Le père Noël

Après vous avoir parlé de saint Nicolas, il y a quelques jours, je ne pouvais pas manquer d’évoquer son descendant le plus fameux : le père Noël.

Si pour nous, la « saint Nicolas » tombe le 6 décembre, elle arrivait le 19 décembre en fonction du calendrier julien, le calendrier que l’on utilisait au Moyen-Âge. Elle en vint donc à se confondre assez naturellement avec les fêtes du solstice d’hiver (20-21 décembre). Or, en souvenir du sauvetage des trois petits enfants par le saint, on offrait dès cette époque des cadeaux aux enfants ce jour-là.

Saint Nicolas et les enfants, Nancy, © Ville de Nancy

Sinter Klaas et Santa Claus

Au moment de la Réforme, les protestants luthériens rejetèrent les saints liés au catholicisme. Ils confièrent alors le soin de gâter les plus jeunes à un enfant divin : l’enfant Jésus, le nouveau-né de la crèche. Mais cela n’eut qu’un succès relatif : peut-être parce qu’on avait du mal à imaginer un nourrisson chargé de bonbons ou de paquets cadeaux ? En tout cas, d’autres réformés imaginèrent plutôt de « laïciser » saint Nicolas. « Sinter Klaas » apparut aux Pays-Bas qui deviendra ensuite le « Santa Claus » américain.

Celui-ci devient vraiment populaire aux États-Unis au XIXe siècle. Le 23 décembre 1823, un journal de New York publia un poème anonyme « A visit from St. Nicholas » dans lequel, le saint est un gros lutin joyeux, habillé de rouge, qui distribue des cadeaux grâce à son traineau tiré par huit rennes. On est déjà bien loin du saint originel !
Souvent repris ensuite et illustré, ce texte se diffuse progressivement dans le monde entier et fixe la figure de « santa Claus ».

Vers 1850, Charles Dickens et ses « Livres de Noël » finissent de populariser le sympathique personnage dans le domaine anglo-saxon. Le côté « saint » est totalement oublié au profit de celui du lutin à hotte remplie de cadeaux. En 1885, l’illustrateur Thomas Nast lui donne une maison, ou plutôt une fabrique de jouets au pôle Nord, le centre de l’hémisphère nord en quelque sorte. Depuis, on lui attribuer des résidences plus au sud : il faut bien nourrir les rennes ! e même une résidence secondaire dans la Pacifique : l’île Christmas 🙂

Père Noël

Chez, nous, c’est en 1848, que l’expression « Père Noël apparaît. Mais on parle encore plutôt à l’époque de « Bonhomme de Noël ». Et surtout, les traditions locales restent très variées : le Rois Mages apportent les cadeaux en Provence, en France-Comté, c’est une fée sur un âne…
Le Père Noël ne sera vraiment popularisé qu’après la Seconde Guerre mondiale. En 1946, Tino Rossi interprète pour la première fois la chanson Petit Papa Noël, à l’origine un texte sur un enfant qui demande au Père Noël le retour de la guerre de son père.

Marchandisation

A la même époque, la marque Coca-cola arrive en France avec le Plan Marshall. Elle amène avec elle, l’image du Père Noël qu’elle a définitivement popularisée depuis les années 30 (et non créé comme le veut la légende urbaine).
Mais une campagne de presse condamnant l’utilisation commerciale du personnage est alors menée. Un jeune prêtre dijonnais, Jacques Nourissat, condamne même au bûcher le père Noël, outré qu’il soit à l’effigie des grands magasins de Dijon. L’autodafé a lieu sur les grilles de la cathédrale Saint-Bénigne le 23 décembre 1951. Des controverses eurent ensuite qui virent s’affronter les écrivains catholiques (Cesbron, Mauriac) qui condamnaient le marchandising autour de Nöel et les supporters du père Noël comme Barjavel, Cocteau ou Lévi-Strauss.

 

Publicité Coca-cola vintage © the coca-cola compagny

En 1962, ouvre le « secrétariat du Père Nöel » au ministère des PTT. La première réponse est rédigée par la propre sœur du ministre : la pédiatre Françoise Dolto.
Aujourd’hui, près de 2 millions de lettres sont envoyées au Père Noël depuis tous les pays du monde.

