La dédicace, saison 127, épisode 53

Milou est revenu tout joyeux de la boîte aux lettres ce matin. Pour une fois, il n’avait pas à transporter les piles de livres du Comité de sélection Série d’Angoulême mais juste une grande enveloppe. En plus, c’était une enveloppe envoyée par une lectrice. C’est très rare !

J’ai donc ouvert avec une certaine curiosité, voire une certaine joie… La lectrice, on va l’appeler Florence Dupont, me demandait une dédicace pour son père à l’occasion de son anniversaire. Comme c’est gentil ! J’ai bien failli dire « oui ».

Mais Milou m’a arrêtée juste à temps. Il a flairé le piège dès qu’il a vu que la lettre était adressée à « madame Bajram ». Bon, à part la pâtissière quand je viens commander une tarte aux pommes, personne ne m’appelle comme ça. Surtout pas mes lecteurs : il y a écrit « Valérie Mangin » sur tous mes albums, ce n’est pas pour rien. Aaah là là… Je vous passe le laïus sur le fait d’être encore ramenée à être la femme de mon mari après des années dans la BD et des dizaines d’albums parus.

Je continue donc la lecture. Florence est « désolé » dès la première ligne. Oui, au masculin. Curieux. Autre curiosité, elle signe à la fin de son courrier « Melle Dupont ». Déjà quand j’étais ado, plus aucune fille de 15 ans ne signait comme ça. Ou alors, je suis passée au travers de la dernière mode réactionnaire ? Ou alors plus sournois, ce n’est pas Florence mais son papa qui écrit ? Le fameux grand fan de mes albums ?

Enfin, de mes albums… et de ceux de Denis aussi. D’ailleurs « Florence » a bien pris soin de joindre deux feuilles blanches à son courrier. Des fois que monsieur Mangin veuille lui faire un petit dessin sans doute ?

Milou a bien eu raison d’être méfiant. Plus je lis la lettre, plus j’ai l’impression que « Florence » est un homme et qu’il a juste cherché à se servir de ma présupposée gentillesse féminine pour avoir une dédicace de Denis. En clair, « Florence » ne serait-elle pas en train de me prendre pour une idiote ?

Peut-être que je me trompe et que c’est juste de la paranoïa… Dans ce cas, je m’excuse auprès de « Florence ». Mais j’en ai déjà tellement vu avec les collectionneurs de dédicace que je ne peux plus me montrer naïve.

D’ailleurs, maintenant que j’y pense, comment « Florence », qui qu’elle soit, a-t-elle eu mon adresse ? Denis et moi avons toujours veillé à protéger notre sphère privée. Nous sommes donc sur liste rouge et avons toujours demandé à nos proches et collaborateurs de ne pas divulguer téléphone et adresse. Apparemment quelqu’un s’est cru autorisé à le faire…

Inutile de dire que je ne répondrai pas à « Florence ». Je vais plutôt aller chercher une sucrerie pour récompenser Milou.

Publié le Catégories Actualités personnelles, Événements, Séance de dédicace
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« Bonjour, cordialement, votre correspondant à l’Agessa »

Amis auteurs, amies autrices, vous le savez, contacter l’Agessa, notre sécurité sociale, tient souvent de la quête initiatique. Le 1er juin dernier, je me sentais une âme d’aventurière, alors je me suis donnée pour mission d’éclaircir un des grands mystères de l’univers : Comment toucher la « mesure de soutien » au pouvoir d’achat des artistes auteurs pour l’année 2019 ?

Vous le savez si vous parcourez régulièrement nos murs : cette mesure de compensation de la hausse de la CSG, enfin proposée fin 2018, est logiquement prolongée pour cette année. Mais impossible, en fouillant sur le site de l’Agessa, de trouver quoi que ce soit à ce sujet. Qu’importe, le bouton « nous contacter » est là pour ça. Formidable, on me promet de me répondre dans les plus brefs délais.

La réponse de l’Agessa est enfin arrivée le 17 juin, plus de deux semaines après. Il faut savoir être patient quand on part en quête. Patient et ouvert à la surprise aussi.

Comment ça je ne suis pas à jour de mes cotisations ? Alors que j’ai opté depuis des années pour le prélèvement automatique ? En plus, en avril encore, j’avais reçu un échéancier me confirmant que j’avais bien choisi ce mode de paiement.

