La Tapisserie de Bayeux

À Bayeux, Jhen découvre le trésor de la cathédrale : la « Telle du Conquest », la fameuse broderie – et non tapisserie – racontant la fourberie du comte Harold Godwinson et la bataille d’Hastings l’opposant à Guillaume, duc de Normandie, pour le trône d’Angleterre.

On y voit Harold prêter un serment sur des reliques, sans doute de soutenir le duc Guillaume quand viendra le moment de succéder au roi anglais Édouard le Confesseur. Mais quand ce dernier meurt, Harold, qui est son beau-frère, s’empare lui-même du trône. Ce parjure lui vaut d’être excommunié par le pape et justifie l’expédition armée de Guillaume en Angleterre. Peu de temps après, Harold est finalement vaincu et tué à la bataille d’Hastings. On le voit, c’est le point de vue normand qui prévaut: le bon duc Guillaume l’emporte sur le traître Harold et sa guerre est totalement justifiée (si ce n’est juste).

Harold prête serment devant le duc Guillaume

La légende veut que la tapisserie ait été réalisée par la reine Mathilde, épouse de Guillaume et ses suivantes. Mais, elle fut plutôt commandée par Odon, le demi-frère du conquérant, et évêque de Bayeux. En tout cas, elle fut réalisée peu de temps après l’invasion, au XIe siècle, dans l’espace anglo-normand (c’est-à-dire en Angleterre ou en Normandie). C’est un objet unique en son genre et même un rare exemple d’art non-religieux de cette époque.

Les bateaux de Guillaume voguent vers l’Angleterre

On ne sait pas dans quel endroit elle devait être accrochée. Traditionnellement, on pense à la cathédrale : elle aurait alors été exposée pour la première fois le 14 juillet 1077, lors de la consécration du bâtiment, puis chaque année à la même date. Le reste du temps, elle serait restée enfermée dans un coffre dans le Trésor. C’est l’hypothèse que je reprends dans l’album, mais la tapisserie a très bien pu être destinée à la salle principale d’un château. Nous ne le saurons sans doute jamais précisément.

Harold meurt pendant la bataille d’Hastings.

Il fallait en tout cas un espace de belle taille : composée de neuf panneaux, la tapisserie fait 68,38 mètres de long. Sa fin actuelle est en mauvais état. Peut-être est-elle bien complète et se termine-t-elle sur la mort d’Harold et la fuite de son armée. Mais beaucoup d’historiens pensent qu’il en manque un morceau. On ignore totalement ce qui a pu lui arriver : usure du temps, déchirure volontaire… Et dans ce dernier cas, par qui et pourquoi. Le mystère reste entier. Je suis aussi amusée à le résoudre dans le Conquérant. C’est un des grands plaisirs de l’autrice de fiction : remplir les « trous de l’Histoire » avec des explications toutes plus romanesques les unes que les autres.

Pour voir la Telle du Conquest dans son ensemble : Tapisserie de Bayeux

Jhen découvre la telle du conquest dans la cathédrale de Bayeux

Alix senator et Astérix

Dans la Forêt carnivore, nous n’avons pas seulement fait référence aux albums de Jacques Martin, nous avons aussi rendu hommage à un autre grand classique de la BD franco-belge : le Domaine des dieux.

César y présente une maquette de la future ville qu’il veut construire autour du village des irréductibles Gaulois pour les acculturer de force. Dans mon album, c’est Vanik qui présente une maquette du même genre de la nouvelle Alésia à Alix. Je ne pense pas que de tels objets existaient dans l’Antiquité, mais c’était trop tentant.

On s’amuse comme on peut.

Alésia : d’Alix à Alix senator

La Forêt carnivore peut se lire sans connaître la série Alix classique comme tous les autres Alix senator. Mais j’y reprends des thèmes déjà abordés par Jacques Martin en son temps dans deux de ses albums : le Sphinx d’or et Vercingétorix. On y voit la bataille d’Alésia et on y découvre les terribles destins des Gaulois vaincus.

