Une incursion dans le manga

Je peux enfin vous en parler, grâce à Frederic Toutlemonde se concrétise une envie qui me tenaille depuis j’ai découvert le manga : écrire pour la BD japonaise.

Ces derniers mois, j’ai en effet scénarisé un hommage à Osamu Tezuka sous la forme d’une courte variation sur son œuvre majeure (qui est aussi une de mes préférées) : La Vie de Bouddha. Elle est en train d’être dessinée par mon talentueux camarade de l’Atelier virtuel, Brice Cossu et paraîtra au Japon dans le magasine Tezucomi de cet été.

Bref, je suis bonheur et joie.

 

Publié le Catégories Bande dessinée, Manga, Tezucomi 2
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Nouvel an chinois

Ce mardi, on fête le premier jour de l’année chinoise. Il coïncide avec le début de la fête du printemps qui va durer quinze jours. Sa date dans notre propre calendrier varie chaque année car le calendrier chinois est luni-solaire (il est basé sur les mois lunaires mais des mois intercalaires sont ajoutés de temps en temps pour rester en phase avec l’année solaire).

Beaucoup de traditions sont liées à ce début d’année. La semaine passée a déjà eu lieu le « petit Nouvel An ». On a déposé de la nourriture devant le dieu du foyer placé dans la cuisine pour qu’il ne rapporte à l’Empereur de Jade, le maître du ciel, que les bonnes actions accomplies par la famille pendant l’année passée et pas les mauvaises. Puis, le portrait du dieu a été brûlé et il s’est envolé vers l’Empereur.
On a aussi pris soin de disposer dans la maison des souhaits écrits sur papier rouge pour que la nouvelle année les voit se réaliser.

Le passage d’une année à l’autre lui-même a lieu pendant la nuit car Le mot « année », « nian » est censé provenir du nom d’un monstre qui venait hanter les villages une nuit par an et obligeait les habitants à veiller enfermés chez eux.
Ainsi chaque Nouvel An est marqué par un réveillon pendant lequel on sert des plats aux noms évocateurs de bonne fortune. Le dessert coutumier, est le « niangao ». « Gao », gâteau, étant homophone du verbe signifiant « grandir », le manger est censé garantir une bonne croissance dans tous les domaines. On veille ensuite toute la nuit car ce serait un gage de longue vie. Les plus âgés offrent des enveloppes rouges avec de l’argent aux plus jeunes qui font des vœux en leur faveur. Vers 11 heures ou minuit, les enfants allument une chaîne de pétards.

Le lendemain matin, le plus tôt possible toujours pour avoir le plus de chance possible, on va au temple puis sur les tombes de la famille. On rend ensuite visite à ses proches et à ses connaissances les plus importantes. Dans certaines grandes villes hors de Chine des parades sont organisées. La première le fut à San Francisco dans la deuxième moitié du XIXe siècle. On y réalise les fameuses danses du lion et du dragon qui représentent à la fois la noblesse, le courage et, bien sûr, la chance.

Chaque année est associée à l’un des signes du zodiaque chinois ainsi qu’à l’un des cinq éléments : aujourd’hui c’est l’année du cochon et de la terre qui commence.

Ci-dessous :
– Danse du lion, Paris, 2014 ©Pascal Vu

– Danse du dragon, © pariszigzag.fr

La Chandeleur

Aujourd’hui, comme tous les 2 février, c’était la Chandeleur, la fête des crêpes mais aussi des chandelles.

Selon la tradition, c’est le pape Gélase 1er qui, en 472, a mené la première procession aux flambeaux un 2 février. À cette date, les Chrétiens célébraient la Présentation de Jésus au Temple et la Purification de la Vierge. Dans le récit biblique, quarante jours après son accouchement, Marie, comme toutes les mamans juives qui venaient d’avoir leur premier garçon, offrit un sacrifice à son Dieu et lui présenta son fils. Au Temple, elle fut reçue par Siméon, un vieillard, qui reconnut dans le nouveau-né la « lumière d’Israël ».

