Fdj : Rosa Bonheur

Rosa Bonheur photographiée par Eugène Disdéri en 1865

Le 16 mars 1822, naissait à Bordeaux la future peintre et sculptrice Rosa Bonheur. Spécialisée dans la peinture animalière, elle connut un très grand succès de son vivant. Dès 1856, elle n’eut même plus besoin d’exposer au Salon : toutes ses œuvres étaient vendues d’avance. Les amateurs spéculaient déjà sur elles et certaines partirent jusqu’aux États-Unis.

Le Marché aux chevaux (1853), New York, Metropolitan Museum of Art.

En 1867, Rosa Bonheur, devenue riche, fut même la première femme artiste à recevoir la légion d’honneur. L’impératrice Eugénie la lui donna en personne. Elle voulait montrer que « le génie n’avait pas de sexe ». Cependant, la peintre ne fit jamais l’unanimité. De nombreux critiques lui reprochèrent son indifférence pour les courants artistiques qui modernisèrent la peinture de son époque. Ils en firent le symbole du conservatisme tant pictural que politique.

Labourage nivernais (1849), Paris, Musée d’Orsay.

Pourtant, si Rosa Bonheur fut effectivement très conservatrice sur bien des aspects, elle mena une vie de femme bien en avance sur son temps. Elle refusa obstinément de se marier pour garder son indépendance financière autant que par désintérêt envers les hommes. Mais elle ne vécut pas seule pour autant. Quoique niant toute homosexualité (on est au XIXe siècle), elle s’installa avec deux compagnes successives, peintres comme elle. Ensemble, elles organisèrent la diffusion des leurs œuvres sous forme d’estampes, organisèrent un atelier de production et développèrent tout un « marketing » autour de Rosa et de ses tableaux.

Permission de travestissement accordée par la préfecture de police à Rosa Bonheur en 1857

En 1889, lors de l’Exposition universelle de Paris, elle se lia même à Buffalo Bill et partit à Chicago en 1893 où elle rencontra également le succès.

Portrait de Buffalo Bill (1889), Cody (Wyoming), Whitney Gallery of Western Art Collection.

Elle mourut d’une congestion pulmonaire six ans plus tard, laissant derrière elle plus de 2 100 œuvres. Elles sont aujourd’hui dispersées dans des musées du monde entier mais on peut encore visiter l’atelier de l’artiste dans son château de By, près de Paris.

Les Ides de mars 2020

Bon les amis, c’est aujourd’hui les ides de mars… Je sais bien que vous avez d’autres choses à penser vu l’actualité. Moi aussi et c’est pourquoi vous avez pu constater que mes statuts portraits ou autres se faisaient plus rares ces temps-ci.

Mais, pour conserver un lien avec l’Histoire, le peplum, l’Art et tout ce qui n’est pas justement dans l’actualité immédiate, voici “La Mort de César” par Jean-Léon Gérôme (1859-1867, Walters art museum).

Bon courage à tous.

Les Ides de Mars

Au matin des ides de mars 44 avant Jésus-Christ, Jules César, mon dictateur perpétuel préféré, était assassiné de 23 coups de couteau par une conjuration de sénateurs au pied de la statue de Pompée, son meilleur ennemi.

Menés par Marcus Junius Brutus et Caius Cassius Longinus, ces grands aristocrates romains s’opposaient à la dérive autocratique de César. Ils ne se rendaient pas compte que leur défense désespérée de la République romaine traditionnelle allait relancer les guerres civiles et surtout ouvrir la voie au petit-neveu de César, le futur Auguste.

J’ai toujours voulu représenter ce tragique événement dans une de mes BD. Cela paraissait difficile dans Alix Senator qui se déroule une trentaine d’années après. Mais j’ai trouvé une solution dans la lignée de Jacques Martin. Ne pouvant raconter directement l’aventure de Spartacus, il consacre un album à son fils où un ancien révolté évoque ses souvenirs de la guerre servile. Dans Alix Senator, j’imagine donc que Césarion a survécu à la chute de l’Égypte, complote contre Auguste et connaît la même fin tragique que son père supposé.

Ci-dessous, la mort de Césarion dans Alix Senator, tome 3 : La Conjuration des Rapaces.

M’enfin !

Le 28 février 1957, un nouvel (anti-)héros arrive dans le n°985 du Journal de Spirou : Gaston.