De nos jours, le Père Noël existe même dans les pays de tradition non-chrétienne. En Chine par exemple, le 25 décembre est devenue une occasion d’offrir des cadeaux aux enfants et de réunir toute la famille.

Le Père Noël est devenu un symbole de la mondialisation des imaginaires comme des pratiques familiales et de la consommation en général.

 

Le Père Noël nourrit un de ses rennes © santatelevision.com
Publié le Catégories Éphéméride
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Solstice d’hiver

Chaque année, en général le 21 ou le 22 décembre a lieu le solstice d’hiver. C’est le jour le plus court de l’année: dans l’hémisphère nord, le nôtre, la position apparente du Soleil par rapport à la Terre atteint son extrême méridional en fonction du plan de l’équateur.

« Solstice » vient du latin « solstitium », de « sol », soleil et « sistere », s’arrêter car la position du soleil à son lever et à son coucher semble stationnaire par rapport au méridien – la ligne imaginaire reliant les pôles – pendant quelques jours. Ensuite, elle se redécale vers l’est au lever et vers l’ouest au coucher.

Bien sûr, un tel événement astronomique était célébré dans de nombreuses cultures antiques. Peut-être au départ parce qu’on craignait que le soleil et la lumière ne disparaissent totalement dans la nuit hivernale. Je vous ai déjà parlé des Saturnales ou de la fête de Sol invinctus – le soleil invaincu – à Rome. Ce sont les ancêtres de notre Noël avec des fêtes germaniques archaïques telle que Yule.

Image : La Terre lors du solstice d’hiver de l’hémisphère nord.
©Przemyslaw  » Blueshade  » Idzkiewicz.

Ops, épouse de Saturne et déesse préférée de Livie

Après les Saturnales, Rome sous Auguste célébrait les Opalia, les fêtes de Ops, la déesse de l’Abondance et l’épouse du dieu cannibale Saturne. Ce sont ses enfants qu’il a dévorés un par un.
Selon la coutume romaine, on lui assimila plusieurs déesses orientales, la Grecque Rhéa, et surtout, une divinité orientale que les lecteurs d’ Alix Senator connaissent bien : Cybèle, la terrible déesse de Pessinonte, qui rend fou Khephren.
Historiquement, Livie, l’épouse d’Auguste, avait un faible certain pour la Grande Mère. Elle s’est même fait représenter plusieurs fois avec ses attributs comme sur la statue ci-dessous.
Alors, dans la série, quand Alix affronte la cruelle déesse et ses prêtres eunuques, c’est finalement toujours Livie qu’il combat, mais Livie sous sa forme la plus dangereuse, la plus monstrueuse.


Ci-dessous :
– Statue de Livie représentée en Ops avec sa gerbe de blé et sa corne d’abondance, début du 1er siècle de notre ère, musée du Louvre.
– Planche montrant Livie rendant visite aux galles, les prêtres de Cybèles, dans son temple du Palatin, juste à côté de la demeure impériale, Alix senator, tome 7, éditions Casterman.

Hanoucca

Cette année, la fête juive de Hanoucca avait lieu de la soirée du dimanche 2 décembre à celle d’aujourd’hui, le 10.

Cette célébration commémore la réinauguration de l’autel des offrandes dans le second Temple de Jérusalem vers 165 av. J.-C. Deux ans plus tôt, le roi Antiochus IV, qui dirigeait une grande partie des territoires conquis autrefois en Orient par Alexandre le Grand et appartenait à une dynastie d’origine grecque, avait ordonné la dédicace d’un autel à Zeus dans le Temple.
Mais, depuis 175 av. J.-C. une partie du peuple de Judée était soulevée contre lui à la suite de la famille des Maccabées. C’est cette révolte qui permit finalement la réatribution du Temple au culte juif.

Selon la tradition, pendant la nouvelle consécration, eut lieu le miracle de la fiole d’huile. On raconte que, quand on voulut allumer la menorah – le chandelier à 7 branches – du Temple, on se rendit compte qu’il ne restait plus qu’une seule fiole d’huile qui n’avait pas été profanée, c’est-à-dire de quoi faire briller le candélabre une seule journée. Mais un miracle eut lieu : avec cette huile, les desservants parvinrent à faire briller les lumières 8 jours durant, le temps de refabriquer de l’huile.