C’est la première fois que Thierry Démarez et moi nous livrons à cet exercice. Alors nous avons voulu qu’il ne se situe pas seulement dans la trame du récit mais aussi dans sa forme. Ainsi quand Alix raconte ses souvenirs de la guerre des Gaules et de la mort de Vercingétorix à ses neveux, Thierry a plusieurs fois redessiné dans son style des cases utilisées par Jacques Martin. je vous laisse comparer 🙂

Alésia dans La Forêt carnivore

 

On s’est aussi amusés à jouer avec la vision de Jacques Martin des événements. Dans le Sphinx d’Or, il situe Alésia en hiver, sous la neige. Par la suite, il s’est rendu compte que la bataille avait eu lieu à la fin de l’été. Dans Vercingétorix, il donne donc une nouvelle version du siège perdu par les Gaulois. Alix senator est l’héritier de ses deux versions. Comment les concilier ? Et si tout cela, tous ces récits de jeunesse, étaient en fait des souvenirs du vieil Alix, des souvenirs fluctuants comme ils le sont tous ?

Alix raconte ses souvenirs à ses neveux…

Une jaquette pour Jhen

Pour accompagner la sortie du prochain Jhen la semaine prochaine, une jaquette est éditée à 500 exemplaires par les librairies Slumberland BD World en Belgique.

Elle reprend une couverture alternative réalisée par Paul Teng et mise en couleur par Céline Labriet pour l’album.

Un grand merci Cédric De Waele pour cette belle mise en avant du Conquérant.

Jhen : Guerre de Cent ans et Normandie anglaise

Le monde de Jhen a au moins un point commun avec celui du jeune Alix : il est en proie à des guerres multiples que rien ne semble pouvoir arrêter.

La France est ainsi en conflit avec l’Angleterre depuis… 1337. C’est la fameuse Guerre de Cent Ans. Le début du XVe siècle a été favorable aux Anglais. De 1417 à 1419, Henri V a conquis la Normandie. Caen est tombée dès le 19 septembre 1417 (huit jours après Bayeux) et Rouen le 13 janvier 1419, entrainant la reddition de la plupart des places de la région qui résistaient encore.

Les premières cases du Conquérant, Jhen tome 18.

Parallèlement, en mai 1418, les Bourguignons, alliés des Anglais, sont parvenus à entrer dans Paris et à en chasser le dauphin Charles et ses alliés, les partisans du comte d’Armagnac. La tentative de réconciliation s’est soldée l’année suivante par… l’assassinat du duc de Bourgogne par les hommes du dauphin.

En 1420, le nouveau duc soutient donc l’Anglais Henri V quand il impose le traité de Troyes au roi de France, le fou Charles VI. Le dauphin est déshérité et le souverain lancastre épouse une princesse française. Leur fils doit devenir le double monarque de l’Angleterre et de la France, tandis que la Normandie reste la pleine possession du monarque anglais.

Or, dès 1422, Henri V et Charles VI meurent tour à tour. Henri VI, encore bébé, doit donc succéder à son père et son grand-père sur les deux trônes. Mais le dauphin ne l’entend bien sûr pas ainsi. Il se proclame roi de France alors que sa cause semble proprement désespérée. Il faut la chevauchée de Jeanne d’Arc pour commencer à renverser la situation entre 1429 et 1431.

Quatre ans plus tard, quand commence Le Conquérant, l’aventure de Jhen que je vous propose, la Normandie est plus que jamais anglaise. Rouen est la capitale politique et militaire du duché tandis que la cour des comptes a été installée à Caen. À Caen aussi se trouve la nouvelle université fondée par le duc de Bedford, l’oncle du jeune roi qui exerce la régence pour lui. Marchands, clercs et soldats anglais se sont installés partout. Ils ont obtenu des terres confisquées aux Normands qui ont essayé de résister. Des réactions hostiles existent ça-et-là, mais globalement la conquête est bien acceptée.

La rencontre de Jhen et du duc de Bedford, à Bayeux.

Or en 1435, tout tourne mal pour les Anglais : le traité d’Arras marque la fin de la guerre civile entre les Bourguignons et les Armagnacs. Charles VII peut se consacrer entièrement à la reconquête des terres occupées par ses ennemis d’outre-Manche. Mais il faudra tout de même attendre 1450 pour que la Normandie soit à nouveau rattachée au royaume de France et la Guerre de Cent ans ne se terminera définitivement qu’en 1475.