Je dois dire que je n’avais pas vérifié si les prélèvements avaient bien été effectués. Pour la bonne et simple raison que ça se passe sans problème depuis des années. Quand on choisit la méthode automatique, c’est bien pour ne plus avoir à y penser, non ?

Ensuite, comme est-il possible qu’un prélèvement bancaire ne passe pas sans que l’Agessa ne nous le signale clairement ? Ma banque m’aurait signalé, elle, le moindre accident. C’est donc un problème de prélèvement du côté de l’Agessa. Oubli ? Incident technique ? Changement lié aux réformes ? Comment pourrais-je le savoir sans aucune communication de leur part ?

En plus, pourquoi, s’il y a un retard de payement de plusieurs mois, ne recevons-nous aucun message de relance ? Un courrier, un petit email, ou au moins une alerte claire sur le site ? Pourquoi le prélèvement n’est-il tout simplement pas relancé ? C’est quoi l’idée ? De laisser ça trainer, sans rien nous dire, puis d’envoyer le dossier pour recouvrement à l’Urssaf, avec les surcoûts pour l’auteur qui l’accompagnent ?

J’en ai discuté avec Denis, mon époux. On s’est aperçu qu’il était exactement dans la même situation que moi. C’est donc que l’Agessa n’a pas lancé les prélèvements automatiques de février et mars 2019 pour beaucoup d’auteurs, peut-être même pour tous. Denis s’étonne de suite que l’Agessa n’ait pas eu idée d’en informer et de relancer sérieusement les auteurs concernés, puisque le problème vient d’elle. Il faut dire que Denis connaît bien les problèmes liés à la sécurité sociale des artistes-auteurs, en tant que fondateur du SNAC BD et vice-président de la Ligue des auteurs professionnels.

Nous rédigeons donc un nouveau courrier ensemble :

Bon, soyons honnêtes, nous espérions créer une petite inquiétude à l’Agessa. La réponse fut en effet ultra-rapide, une semaine d’attente seulement ! Et je dois dire que cette réponse fut magique, à la hauteur de toute cette histoire :

Je vous le confirme, il n’y a pas de problème technique, la capture d’écran ci-dessus est bien complète.

Si. Vraiment.

Je vais réécrire à l’Agessa, parce que j’aime l’aventure, j’aime les quêtes impossibles, j’ai une foi inébranlable dans l’humanité. Mais j’ai quand même pris mes précautions et réglé par carte bleue sur le site les échéances non prélevées. J’ai aussi supprimé le prélèvement automatique, puisque c’est devenu n’importe quoi. On ne sait jamais, avec un tel talent, l’Agessa pourrait me prélever 5 000 euros en plaçant mal une virgule.

Avec la Ligue des auteurs professionnels, nous avons aussi décidé de rendre cette histoire publique. Si l’Agessa est incapable d’informer les assurés sociaux de ses erreurs, comme nous le lui avons demandé, il faut bien que nous, auteurs, le fassions à sa place.

 

Un mystérieux paquet du Japon

Milou vient de me rapporter un mystérieux paquet en provenance du Japon !

La bataille des Champs catalauniques

Le 20 juin 451, le patrice des Romains Flavius Aetius mettait fin à la chevauchée destructrice d’Attila en Gaule au Cahmps catalauniques.

On est loin des batailles traditionnelles comme Carrhes dont je vous ai parlé il n’y a pas longtemps. Ici sont face à face des combattants issus des peuples vaincus par les Huns (Ostrogoths, Ruges, Gépides…) contre, non pas des légions romaines, mais des milices hétéroclites rassemblées autour d’une troupe d’Alains et surtout de l’armée des Wisigoths alliés de Rome. Certains auteurs ont parlé de lutte fratricide entre peuples des steppes.

Les pertes furent sans doute très lourdes. L’historien espagnol Hydace, qui n’avait pas peur d’exagérer, parle même quelques années plus tard de 300 000 morts.
Quoi qu’il en soit, le répit fut de courte durée pour Rome: Attila revint en Occident dès l’année suivante et… attaqua directement l’Italie.

Seule sa mort délivra l’empire de sa menace en 453. Aetius ne lui survécut pas longtemps. Trop riche, trop populaire et devenu inutile à la disparition du roi hun, il fut poignardé de la main de son propre empereur, Valentinien III, en 454.