La plupart des rituels liés à hanoucca font référence à ce miracle comme l’allumage d’un chandelier à 9 branches ou la consommation de friandises à l’huile d’olive. On joue aussi souvent avec des toupies dont chaque face est marquée d’une lettre hébraïque qui signifieraient « un miracle a eu lieu là-bas ».

Ci-dessous :
– chandelier à 9 branches ©jforum.fr
– beignet de hanoucca ©naomiecook
– Toupies de hanoucca ©toupie-shop.com

 

Le pain d’épice, une friandise chinoise

Eh oui, ce pain au miel traditionnel de Noël vient de très loin. C’est un lointain descendant du « Mi-kong » chinois, une pâtisserie cuisinée à base de farine de froment, de miel et, bien sûr, d’épices. Son voyage jusqu’à nos contrées occidentales fut aussi violent que sa dégustation est gourmande.

Connu dès le Xe siècle, il est consommé par les guerriers de Gengis Khan qui l’emmènent avec eux jusqu’au Moyen Orient. Là, les chevaliers croisés le découvrent à leur tour et le rapportent en Allemagne vers le XIIe ou le XIIIe siècle.

Il est adopté par les monastères et c’est par leur réseau qu’il se diffuse ensuite partout en Europe. Il arrive en Alsace au plus tard au XVe siècle. En 1476, les boulangers y fondent la corporations des « Meisterlebzelter », « maîtres en pain d’épices ». Aujourd’hui, le pain d’épice est toujours un classique de la gastronomie alsacienne.

Réalisé avec 4 épices : la cannelle, la girofle, le gingembre, l’anis, il est consommé partout en France. Depuis le début du XIXe siècle, c’est même une pâtisserie très populaire. La Foire du Trône parisienne est la descendante directe de la foire au pain d’épices qui s’est tenue là à partir de 1805. Vers 1890, elle comptait près d’un millier de marchands ! A l’époque, le pain d’épice de base était même moins cher que le pain classique. On en faisait déjà de toutes les formes : bonhommes, animaux, saint Nicolas… glacés au sucre ou fourrés à l’orange. Pas étonnant que les frères Grimm ait fait de la maison de la méchante sorcière qui veut manger Hansel et Gretel une maison en pain d’épices.

Photo © marieclaire.fr

Le père Fouettard

Ce sinistre personnage est l’acolyte de saint Nicolas dont je vous ai parlé le 6 décembre. Mais, alors que le saint distribue bonbons et cadeaux, lui distribue plutôt les coups de martinets aux enfants qui n’ont pas été sages pendant l’année.

Plusieurs légendes expliquent sa naissance. Selon l’une d’elles, il serait né à Metz, en Lorraine, en 1552 pendant que l’armée de Charles Quint faisait le siège de la ville. Ses habitants firent un mannequin à l’effigie de l’empereur et le promenèrent dans la ville avant de le brûler.

Depuis, il a essaimé en Belgique, en Suisse, en Allemagne… Il y adopte diverses apparences mais il est toujours sombre, avec une longue barbe, de la fourrure ou des vêtements noirs et bien sûr un fouet ou des branchage pour châtier les « méchants ».

Saint Nicolas et le père Fouettard, version « homme des bois » © herault-tribune.com

Dans certaines régions, c’est un charbonnier ou un ramoneur. Son côté noir est dû à la suie dans laquelle est il est censé vivre constamment. Mais, ailleurs, il tend franchement à la caricature raciste: « Zwarte Piet », sa variante des Pays-Bas a le visage peint en noir et les cheveux crépus. Des personnes de plus en plus nombreuses demandent d’ailleurs sa disparition pour cette raison, ou, pour le moins une franche modernisation de la tradition. Il serait temps d’y penser en effet.

– Zwarte Piet, caricature raciste © oneikathetraveller.com

 


 

Saint Nicolas

Quand j’étais petite fille en Lorraine, le 6 décembre était une des journées que j’attendais le plus dans l’année parce que « saint Nicolas », le saint patron des Lorrains, venait à l’école apporter des bonbons aux enfants sages. Le « père Fouettard » se chargeait en théorie des autres. J’étais dans une école publique et laïque mais la tradition était si fortement ancrée à Nancy que personne n’aurait songé à la supprimer à l’époque. Ça aurait juste eu l’air d’une punition.

