Thanksgiving

Aujourd’hui c’est Thanksgiving. Cette fête est célébrée chaque année le quatrième jeudi de novembre aux États-Unis.

Les Pères pélerins

On fait traditionnellement remonter les origine de Thanksgiving aux Pères pèlerins, ces colons anglais qui fuirent les persécutions religieuses jusqu’au Massachusetts à bord du Mayflower en 1620. Ils y fondèrent le premier établissement britannique dans ce qui deviendra les États-Unis, dans la baie de Plymouth.
Mais leur installation fut très difficile et bientôt la moitié d’entre eux moururent du scorbut provoqué par les carences alimentaires. Les autres ne durent leur survie qu’à Suanto et Samoset, deux hommes de la tribu des Wampanoags, qui leur donnèrent à manger et surtout leur montrèrent comment chasser et cultiver le maïs.
Pour célébrer la première récolte, à l’automne suivant, William Bradford, le gouverneur de la colonie, décida de célébrer trois jours d’action de grâce. Il invita aussi une centaines de Wampanoags à venir partager un repas avec lui et ses compagnons.

De 1620 à nos jours

Par la suite, Thanksgiving fut plus ou moins célébré constamment jusqu’à nos jours. Au XVIIIe siècle, c’était surtout un jour de prière et de jeûne. L’importance de la fête crut après les périodes les plus troublées : gouverneurs d’États et présidents des États-Unis décrétèrent des Thanksgivings surtout dans une perspective religieuse, pour remercier Dieu du retour de la paix et/ou de la prospérité.
Même si cet aspect existe toujours, la fête s’est progressivement laïcisée en même temps qu’elle devenait annuelle. Aujourd’hui c’est un jour où la plupart des entreprises et des administrations sont fermées et où on se retrouve en famille pour un grand repas dont la pièce maîtresse est une dinde (animal découvert au Nouveau Monde par les Pères pèlerins).

Les Amérindiens

Cependant, une partie des Amérindiens considèrent Thanksgiving d’une manière sensiblement différente. La fête représente pour eux le début de l’accaparation de leurs territoires par les Européens, voire le début des guerres indiennes. Depuis les années 70, des cérémonies mémorielles ont parfois lieu en l’honneur des victimes de ses conflits. Mais la fête reste encore assez peu questionnée de nos jours.

 

Le jaune : symbolique d’une couleur

Le mot « jaune » vient du latin « galbinus » dérivé de « galbus » qui signifie déjà vert clair, jaune.

Dès le Moyen Âge, on différencie en Occident deux types de jaune : celui qui tire vers l’orangé ou le doré d’un côté et celui qui tire vers le vert de l’autre.
Si l’or est souvent utilisé dans les icônes ou les représentations de saints, le jaune éteint a, dès cette époque, une forte connotation négative. Ainsi, Judas, le compagnon du Christ qui le livre à ses bourreaux, est représenté avec une robe jaune. De même Ganelon, le chevalier félon, a une livrée jaune.

Depuis cette idée de trahison est restée collée au jaune : le « jaune », c’est toujours l’ouvrier briseur de grève, qui trahit ses camarades.

A cela s’ajoutent d’autres symboliques tout aussi déplaisantes : le jaune est la couleur des cocus trahis par leurs conjoints, des colériques que la bile jaune de la théorie des humeurs rend agressifs et violents, du rire jaune embarrassé ou honteux, du teint jaune des malades… On a l’embarras du choix !

Et ce ne sont pas les quelques utilisations positives de cette couleur comme le maillot jaune cycliste qui suffisent à la réhabiliter : le jaune reste encore actuellement la couleur la moins appréciée des Français
(cf Michel Pastoureau et Dominique Simonnet, Le petit livre des couleurs, Paris, Éditions du Panama, coll. « Points », 2005).

 

Gueule cassée

On commémore ce 11 novembre l’armistice de la Première Guerre Mondiale.
S’il y a bien un monument aux morts qui symbolise pour moi toute l’horreur sans fin de la guerre, c’est bien celui de Trévière près de chez nous. Et encore les photos ne suffisent pas à rendre le saisissement que l’on éprouve devant l’affreuse mutilation de la statue.

« Le monument aux morts de Trévières est un des plus émouvants de Normandie. Sculpté en 1920 par le sculpteur local Edmond de Laheudrie (1861-1946), il fut endommagé au cours de la Seconde Guerre mondiale par un éclat d’obus qui arracha la partie inférieure du visage de la statue. Cette femme, qui à l’origine représentait la victoire, est devenue symbole des gueules cassées de la guerre 14-18. »

Photo © Serge Philippe Lecourt

Pétain et Hitler à Montoire

La poignée de main entre Philippe Pétain et Adolf Hitler le 24 octobre 1940 à Montoire.

Dans le discours radiodiffusé qui suivit l’entrevue, le maréchal affirma entrer de son plein gré, « dans l’honneur », « dans la voie de la collaboration. »

Au moins 76 000 Juifs parmi lesquels 11 000 enfants, non réclamés au départ par les Allemands, ont été déportés de France sous l’Occupation, à 80 % après avoir été arrêtés par la police française du maréchal. Un tiers avait la nationalité française. Seuls 3 % survécurent aux déportations dans les camps de concentration.

Sans compter toutes les autres victimes.

Pétain fut ensuite frappé d’indignité nationale par arrêt du 15 août 1945. Il fut condamné à la confiscation de ses biens et à la peine de mort.
Sa peine fut commuée en emprisonnement à perpétuité par le général de Gaulle, alors chef du Gouvernement provisoire de la République française.

La « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne »

Le 28 octobre 1791, Olympe de Gouges présente la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » à l’Assemblée nationale. Tout autant qu’un plaidoyer en faveur de l’émancipation féminine, c’est une prise de position en faveur des droits humains et de leur universalisation.

Inspiré de la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » d’août 1789, le texte met clairement en lumière à quel point la Révolution a jusque-là oublié d’étendre aux femmes les principes de liberté et d’égalité.

Pourtant, dès les cahiers de doléances, des rédacteurs demandent que les femmes soient représentées à l’Assemblée nationale voire entrent au gouvernement. En juillet 1790, Condorcet écrit un article qui reprend ces idées: «  Sur l’admission des femmes au droit de cité » et, un an plus tard, plusieurs pamphlets paraissent à nouveau pour réclamer l’égalité homme/femme en politique comme « Du Sort actuel des femmes » écrit par madame de Cambis.

Olympe de Gouges, comme ses prédécesseurs, part du principe que les femmes qui possèdent toutes leurs facultés intellectuelles, ont, par nature, les mêmes droits que les hommes.
Bien que convaincue de la supériorité de la « nature féminine » sur la « nature masculine » Olympe de Gouges n’exclut pas les hommes de son projet, au contraire, ils forment la moitié de la Nation aux côtés des femmes, tous étant sur un pied d’égalité. Le fameux « homme » de la « Déclaration des droits de l’homme » est remplacé chez elle, non par la femme, mais par « la femme et l’homme ». La femme ne dispose par ailleurs d’aucuns droits ni privilèges particuliers : « Nulle femme n’est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la Loi. » (art. 7).

Ainsi si la femme a les mêmes devoirs que l’homme, elle doit avoir les mêmes droits.
Comme le dit l’art.10, « La Femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ». Olympe de Gouges réclame donc pour elle la liberté, l’égalité, la sécurité, le même droit à la propriété, le même droit de résister à l’oppression… Cela implique une véritable révolution des mœurs à une époque où les femmes n’ont pas le droit de vote ni celui d’exercer des charges publiques ou d’entrer dans l’armée, et n’ont même pas un pouvoir égal à celui de leur conjoint dans la famille.

Inutile de dire que la « Déclaration des droits de la femme » est rejetée par l’Assemblée nationale. Des extraits en seront publiés seulement en 1840 et le texte dans son intégralité en 1986(!).


Ci-dessous :
– Portrait d’Olympe de Gouges
– Buste d’Olympe de Gouges avec sa Déclaration figurant dans la salle des Quatre-Colonnes du palais Bourbon (Assemblée nationale) depuis 2016.

 

Joyeux anniversaire la Terre !

Selon le Créationnisme Jeune-Terre, la Terre et le Ciel aurait été créés par Dieu… le 23 octobre – 4004 (c’est précis).

Cette croyance religieuse, la version la plus étroite du créationnisme, voit la Bible comme un livre à prendre strictement au pied de la lettre. La Génèse, le récit des origines, est interprétée de manière littérale. Livre « dicté par Dieu », elle ne peut contenir que des vérités absolues et définitives. Adam et Ève ont réellement habité le jardin d’Eden et y ont littéralement péché contre Dieu. Les fossiles et autres témoignages antérieurs au Ve millénaire avant notre ère sont interprétés soit comme des tentations sataniques destinées à perdre les hommes, soit comme un moyen choisi par Dieu pour éprouver la foi des fidèles. Toute évolution biologique ou géologique est donc niée.

Evidemment, les créationnistes entrent régulièrement en conflit avec les scientifiques dont les travaux et les découvertes sont incompatibles avec leur description du monde et de son histoire. Ces fondamentalistes s’opposent aussi à la lecture de la Bible de la plupart des Églises chrétienne d’aujourd’hui qui passe par l’exégèse, l’étude approfondie, critique et interprétative du texte et non son acceptation littérale.

Malgré son caractère absurde par bien des côtés, le créationnisme Jeune-Terre est validé par une partie toujours plus importante des Américains. Selon un sondage publié par Gallup en 2014, un Américain sur quatre pense que Dieu a créé l’Homme et la Terre il y a moins de 10 000 ans, tandis que l’autre moitié adhère à l’idée d’une évolution guidée par Dieu d’une manière ou d’une autre. Une antithèse à la théorie darwiniste de l’évolution, pourtant admise par l’ensemble des scientifiques, et partagée par seulement 15 % des Américains !

Traces de la Grande Guerre

Et voilà, le bébé est né : le collectif Traces de la grande Guerre édité par La Gouttière est arrivé dans toutes les bonnes librairies de France et d’ailleurs ce vendredi.

J’y ai commis Guerre éternelle, une histoire de 8 pages sur les guerres qui ont ravagé sans cesse ma Lorraine natale.
Elle a été illustrée par le reste de l’Atelier virtuel :
Aux dessins : Denis Bajram, Brice Cossu, Julien Carette, Johann Corgié, Stef Djet, Malo Kerfriden, Christelle Robin, Thibaud De Rochebrune, Alexis Sentenac, Nicolas Siner, et Ronan Toulhoat
A la couleur : Yoann Guillo

Voodoo child

Le 18 septembre 1970, Jimi Hendrix était retrouvé mort dans sa chambre du Samarkand Hotel de Londres. Il avait sans doute succombé à une asphyxie après une overdose de barbituriques mélangés à de l’alcool.

Ce triste anniversaire est surtout pour moi l’occasion de publier ici quelques pages de « Voodoo child:The Illustrated Legend of Jimi Hendrix » de Martin I. Green, illustré par le génial Bill Sienkiewicz en 1995.Eux-mêmes décrivent cet album hommage comme “not so much outright biography as speculative fantasy”