Bébé minotaure

Même les monstres ont été des bébés à qui on a fait des guili-guilis : ici le Minotaure sur les genoux de sa maman.
Kylix (vin à vin) antique, 340-320 avant notre ère, Cabinet des médailles, Louvre.

Publié le Catégories Histoire antique, Peinture
Partager LinkedIn

L’homme zodiacal

À la fin du calendrier des Très riches Heures du duc de Berry se trouve cette étonnante miniature qui montre comment la médecine et l’astrologie sont liées à la fin du Moyen-Âge. Chaque partie du corps de l’homme est reliée à un signe du zodiaque qui le gouverne: la tête au Bélier, le cou au Taureau, les épaules aux Gémeaux… Signes qui se retrouvent dans la double mandorle, la figure en forme d’amande qui entoure l’homme lui-même dédoublé.

Au quatre coins, on trouve des renseignements supplémentaires : les phrases latines décrivent chacun des signes en fonction des quatre humeurs (chaud, froid, sec ou humide) et des quatre tempéraments (colérique, mélancolique, sanguin et flegmatique) que les médecins du temps attribuaient aux organes, mais aussi aux quatre points cardinaux :
« le Bélier, le Lion et le Sagittaire sont chauds et secs, colériques, masculins, orientaux » en haut à gauche.
« le Taureau, la Vierge et le Capricorne sont froids et secs, mélancoliques, féminins, occidentaux » en haut à droite.
« Les Gémeaux, le Verseau et la Balance sont chauds et humides, masculins, sanguins, méridionaux » en bas à gauche ;
« Le Cancer, le Scorpion et les Poissons sont froids et humides, flegmatiques, féminins, septentrionaux » en bas à droite.

Toute maladie était interprétée comme un déséquilibre de ces humeurs qu’il fallait attendre le bon moment pour soigner. Bien sûr, cette approche est totalement invalidée de nos jours. Elle peut même se révéler très dangereuse: alors qu’on ignorait tout de la circulation sanguine à l’époque du duc de Berry, on pensait calmer les tempéraments trop sanguins par des saignées qui ne faisaient rien d’autre qu’affaiblir, voire tuer les malades.

©Photo. R.M.N. / R.-G. Ojéda

Des très riches heures, vous pouvez découvrir aussi :

les différents mois du calendrier : janvier, février, mars, avril, mai, juillet, août, septembre, octobre, novembre , décembre

une fête chrétienne illustrée dans le livre : l’Ascension

 

Flore

Pour célébrer le printemps, une fresque du 1er siècle italien représentant la déesse Flore.
Selon certains auteurs, elle était à l’origine… une prostituée richissime qui aurait légué toute sa fortune à Rome et que la ville aurait remercié en la divinisant. Ça laisse un peu rêveur…

Joseph et Georges

Aujourd’hui, c’est la saint Joseph : les catholiques fêtent l’époux de la vierge Marie et le père nourricier du Christ. Ce personnage qui apparaît tardivement dans les Évangiles de Matthieu et de Luc fut longtemps jugé très secondaire par l’Eglise (voire embarrassant: quelles ont été exactement ses relations avec la Vierge ?).

Ce n’est qu’au XVIe et surtout XVIIe siècle que son culte prend de l’ampleur. Et c’est pourquoi je vous en parle aujourd’hui : Georges de La Tour, que j’aime tant, lui a dédié deux de ses tableaux :

– L’Apparition de l’ange à Joseph, vers 1640, conservé aux Musée des Beaux Arts de Nantes. On y voit l’ange Gabriel sous la forme d’un enfant avertir Joseph en rêve que sa femme attend un enfant conçu par l’Esprit saint et destiné à laver le monde de ses péchés.

– Saint Joseph charpentier, vers 1645, conservé au Louvre. Joseph, censé exercé le métier de charpentier, perce un trou dans un morceau de bois sous les yeux de Jésus enfant qui l’éclaire déjà de sa bougie, comme il est censé devenir plus tard la « lumière du monde ».