Dessiné par André Franquin, il a été annoncé les semaines précédentes par de mystérieuses traces de pas dans les marges du journal. S’il porte alors le costume et le nœud papillon, il prend le look décontracté qu’on lui connaîtra jusqu’à la fin de la série dès le 15 mars.

Pourtant, il faut attendre le 25 avril pour que Fantasio, l’ami de Spirou qui est aussi le secrétaire de la rédaction fictionnel du journal, explique sa venue : Gaston ne se souvient plus de qui l’a embauché mais il est sûr que c’était pour un emploi de « héros de Bande Dessinée ». Malheureusement, personne ne se rappelle non plus avoir pensé à lui pour l’intégrer dans une des séries du journal.

Gaston est donc le premier « héros sans emploi » de l’histoire de la Bande Dessinée. Par défaut, il finit par intégrer le service courrier de la rédaction du journal. La multitude ses gaffes finira par lui valoir un nom de famille et… ravir les lecteurs: Gaston connaîtra les joies de l’album dès 1960. Franquin n’arrêtera sa série qu’en 1991.

 

Caesar, l’ancêtre de Milou

En faisant de petites recherches sur Jules César sur des pages en anglais – oui, chacune ses vices -, je suis tombée, tenez-vous bien… sur un ancêtre de mon fidèle Milou. Il s’appelait « Caesar » lui aussi et appartenait, non à la famille impériale romaine, mais à celle des rois d’Angleterre.

C’est l’historien des animaux – et des couleurs – Michel Pastoureau qui en parle : Caesar, le fox-terrier à poil dur blanc du roi Édouard VII, l’arrière-grand père de la reine Élizabeth II pour ceux qui regardent The Crown comme moi, aurait peut-être inspiré Hergé.

Mais qui était vraiment Caesar ? Wikipédia  – oui, il a sa page, comme tous les habitants successifs de Buckingham Palace –  nous apprend que Caesar est né en 1898 de Cackler of Notts et qu’il fut offert par lord Dudley au roi en 1902. Son prédécesseur, Jack, venait tout juste de s’étouffer avec de la nourriture. Oui, c’est dur dur d’être chien royal.

Caesar disposait d’ailleurs de son propre valet de pied et pouvait dormir sur un fauteuil près du lit du roi. Celui-ci lui passait tous ses caprices. Il lui pardonna même d’avoir tué les lapins des filles de lord Redesdale.

Après la mort d’Edouard VII en 1910, Caesar fut inconsolable jusqu’à ce que la reine Alexandra lui donne ses friandises favorites. Rasséréné, il participa au cortège funèbre directement derrière le cercueil du souverain au grand dam du nouveau roi George V et du kaiser Guillaume II qui n’avaient pas l’habitude marcher derrière qui que ce soit… Ce fut l’heure de gloire de Caesar.

Caesar survécut encore quatre ans à son maître. Il resta dans la maisonnée royale jusqu’à ce qu’une opération l’emporte en avril 1914. Heureusement, Milou est éternel, lui.

Le Buste de Néfertiti

Le buste de Néfertiti est au Neues Museum de Berlin ce que la Joconde est au Louvre. Un million de touristes s’extasient chaque année devant lui, comme si le reste des salles étaient vides. Pourtant, cette statue est l’objet de violentes controverses qui ne sont pas près de s’éteindre.

© Magnus Manske

Elle est censée représenter Néfertiti, la grande épouse royale – c’est-à-dire l’épouse principale – du pharaon Akhénaton, encore célèbre de nos jours pour avoir voulu imposer à l’Égypte le culte d’un dieu solaire unique. On ne sait quasiment rien d’autre de Néfertiti excepté qu’elle eut six filles.

Son buste fut trouvé en décembre 1912 par une équipe allemande dirigée par l’archéologue Ludwig Borchardt. Les hommes fouillaient alors ce qui était peut-être l’atelier de son créateur, le sculpteur Toutmôsis, dans les ruines d’Akhetaton, la capitale créée de toutes pièces par Akhénaton vers – 1360 et qui fut désertée après sa mort.

Dès 1913, le buste rejoignit Berlin. Il n’a plus quitté l’Allemagne depuis au grand dam des Égyptiens qui s’estiment, à juste titre, spoliés d’une de leurs plus belles antiquités. Ils la réclament en vain depuis 1924. Les Allemands refusent en élevant toujours plus d’arguments juridiques et en mettant en avant que la sculpture est trop fragile pour voyager. Ils avancent aussi cet argument pour refuser tout prêt à l’Égypte. Néfertiti n’a même pas été présente lors de l’inauguration du Grand Musée égyptien du Caire en 2012. On le voit, la question de la restitution des œuvres d’art pillées par les Occidentaux pendant l’époque coloniale est encore très loin d’être réglée.

