avait un rapport avec « canis », le chien en latin. Eh bien oui.

« Canicula » est le diminutif féminin de « canis », cela veut dire littéralement « petite chienne ». Depuis le 1er siècle avant Jésus-Christ, les Romains nomment ainsi l’étoile Sirius qui fait partie de la constellation du Grand Chien.

En Europe, « Canicula » se lève et se couche en même temps que le soleil entre le 24 juillet et le 24 août. Les savants de l’Antiquité ont donc fait très tôt le rapprochement entre ces mouvements de l’étoile et la venue des grandes chaleurs.
Pline l’Ancien écrit ainsi dans son Histoire Naturelle : « Quant à la Canicule, qui ignore que, se levant, elle allume l’ardeur du soleil ? Les effets de cet astre sont les plus puissants sur la terre : les mers bouillonnent à son lever, les vins fermentent dans les celliers, les eaux stagnantes s’agitent. Les chiens aussi sont plus exposés à la rage durant tout cet intervalle de temps ; cela n’est pas douteux. »
A la suite des savants, les poètes férus d’astronomie reprennent le motif de la canicule et de ses conséquences néfastes dans leurs vers. Horace parle même de « la rouge Canicule qui fera éclater les muettes statues ».

Pour contrer cette calamité estivale, une seule solution est alors proposée : sacrifier des chiennes rousses lors de la fête de l’Augurium canarium.

Ci-dessous, des chien.ne.s roux.sses qui n’ont rien de romain.e.s mais que j’ai trouvés mignon.ne.s. (La prochaine fois, je fais un article en rapport avec les chatons… ou les pandas…)

Jeanne d’Arc sur France Culture

Avis à la population !

Les 7 et 8 août prochain, vous pourrez m’entendre ainsi que Jeanne Puchol vous parler de notre sorcière bien aimée, de Moi, Jeanne d’Arc,  dans la Grande Traversée, l’émission estivale de France Culture diffusée de 9h à 11h et de 22h à minuit.

Notre interview commune sera diffusée dans le cadre des émissions consacrées à “Jeanne d’Arc, une rencontre ” du 6 au 10 août.
Nous participons à l’épisode 2 : l’âme de Jeanne, et l’épisode 3 : Jeanne de fer.

Pour en savoir plus l’album, vous pouvez bien sûr aller sur la page dédié de ce site mais aussi sur celui de notre éditeur Les Ronds dans l’O ici : Moi, Jeanne d’Arc

 

 

Hercule et l’adjudant Gerber

Vous l’avez échappé belle. Je suis tombée hier soir sur une scène des Gendarmes de Saint-Tropez dans laquelle l’adjudant Gerber (Michel Galabru) se rêve en légionnaire romain soumettant des esclaves blondes et dociles (!), mais je n’ai pas trouvé d’images suffisamment définies pour vous le montrer ici aujourd’hui.
Pour compenser ma frustration, voici l’affiche d’Hercule, terreur des Barbares, sorti en 1959 qui se situe dans le même esprit. Mais, bon, là c’est Steve Reeves qui endosse le pagne du héros.