J’ai raconté ou plutôt réinventé cette histoire sous la forme d’un space opera. C’était dans le Fléau des Dieux avec Aleksa Gajic . Le rôle d’Aetius, sous le casque doré, était tenu par une jeune femme Flavia Aetia.
Voici deux des pages qui illustrent les Champs catalauniques dans le tome 4 dans la série parue aux Éditions Soleil.

La pilule ne pullule plus

Rions un peu. Il y a quinze jours, je passe à la pharmacie pour obtenir une boîte de pilules contraceptives. Je prends la Daily Gé depuis des années sans problème. Mais là, pas de chance, elle n’est plus disponible. Ni elle, ni la Trinordiol dont c’est la version générique, ni aucune autre de la même gamme. Ça fait déjà quelques mois et le pharmacien est incapable de me dire pourquoi. Tout le monde est désolé mais personne n’a l’air de savoir ce qui se passe. Mystère mystère…

La conclusion de cette conversation de comptoir de pharmacie est que je dois reprendre rendez-vous chez mon médecin. Eh, oui, le pharmacien ne peut pas me vendre une autre pilule sans nouvelle ordonnance. Ma brave dame, ce n’est pas anodin médicalement de changer de pilule. Heureusement, je ne m’y prends jamais à la dernière minute et il me reste deux plaquettes, soit deux mois sans risque de devoir faire ceinture, comme disaient nos grand-mères.

Heureusement aussi, mon docteur est relativement disponible et j’obtiens ce fameux rendez-vous une semaine après. Je passe vite sur ce temps perdu alors que j’ai beaucoup de travail en ce moment. Mon médecin est très aimable comme d’habitude. La raison de ma visite ne le surprend pas. La Trinordiol est loin d’être le seul médicament à être en rupture. En ce moment, il doit aussi faire face à un manque de cortisone, me confie-t-il. Bref, Dr House m’examine, me confirme que je vais très bien et cherche un substitut à la pilule manquante. Il finit par me prescrire à la place la Triafemi. Je vous passe les détails mais c’est une pilule de troisième génération alors que la Trinordiol était de deuxième génération. C’est donc un peu différent et je peux ne pas la supporter aussi bien que je supportais la précédente. Je ne fume pas, ce qui aurait été un facteur aggravant, mais j’ai plus de 35 ans. Bref, si jamais je ressens le moindre effet secondaire, il faut que j’arrête la prise. Tout de suite. Il y a déjà eu des cas d’accidents thromboemboliques. Hypocondriaques, s’abstenir.

Je paye le médecin, avec une pensée émue pour le trou de la Sécu qui se retrouve à se creuser encore en finançant un rendez-vous uniquement dû à l’incompétence d’un labo pharmaceutique. Je sors tout de même relativement soulagée et je retourne à la pharmacie. Je tombe mal. Le pharmacien est très énervé. Et pour cause, il vient justement de devoir dire à plusieurs malades qu’il n’arrive pas à se procurer leur médicament. Dès qu’il me voit, il se souvient pourquoi je reviens et redouble d’énervement. Quand il a commencé son métier, me dit-il, il manquait un médicament tous les trois ans, maintenant c’est trois médicaments par jour. Je soupire et lui tends mon ordonnance. Au moins, moi, je vais les avoir, mes pilules. Ah ah ah, mais quelle naïve je fais !

En effet, la farce continue. Mon pharmacien m’avoue qu’il n’a pas non plus de Triafemi en stock. Abattu, il m’annonce que pour cette pilule aussi, ce n’est pas simple de s’en procurer. Il faut qu’il vérifie s’il peut en avoir. Mon soulagement laisse lentement place à une sourde angoisse. Et si je ne pouvais plus prendre la pilule ? Je sens le spectre du changement forcé de mode de contraception planer au-dessus de ma tête. Mais les dieux et déesses sont avec moi : le pharmacien peut finalement commander la Triafemi. Ouf. Pour cette fois. Mais qu’en sera-t-il à la prochaine ? Je demande si je peux acheter deux ou trois boîtes d’un coup. Le pharmacien me répond que oui. Il me mettra ce qu’il faut de côté. Je le remercie. Puis, je culpabilise immédiatement : à prendre plusieurs boîtes, je sécurise ma situation mais je prive d’autres femmes de ces mêmes contraceptifs. La pénurie engendre le stockage qui engendre la pénurie. C’est un cercle vicieux. J’hésite à annuler, puis je me dis que je l’ai assez ennuyé, qu’il a assez à faire avec les pénuries… Vous croyez que ça s’arrête là ? Mais non, le feuilleton va encore rebondir !