Ces idées de « lumière » et de « purification » étaient présentes aussi dans les fêtes religieuses d’autres cultures célébrées en février. « Februarius », février en latin, est d’ailleurs dérivé du verbe « februare » qui veut dire « purifier ». Chaque 15 février avaient lieu à Rome les Lupercales, des fêtes qui visaient à purifier la ville et à lui assurer une année de prospérité. De même, les Celtes célébraient au début du mois, la déesse Brigit (devenue la sainte Brigitte fêtée… le 1er février) qui devait purifier les champs et y ramener la fertilité.

Je vous laisse apprécier le fait que les femmes venant d’accoucher ainsi que la terre nourricière devaient être purifiées… D’autant que ces cérémonies prenaient parfois un tour extrêmement violent comme les Lupercales dont je vous reparlerai sans doute ou les fêtes de l’ours célébrées à l’origine chez les Germains ou les Scandinaves. La sortie du plantigrade de son hibernation hivernale marquait le retour de la lumière. Elle était fêtée par des déguisements en ours, des feux de joie… et des simulacres d’agressions sexuelles qui dégénéraient à l’occasion en vrais viols.

Pour le pape et les évêques chrétiens, mettre en avant la fête des chandelles, c’était autant lutter contre le paganisme que contre ces violences ritualisées. Mais, me direz-vous, on est toujours loin des crêpes. Pas tant que cela en fait. La tradition raconte que c’est le même pape, Gélase 1er qui institua les processions aux flambeaux et les crêpes. Il faisait distribuer ces gâteaux aux pèlerins qui étaient arrivés trop tard à Rome pour y fêter Noël. Rondes et dorées, les crêpes rappellent, comme les galettes des rois, le soleil et sa chaude lumière. De plus, les paysans les confectionnaient avec de la farine provenant de leur récolte précédente alors même qu’ils entamaient les semailles d’hiver qui devaient leur amener la suivante. C’était à nouveau un rituel liant retour de la lumière et de la fécondité, mais beaucoup plus pacifique que les précédents.

Ci-dessous :
– La présentation de Jésus au Temple, fresque de Fra Angelico, vers 1437-1446, Florence.
– Crêpes de la Chandeleur ©Helena-Zolotuhina

Dé à 20 faces antique

On dirait que les anciens Grecs pratiquaient le jeu de rôle eux aussi : voici un magnifique dé à 20 faces de l’époque ptolémaïque, quand les Grecs dominaient l’Égypte. Il est conservé au Metmuseum.

En fait, non, bien sûr, ce dé n’était pas utilisé pour savoir quel PNJ se cachait derrière la porte du tombeau ultime ou si vous alliez survivre à votre chute dans la fosse aux crocodiles…
Mais presque : ce dé servait à la divination. Chaque face comportait une lettre et, avec un peu de chance, on arrivait à former un mot au bout de quelques lancers. Bon, la réponse devait souvent n’avoir aucun rapport avec la question mais plus un oracle est mystérieux, plus il dit de vérités, c’est bien connu.

Très Riches Heures du duc de Berry : le festin de janvier

Mieux vaut tard que jamais : voici l’illustration du mois de janvier des Très Riches Heures du duc de Berry.