 

 

 

Georges de la Tour

Aujourd’hui c’est l’anniversaire d’un de mes peintres préférés : Georges de la Tour. Il est né chez moi, en Lorraine en 1593. Il a peint de nombreuses scènes religieuses ou inspirées de la vie quotidienne, le tout dans la continuité du Caravage.

S’il a rencontré très vite le succès, La Tour a aussi connu les malheurs de la guerre de Trente Ans. Sa maison détruite, il a dû fuir à Paris avec sa femme. La paix revenue, ils rentrèrent dans la région mais quelques années plus tard, une grave épidémie les emporta tous les deux.

Longtemps oublié avec ses œuvres attribuées à d’autres, La Tour ne fut redécouvert qu’au vingtième siècle.

Voici quelques-uns de ses tableaux :

Luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem

ou « Le vice s’est abattu (sur Rome) et venge l’univers vaincu ». C’est cette sentence de Juvénal, un poète satirique latin, qu’a voulu illustrer le peintre Thomas Couture dans son œuvre monumentale : « Les Romains de la décadence » en 1847, conservée aujourd’hui au Musée d’Orsay.

Caractéristique du courant académique de cette époque ces « femmes nues dans des attitudes voluptueuses » (dixit l’historien Henri-Irénée Marrou) remportèrent un franc succès à leur époque. Une partie de la critique y vit la réconciliation des styles classique et romantique, ancien et moderne, mais d’autres commentateurs eurent la dent très dure avec le peintre. Il fut jugé pas à la hauteur de son sujet : « l’immense lâcheté et l’immense débauche de la vieille Rome » (Edmond Texier), suivant le fantasme que l’on se faisait à l’époque de la chute de l’empire antique.

C’était oublier que Couture était un Républicain anticlérical qui critiquait surtout la Monarchie de Juillet au pouvoir en France depuis le sacre de Louis-Philippe 1er en 1830. Entre 1846 et 1847, plusieurs des éminents soutiens du roi avaient été pris dans des scandales de corruption allant de la simple malversation à la pédophilie. D’ailleurs, comme chacun sait que de la décadence à la chute, il n’y a qu’un pas, la « révolution de Février » provoqua dès 1848 l’abdication de Louis-Philippe et l’avénement de la Deuxième République.

 

 

Combat de Carnaval et de Carême

Demain, c’est Mardi Gras, le dernier jour du Carnaval. Il sera suivi, pour les Catholiques, du Mercredi des Cendres, le premier jour du Carême. Ils passeront alors d’une période de fête à une période de pénitence qui ne finira qu’au moment de la fête de Pâques.
Le tableau de Pieter Brueghel l’Ancien ci-dessous illustre cette idée. C’est le « Combat de Carnaval et de Carême ». Peint en 1559, il montre une place de village flamand avec deux cortèges qui s’affrontent au premier plan. À gauche, du côté de l’auberge et de ses plaisirs, se trouve Carême assis sur un tonneau de bière orné de viande. À droite, du côté de l’église, on a Carême avec sa triste figure et ses poissons, symbole du jeûne, du temps où il est justement interdit de manger de la viande ou des œufs.
Je vous laisse découvrir la multitude des autres détails. Il ne manque que Charlie. 🙂

Le Carnaval

Le carnaval est de retour ces jours-ci de Venise à Dunkerque en passant par Rio.

Son nom dérive du latin « carnelevare », « enlever la viande » car il marque, pour les Chrétiens, le dernier moment où on peut manger de la viande avant le début du Carême, le jeune relatif, qui précède Pâques.

Mais le carnaval est aussi l’héritier de célébrations plus archaïques. A l’origine, les déguisements sont là pour rappeler et surtout conjurer les esprits de la nature et les démons qui risquent de faire basculer le monde dans le chaos. À la fin de la fête, ils sont symboliquement vaincus : le Roi Carnaval est brûlé et tout rentre dans l’ordre pour un an.

Ci-dessous: Le menuet ou scène de carnaval par Giandomenico Tiepolo, 1754-1755, Louvre

Très riches Heures du duc de Berry: mars entre printemps de féérie

Avec le mois de mars revient enfin le printemps au Moyen-Âge. On est alors très loin d’avoir plus de 20° en février et de craindre le réchauffement climatique. Au contraire, vers 1410-1420, on est en plein dans le petit âge glaciaire qui durera jusqu’à la fin du XIXe siècle. On est donc content de pouvoir labourer un champ, tailler sa vigne ou aérer le sol comme les paysans de cette peinture des très riches Heures.