Je récupère donc mon récépissé de commande et tend ma carte Vitale au pharmacien. Je ne sors pas mon porte-monnaie, vive le tiers payant. En effet, la Daily Gé était remboursée par la Sécurité Sociale et ma mutuelle. La Daily Gé oui, mais la Triafemi non. Les pilules de troisième et quatrième génération ne sont plus prises en charge depuis 2013 en raison d’un service médical rendu jugé « insuffisant ». En clair, à l’époque, on s’est basé sur les effets secondaires de ces pilules dont je vous parlais plus haut pour juger qu’il valait mieux orienter les femmes vers d’autres moyens de contraception. On a donc privé toutes celles qui étaient satisfaites de leur pilule de 3e génération, la très très grande majorité des utilisatrices, de leur prise en charge. Économie, quand tu nous tiens…

J’en serai donc d’une quarantaine d’euros pour être sûre de pouvoir prendre la pilule ces prochains mois. Ça va, j’ai les moyens. Mais si je ne les avais pas ? Je devrais arrêter ma contraception à cause d’une pénurie de pilule de deuxième génération ?! Combien de femmes vont se trouver dans cette situation ? Je ne peux m’empêcher de repenser au film de Ken Loach, Moi, Daniel Blake, dans lequel une mère célibataire pauvre en est réduite à voler des serviettes périodiques. Faudra-t-il voler ses pilules aussi un jour ? Mais suis-je bête : avec la pénurie, il n’y aura plus rien à voler…

Et je parle de la pilule, mais beaucoup d’autres médicaments ont l’air frappés de la même malédiction. Combien de malades attendent leur traitement ? Combien doivent se tourner vers des prescriptions plus chères qu’ils n’ont peut-être pas les moyens de s’offrir ? C’est juste insupportable. Je ne comprends pas pourquoi les pouvoirs publics ne prennent pas cette question à bras le corps. Le marché des médicaments remboursés est pourtant régulé, ne serait-ce que par la Haute autorité de santé, non ? Il est sidérant que les laboratoires pharmaceutiques puissent profiter des avantages d’avoir un produit souvent prescrit parce que remboursé mais puissent, en même temps, se laver les mains des conséquences de sa disparition aléatoire sur les patients et patientes. Nous sommes tous et toutes concernées car nous serons tous et toutes victimes un jour de leur inconséquence. J’ose une proposition, en non spécialiste : Pourquoi le parlement ne voterait-t-il pas simplement une loi qui sanctionnerait financièrement les ruptures d’approvisionnement des médicaments remboursables ?

 

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LA PILULE NE PULLULE PLUS Rions un peu. Il y a quinze jours, je passe à la pharmacie pour obtenir une boîte de pilules…

Publiée par Valérie Mangin sur Mardi 18 juin 2019

Le Cheval de Troie

Troie est tombée face aux Achéens exactement le 11 juin 1184 avant notre ère… Enfin si on en croit l’astronome Ératosthène de Cyrène qui dirigeait la grande bibliothèque d’Alexandrie au IIIᵉ siècle avant Jésus-Christ.
Je vous avoue que je ne sais pas très bien comment il est arrivé à une conclusion aussi précise (surtout parlant d’une guerre dont le caractère mythique ne fait pas de doute, même si son récit s’appuie sans doute sur des événements historiques).
Mais cela me donne l’occasion de vous montrer ce détail d’un pithos, une grande jarre à fond étroit, trouvé à Mykonos en Grèce. Elle date de 670 environ avant Jésus Christ. C’est une des plus vieilles représentations connue du fameux cheval de Troie qui perdit la ville.

Alix, d’un tunnel à l’autre

L’an dernier, dans La Puissance et l’éternité, le sénateur Alix vous entrainait dans l’antre de la Sibylle de Cumes où une terrible surprise l’attendait.
A la rentrée prochaine, c’est un tout autre genre de tunnels qu’il parcourra dans Les Spectres de Rome. Mais ce qu’il y trouvera sera tout aussi terrifiant, promis.