Qui était saint Nicolas ?

Historiquement, saint Nicolas était l’évêque de Myre, dans le sud de la Turquie actuelle où il est mort vers 345. On sait peu de choses sur lui. Son principal fait d’arme serait d’avoir participé au grand concile (assemblée d’évêques) de Nicée et d’y avoir combattu l’arianisme, une hérésie qui dit que la nature du Christ est d’abord humaine et non totalement divine comme celle de « Dieu le Père ».

Vol de reliques

Après sa mort, ses reliques furent conservées dans l’église de Myre qui prit son nom jusqu’en 1087. Mais, vers cette époque, l’armée byzantine fut vaincue par les troupes musulmane du sultan voisin. Craignant que les restes du saint ne tombent dans des mains « infidèles » plusieurs villes italiennes décidèrent de les mettre en sûreté… c’est-à-dire de les voler et de les ramener en Italie. Les marins de Bari réussirent à gagner Myre plus rapidement que ceux de Venise et à emporter les précieux ossements. Ils se trouvent toujours dans la basilique San Nicola de Bari. Enfin… sauf une phalange qui aurait été volée aux voleurs par un chevalier lorrain qui l’aurait rapportée à Saint-Nicolas-de-Port.

Basilique San Nicola de Bari, © Francesco9062

Les trois petits enfants

Par la suite, saint Nicolas demeura un saint très populaire à la fois pour l’église orthodoxe et l’église catholique. L’hagiographie (le récit de la vie des saints) regorge d’historiettes qui le mettent en scène.
Celle que je préfère est celle du « saint et des trois petits enfants ». Trois jeunes enfants « qui s’en allaient glaner au champ », c’est-à-dire récupérer les épis de blé qui avaient échapper aux moissonneurs, auraient été capturés par un boucher, tués, découpés en morceaux et mis au saloir, un baquet de sel pour que leur viande se conserve mieux. Le saint qui passait par là les aurait ressuscités et aurait puni le méchant boucher. De là, la tradition qui veut que Nicolas gâte chaque année les enfants.

En fait, ce récit résulte de la déformation d’un autre plus ancien. Trois officiers de l’empereur romain Constantin furent accusés à tort de fomenter un complot et condamnés à mort. A la veille de leur mort, ils tournèrent leurs pensées vers le saint et l’empereur vit celui-ci en rêve. Nicolas lui affirma l’innocence des officiers et réclama leur libération sous peinte d’infliger au monarque un terrible châtiment. Bien sûr, Constantin relâcha les hommes et demanda pardon au saint de ses errements. L’histoire fut souvent représentée ensuite sur les objets vendus en souvenir aux pèlerins de Bari. Mais le saint était représenté bien plus grand que les trois officiers et la tour/prison placée à côté d’eux pouvait facilement passer pour un baquet. D’où l’erreur.

Nicolas de Myre et les trois officiers, vers 1485, église Sainte-Marie de Mühlhausen, en Allemagne ©Friedrichsen.

 

Bayeux by night

Boules de Noël, boules de sorcière

Que serait un sapin sans ses boules ? Dès le XVIe siècle, les sapins de Noël alsaciens étaient décorés de fleurs et de fruits. Je vous ai raconté hier qu’on y accrochait notamment des pommes pour rappeler le fameux arbre du paradis.

Mais vers 1830, on commença à remplacer ces fruits en Allemagne par des boules en verre mercuré ou soufflé : les boules de sorcière. Elles avaient été créées au siècle précédent en Angleterre et étaient censées protéger les maisons des mauvais esprits, des sorcières…
Généralement alors en verre vert ou bleu, elles pouvaient faire jusqu’à une vingtaine de cm de diamètre et on les accrochait à la fenêtre ou… dans un arbre.

« Witch ball » suspendue en Ecosse © Rosser1954

On pensait alors que leurs couleurs vives attiraient le mauvais œil et que leurs reflets le neutralisaient en le renvoyant vers la sorcière qui en était à l’origine. Si on avait de la chance, l’esprit de la jeteuse de sort pouvait même se retrouver piégé dans la boule. Le « pendre » était alors une protection contre toutes les autres créatures malfaisantes. Bref, on obtenait le même résultat qu’en pendant la sorcière elle-même, opération beaucoup plus délicate.