Derrière eux, on voit le château de Lusignan, un des plus grands château fort de France situé dans le Poitou. Il appartient au duc de Berry qui l’a fait complètement rénové et « modernisé ». Mais il est surtout censé avoir été fondé par la fée Mélusine, une ancêtre légendaire du duc.
Quelques années auparavant, en 1392, le poète Jean d’Arras a composé pour lui la Noble histoire de Lusignan dans laquelle il raconte comment Mélusine interdisait à ses proches de venir la voir le samedi, jour de son bain. Lassé, son mari, Raymondin de Lusignan, finit par briser l’interdit. Hélas, il découvrit que sa femme était victime d’une malédiction : une fois par semaine, le bas de son corps se changeait en queue de serpent ! Découverte, Mélusine se transforma complètement en dragon et s’enfuit pour toujours par la fenêtre. C’est elle que l’on voit voler au-dessus de la tour de droite du château.

©Photo. R.M.N. / R.-G. Ojda

Dans les très riches Heures, vous pouvez découvrir aussi :

les autres mois : janvier, février, mars, avril, mai, juillet, août, septembre, octobre, novembre , décembre

une fête chrétienne illustrée dans le livre : l’Ascension

Un étonnant “homme zodiacal”

Des Martiens en Algérie

Plusieurs milliers années avant notre ère, les Martiens ont atterri dans le désert algérien, sur les plateaux rocheux du Tassili n’Ajjer. C’est du moins la conclusion ésotérique à laquelle sont arrivés de nombreux lecteurs d’« A la découverte des fresques du Tassili » d’Henri Lhote.

Dans les années 1956 -1957, ce très sérieux préhistorien réalisa une grande campagne de relevés des peintures et gravures rupestres du sud-est de l’Algérie. Il fut notamment marqué par une représentation humanoïde de 6 mètres de haut qu’il appela le… « grand dieu martien ». Lui-même y voyait un trait d’humour à une époque où la conquête spatiale et les soucoupes volantes étaient très à la mode. On est 20 ans après le canular radiophonique d’Orson Wells et le Spoutnik sera envoyé dans l’espace par l’URSS cette même année 1957.

Mais Lhote fut pris au pied de lettre en 1960 par Louis Pauwels et Jacques Bergier, les auteurs du « Matin des magiciens », un livre consacré aux « domaines de la connaissance à peine explorés », « aux frontières de la science et de la tradition ». Vendu à un million d’exemplaires, il interroge : « Les fresques découvertes dans la grotte de Tassili, au Sahara, représentent notamment des personnages coiffés de casques à longues cornes d’où partent des fuseaux dessinés par des myriades de petits points […]. Et s’il s’agissait de la représentation de champs magnétiques ? ». Pour les auteurs pas de doute : les peintures sont une preuve parmi d’autres « des visites d’habitants de l’extérieur » sur notre planète.

Bergier et Pauwels firent de nombreux adeptes et leurs idées persistent toujours auprès d’une partie du public qui reconnaît, par exemple, dans la procession ci-dessous un autre groupe de Martiens. Plus « scientifiquement », cet art rupestre saharien dit des « têtes rondes » reste difficile à dater et à interpréter, d’autant que des études des années 1990-2000 ainsi que les aveux d’un ancien membre de l’équipe de fouille de Lhote ont montré qu’une partie des gravures ont été réalisées pendant les fouilles à l’insu du scientifique.
Les autres sont aujourd’hui datées de 5 000 à 6 000 ans avant notre ère. Elles pourraient évoquer des personnes portant des masques, exécutant peut-être des danses rituelles.


Ci-dessous :
– Une procession de « Martiens » à tête ronde sur une paroi de Tassili. © Patrick Grubban
– Henri Lhote devant des gravures rupestres en 1967 © gbaku
– Le « grand dieu » de Sefar. © DSstrech
– Des touristes devant le grand dieu. © DSstrech