©Photo. R.M.N. / R.-G. Ojéda
Le duc lui-même est représenté sur la droite, en bleu, avec une coiffe en fourrure brune. À côté de lui, on voit l’inscription « Approche approche », sorte de « bulle » avant l’heure et, effectivement, des proches, prélats et laïcs, avancent vers lui.
Devant la table, deux serviteurs, des écuyers tranchants (chargés de découper la viande) portent l’écharpe blanche des partisans des Armagnacs.
La France est alors en pleine guerre civile. Suite à la folie du roi Charles VI, le pays est dirigé par un conseil de régence. Outre la reine Isabeau, ses membres les plus influents sont Jean sans Peur, duc de Bourgogne, et Louis d’Orléans, frère du souverain et gendre de Bernard VII d’Armagnac. Deux hommes aussi puissants et ambitieux ne peuvent pas s’entendre longtemps et leur conflit personnel dégénère très vite en véritable guerre. Les « Bourguignons » et les « Armagnacs » s’affrontent donc pendant 25 ans, de 1410 à 1435 !
Le duc de Berry appartient au parti des Armagnacs. Le festin représenté ci-dessus est peut-être celui qu’il a organisé le 1er janvier 1415 pour tenter de réconcilier ses alliés avec leurs ennemis bourguignons dans le cadre de la paix d’Arras qu’ils vont signer le mois suivant. Malheureusement, cette paix se révélera n’être qu’une trêve et les hostilités reprendront très vite.
L’idée de guerre est d’ailleurs présente dans le motif d’arrière-plan de la scène: de grandes tapisseries qui montrent des scènes de la mythique guerre de Troie.

Vous pouvez découvrir aussi dans les Très Riches Heures :

les autres mois : janvier, février, mars, avril, mai, juillet, août, septembre, octobre, novembre , décembre

une fête chrétienne illustrée dans le livre : l’Ascension

Un étonnant « homme zodiacal »

 

 

Angoulême 2019

Comme chaque année, je serai présente au prochain festival de la Bandes dessinée d’Angoulême.
Je signerai mes albums sur le stand Casterman :
– Jeudi 24 janvier de 15h à 16h30
– Vendredi 25 janvier de 15h30 à 17h
– Samedi 26 janvier de 18h à 20h
J’y serai avec Denis Bajram mais Thierry Démarez et Steven Dupré sont restés à la maison pour préparer nos prochains albums.

William Prout, spécialiste de la digestion

Né le 15 janvier 1785, William Prout était un savant britannique dont la spécialité était la chimie.

On lui doit, entre autres, beaucoup d’analyses des sécrétions des organismes vivants, dont il croyait qu’elles étaient produites par la ruptures des tissus (!). Ainsi, en 1823, il découvrit que les sucs de l’estomac renfermaient de l’acide chlorhydrique qui pouvait être séparé des sucs gastriques au moyen de la distillation. En 1827, ce fut lui qui établit la classification lipides, protides, glucides. Elle lui valut la médaille Copley de la Royal Society de Londres.

(Cet article est dédié à Thibaud De Rochebrune, mon futur co-auteur)

Ci-dessous :
William Prout d’après une miniature de Henry Wyndham Philips, XIXe siècle.

Orange mécanique

… Ou harcèlement et auto-censure avant les réseaux sociaux.

Le 13 janvier 1971 sortait en salle, Orange mécanique, de Stanley Kubrick.Film de science-fiction autant que satire sociale, il raconte les dérives d’un sociopathe ultra-violent que son gouvernement va tenter de réhabiliter au moyen de séances de conditionnement extrêmement malsaines.

Le film ne fut pas censuré à sa sortie comme on le voit souvent écrit mais Kubrick reçut beaucoup de lettres de menaces et d’insultes. Des attroupements d’opposants virulents au film eurent même lieu devant sa maison.
Lassé de ce harcèlement et craignant pour la sécurité des siens, le réalisateur finit par demander à Warner Bros, qui diffusait le film, de le retirer des salles anglaises. Ce qui fut fait. Kubrick empêcha aussi toute diffusion en vidéo ou à la télévision britannique de son œuvre. Cette auto-censure dura jusqu’à la mort du réalisateur : Orange mécanique ne fut projeté à nouveau à Londres qu’en l’an 2000 !

À méditer à l’heure où la critique des œuvres vire de plus en plus souvent au harcèlement sur les réseaux sociaux. Avec, en réponse, l’autocensure des auteurs. Espérons que la colère des foules de tous bords n’en vienne pas à nous priver des Orange mécanique de demain.