Tout aussi grave, une autre querelle agite depuis 2009, les milieux archéologiques : et si le buste était carrément un faux ? C’est la théorie défendue par l’historien de l’art, Henri Stierlin dans Le Buste de Néfertiti : Une imposture de l’égyptologie ?. Il soutient que Borchardt aurait sculpté Néfertiti pour tester des pigments antiques qu’il aurait découvert et tenter de restituer une statue ancienne. Mais, le jour de la visite de son chantier par Jean-George de Saxe, jour officiel de la « découverte » de la statue, les deux filles du prince restèrent bouche bée devant sa beauté. L’archéologue n’osa alors pas leur dire la vérité et laissa tout le monde croire qu’il s’agissait d’une véritable antiquité.

Pour soutenir sa thèse, Stierlin fait valoir que Borchardt s’opposa pendant onze ans à toute exposition du buste dans un musée allemand. De plus, plusieurs éléments de la statue constituent des hapax, des occurrences uniques, dans tout le corpus archéologique égyptien – les épaules absentes par exemple. D’ailleurs, si les pigments colorés viennent bien de l’Égypte ancienne, le cœur de calcaire de Néfertiti n’a jamais été soumis à aucune méthode scientifique de datation.

Bref, le mystère reste entier.

Exposition Alix à Versailles

Si vous avez raté l’exposition “Alix, l’art de Jacques Martin” à Angoulême et à Bruxelles, il est encore temps de vous rattraper. Elle se tient désormais du 19 février au 19 avril, Espace Richaud à Versailles.

Vous pourrez y retrouver les centaines d’originaux déjà visibles lors des deux précédentes présentations mais d’autres pages dues aux continuateurs d’Alix dont, bien sûr, des pages de Thierry Démarez sur Alix Senator et Marc Jailloux sur Alix.

Alix Senator 10 premium : la Guerre des Gaules

Début avril prochain, vous pourrez découvrir la version premium de “La Forêt carnivore” en même temps que sa version classique. Le dossier civilisation parlera cette fois de “La Guerre des Gaules, une conquête pour la gloire” avec César et Vercingétorix en guest stars.

C’est d’ailleurs le chef arverne que vous pouvez voir sur la statère – la pièce de monnaie antique – qui illustre la première page du dossier. Son apparence est très différente du cliché du Gaulois avec les cheveux longs et une imposante moustache. En fait, il ressemblerait plus à l’idée qu’on se fait d’un jeune Grec du 1er siècle avant notre ère.

Il y a au moins deux explications possibles à cela. D’une part, les Gaulois de l’époque, surtout ceux du sud de la Gaule comme les Arvernes, étaient depuis longtemps en contact avec les Grecs – et les Romains – et avaient subi leur influence. Il n’est pas impossible que Vercingétorix ait été imberbe et ait porté les cheveux courts. Certains pensent même qu’il avait été auxiliaire des Romains avant sa révolte et portait la toge à l’occasion…

D’autre part, les monnaies gauloises de l’époque s’inspiraient presque toutes des mêmes modèles : les pièces d’or frappées par le roi Philippe II de Macédoine* à l’effigie du jeune dieu grec, Apollon. Des Gaulois avaient été au service du souverain comme mercenaires et avaient ramené ensuite des monnaies grecques chez eux. Sur la statère ci-contre, les Arvernes ont donc simplement pu garder le visage d’Apollon et se contenter d’identifier leur chef par son nom gravé en dessous.

Exemple de statère de Philippe II de Macédoine à l’effigie d’Apollon

* Philippe II de Macédoine : est un roi du IVe siècle avant notre ère, père d’Alexandre le Grand. Il a notamment soumis des cités grecques comme Athènes ou Thèbes et préparé l’expédition contre les Perses que son fils mènera après sa mort.

 

Départ du Comité de sélection du festival d’Angoulême

Cette fois c’est la bonne 🙂
Après quatre années consécutives passées dans les Comités de sélection du festival d’Angoulême, je vais laisser ma place à un nouvel auteur.

Ces quatre années, aussi intenses que passionnantes tant du point de vue humain qu’artistique, ont constitué une expérience que je ne suis pas prête d’oublier.

Un très grand merci à Stephane Beaujean et à tous les autres membres des comités pour tous ces moments forts passés ensemble.