« witch ball », XIXe siècle. © William Ellison

Progressivement, ces boules magiques devinrent des objets de décoration si bien qu’elles survécurent à l’arrêt des chasses aux sorcières. On commença à les accrocher aux sapins de Noël. Elle arrivèrent en France, selon la légende, en 1858, quand la sécheresse priva les Vosges et la Moselle de fruits. Un verrier de Meisenthal commença alors à fabriquer des boules en verre.

On en trouve aujourd’hui dans toutes les matières mais Meisenthal continue de produire ses décorations en verre. En 2014, la fabrique devenue le Centre international d’art verrier a encore vendu plus de 35 000 boules de Noël.

Boule Fizz de Meisenthal, créé en 2016

Le Sapin de Noël

Il s’agit d’une des traditions les plus vivaces qui entourent Noël (et ma préférée aussi).

Le sapin de Noël tire son origine de l’habitude de nombreux peuples de l’Antiquité de décorer leurs maisons aux alentours du solstice d’hiver (21 décembre) de branches à feuillage persistant, symbole de renaissance. A Rome, pendant les Saturnales, on suspendait du laurier, du buis ou de l’olivier chez soi et on laissait brûler constamment des lampes pour éloigner les esprits malins.

Un sapin de Noël chez Oscar Andersen en Norvège entre 1911 et 1926.

Mais, si on en croit la tradition catholique, le sapin de Noël tel que nous le connaissons serait apparu à la fin du VIe siècle en Gaule. Pendant une veillée de Noël, saint Colomban aurait emmené les moines du monastère de Luxeuil (Haute-Saône actuelle) jusqu’au sommet de la montagne voisine où se trouvait un vieux sapin encore adoré par les païens de la région. Les religieux accrochèrent leurs lanternes à ses branches et dessinèrent une croix lumineuse à son faîte avec leurs torches. Les paysans les virent de loin et accoururent voir ce spectacle inédit. Le saint en profita, bien sûr, pour les convertir. On ne se refait pas.

Une autre légende raconte que saint Boniface de Mayence, l’« apôtre des Germains », après avoir abattu le chêne de Thor adoré dans la région de Hesse, se servit de la forme triangulaire d’un sapin pour expliquer la Trinité divine aux peuples locaux. Il opposait aussi le sapin, arbre de l’Enfant Jésus, au pommier dont Adam et Eve mangèrent les fruits et qui causa leur chute. Bon, saint Boniface eut beau être très créatif en matière de symbole, il ne convainquit pas tout le monde : il fut massacré avec ses compagnons en Frise en 754.

le sapin de Noël qui décore le parvis de Notre Dame à Paris en 2018 © https://www.paristribune.info/

Plus tard au Moyen-Âge, les symboles du sapin et du pommier se sont rejoints plutôt que s’opposer. Dans les mystères, c’est un sapin, orné de pommes rouges – le fruit défendu -, qui sert à représenter l’arbre du Paradis pendant l’hiver. Dès le XVe siècle, cet « arbre du Paradis » est installé aussi aux sièges des corporations, à l’entrée des hôpitaux… dans les pays germaniques.

En 1492, l’Œuvre Notre-Dame, chargée de l’entretien de la cathédrale de Strasbourg installe un sapin dans chaque paroisse de la ville. A la même époque, toujours en Alsace, les particuliers commencent à orner leurs maisons de branches de sapin (enfin, c’est de cette époque que datent les premiers témoignages de cette pratique). Au XVIIe siècle, on passe au sapin entier. Après la guerre de 1870 et l’abandon de l’Alsace à l’Allemagne, de nombreux habitants de la région choisissent de venir vivre en France et importent avec eux la tradition du sapin de Noël.

Elle se retrouve un peu partout aujourd’hui. En 2014, plus de 5,7 millions de sapins naturels et 1 million de sapins artificiels ont ainsi été achetés dans notre pays.

« Tree » de Paul Mac Carthy installé sur la place Vendôme à Paris en 2014. Exposée dans le cadre de la programmation Hors les murs de la FIAC, cette œuvre fit scandale. Certains y voyant un sapin de Noël et d’autres un sex-toy. ©Jacques Brinon/SIPA