Traces de la grande guerre… des Gaules

Dans le tome 10 d’Alix Senator qui sort la semaine prochaine, vous verrez que je remercie tout spécialement un bon copain : Pascal Mériaux. Pas le Pascal Mériaux qui fait partie de l’organisation du festival d’Amiens, mais le Pascal Mériaux des Éditions de la Gouttière.

Sans lui, je n’aurais sans doute pas pensé aborder les thèmes de la conquête de la Gaule par les Romains et surtout des terribles séquelles, physiques et psychologiques, laissées par les combats sur les combattants.

Pourtant, Alésia, la défaite gauloise, le sort des vaincus en général sont des thèmes très importants dans l’univers d’Alix. Avant d’être sénateur, il est lui-même un orphelin de guerre réduit en esclavage par ceux-là même qui ont tué son père. Ce sont les Parthes et non les Romains mais cela change peu de choses au final. Pourtant, c’est comme ça, sans Pascal, j’aurais sans doute laissé ces thèmes en friche encore un moment.

Heureusement, en 2017, il nous a parlés, à Denis et moi, d’un projet de collectif qu’il avait pour l’année suivante. Cela devait s’appeler Traces de la Grande Guerre et offrir des visions d’auteurs de la Première Guerre mondiale et des conflits en général. Nous avons tout de suite accepté de participer et nous avons entraîné dans l’aventure le reste de l’Atelier Virtuel. Mon histoire courte, Guerre éternelle, montre un garçon de la préhistoire découvrant que sa forêt allait être le lieu de batailles récurrentes pendant des siècles, des millénaires même. Je pensais surtout au nord de la France en écrivant ce scénario, et puis à ma région natale, la Lorraine, aussi.

Bien sûr, parmi tous ces combattants, je n’ai pas pu m’empêcher d’inclure des Romains. C’était trop tentant. C’est alors que j’ai eu le déclic : le prochain Alix senator que j’allais écrire devait parler de cette « guerre éternelle » et de ses traces indélébiles. J’ai commencé à me documenter sur la guerre des Gaules et à relire les albums d’Alix classique qui en parlaient. Et je me suis lancée…

Extrait de “Guerre éternelle”, dans le collectif Traces de la Grande Guerre, par l’Atelier virtuel. Éditions de la Gouttière.

Sans Pascal donc, sans ses Traces de la Grande Guerre, il n’y aurait pas eu de Forêt carnivore. Ça mérite bien un très grand merci, sur l’album, comme ici sur mon site.

Alix senator 10 : premières pages

Le tome 10 d’Alix senator, La Forêt carnivore, sera disponible dans toutes les bonnes librairies le 3 juin prochain.

Un petit rappel de l’intrigue ?

Après les terribles événements des Spectres de Rome, notre sénateur préféré a décidé de retourner en Gaule . Il veut retrouver ses racines et renouer avec la famille de son cousin Vanik. Mais il va découvrir que, si tout ou presque a changé depuis la conquête de César, le passé est loin d’être mort. La guerre des Gaules ne sera jamais vraiment terminée tant que des revenants hanteront la forêt d’Alésia.

En attendant tout pouvoir lire, voici les premières pages pour vous mettre définitivement l’eau à la bouche. Comme vous voyez, la première page fonctionne en écho avec la couverture ou plutôt c’est la couverture qui fonctionne comme en écho avec elle, comme si la même scène se reproduisait avec plusieurs dizaines d’années d’écart.

Sortie Alix senator et Jhen

Amis lecteurs, les nouvelles aventures d’ Alix Senator et de Jhen seront disponibles dans votre librairie préférée dès le 3 juin prochain.
Je suis très contente de les voir enfin “exister”, même si j’aurais aimé que les circonstances soient différentes évidemment.

Yuanyuan’s bubbles

Ô joie ! Yuanyuan’s bubbles, l’album que j’ai réalisé avec mes deux complices Steven Dupré et Cyril Saint-Blancat d’après une nouvelle du grand auteur de science-fiction Liu Cixin, est sorti en Chine depuis deux jours.

Il est accompagné de trois autres adaptations notamment celle de The wandering Earth, réalisée par deux experts en grand spectacle : Christophe Bec et Stefano Raffaele.

Ces albums sont édités à Pékin par Citic mais vous pourrez les retrouver aux éditions Delcourt sans doute l’année prochaine.

Merci encore à Corinne Bertrand et à FT Culture qui ont rendu possible cette grande aventure !