La bataille de Carrhes

Le 9 juin 53 avant Jésus-Christ a lieu la bataille de Carrhes, une des plus importantes de la fin de la République romaine puisqu’elle débarrasse César et Pompée de leur rival Crassus mais aussi une bataille fondatrice pour le futur sénateur Alix. Son père Astorix y participe et c’est suite à sa disparition que son fils devient esclave en Orient et que débutent ses aventures comme je le rappelle dans le tome 11 : l’Esclave de Khorsabad.

Tout ou presque a commencé l’année précédente quand Caius Licinius Crassus a été nommé gouverneur de Syrie. C’est le troisième homme du triumvirat qui se dispute le pouvoir à Rome et il compte bien profiter de la situation pour se couvrir de gloire et d’argent et l’emporter à terme sur César et Pompée.

Il commence par s’en prendre à Antioche puis à Jérusalem dont il pille le temple, puis il s’engage dans une grande campagne contre les Parthes avec une armée de plus de 40 000 hommes.

La bataille principale a lieu à Carrhes contre le général Suréna, ses 9 000 archers montés et ses 1 000 cataphrates, sa cavalerie lourde. Les Romains, qui ont sous-estimé la puissance des archers parthes sont progressivement acculés et enfoncés par les cavaliers. Trahis par les alliés qui formaient leur arrière-garde, ils finissent par paniquer et endurent des pertes très lourdes. Le fils de Crassus essaie bien de lancer sa propre cavalerie (dont la troupe gauloise dont fait partie Astorix dans la fiction) contre les Parthes mais il est finalement encerclé et massacré. La bataille est un désastre pour les Romains.

Crassus est même tué quelques jours plus tard pendant une entrevue avec Suréna qui dégénère. Puis, selon la légende, le général parthe fait couler de l’or fondu dans la bouche du cadavre pour se moquer de sa soif insatiable de richesses.

Au total, plus de 20 000 membres de l’armée romaine ont été tués et 10 000 réduits en esclavage. On ignore le sort de la plupart des autres. On sait seulement que seuls 300 des 40 000 hommes partis de Syrie y retournèrent sains et saufs. la plupart sont des Gaulois comme Iorix et les siens qu’Alix devra plus tard ramener en Gaule.

L’expansion romaine à l’est est arrêtée nette mais Suréna ne profite pas longtemps de sa victoire. Le jugeant sans doute dangereux après un tel succès, son propre roi Orodès II le fait rapidement exécuter.

Finalement, les seuls à profiter vraiment de la bataille de Carrhes sont César et surtout Pompée. Ils se retrouvent face à face à Rome. Leur duel à mort peut commencer.

La malédiction du pharaon

 

Le 4 novembre 1922, Hussein Abdel-Rassoul, un porteur d’eau au service de l’égyptologue Howard Carter, découvre au cœur de la vallée des Rois, la première marche d’un escalier qui s’enfonce dans le sol. Au bout se trouve le fameux tombeau de Toutânkhamon. En descendant à l’intérieur, Carter découvre un fabuleux trésor… et donne involontairement naissance à un classique de la culture populaire : la malédiction du pharaon !

La tombe de Toutânkhamon, décembre 1922, photo Burton, © Institut Griffith, université d’Oxford.

L’affaire commence au mois d’avril suivant quand meurt soudainement lord Carnavon, le commanditaire des fouilles archéologiques. Les journalistes ont beau jeu de rappeler le sinistre présage qui a précédé l’ouverture de la porte du tombeau. Le petit canari de Carter s’est fait dévoré par un cobra, l’animal protecteur traditionnel des pharaons.

Mais ce n’est pas tout. La presse va plus loin et invente une malédiction trouvée dans la dernière demeure de Toutânkhamon : « la mort touchera de ses ailes ceux qui profaneront ce lieu. » L’histoire remporte un grand succès populaire. Elle inspire Arthur Conan Doyle, grand adepte du spiritisme, qui parle de mauvais sorts jetés par les anciens Égyptiens sur les futurs profanateurs, et Agatha Christie qui écrit alors L’Aventure du tombeau égyptien. Tout cela finit de renforcer le pouvoir de fascination de la mystérieuse malédiction.

Dans les années qui suivent, les journaux reprennent donc cette thématique à chaque fois qu’une personne liée de près ou de loin à la découverte de la tombe meurt. Elles sont 27, jusqu’à Howard Carter lui-même en 1939.

Des scientifiques tenteront ensuite d’expliquer le phénomène : les torches du tombeau étaient imprégnées d’arsenic, des moisissures allergènes s’y étaient développées, la poussière avait provoquée des pneumonies asphyxiantes…

Bon, en fait, toute une foule de gens a approché le tombeau ou son contenu après sa découverte et il est juste normal qu’un certain nombre soit morts dans les années qui suivirent. D’ailleurs, toutes ces morts ont une explication rationnelle: lord Carnavon par exemple décède d’une septicémie causée par des piqures de moustiques infectées et Howard Carter des suites d’une cirrhose.

Mais, on est bien d’accord, c’est beaucoup moins amusant que penser que la malédiction du pharaon a eu raison des profanateurs venus troubler son sommeil éternel et voler son fabuleux trésor.

 

Osamu Tezuka

L’an passé, j’ai eu le grand plaisir de participer à un hommage au grand mangaka Osamu Tezuka. J’ai écrit une histoire courte sur le thème de la Vie de Bouddha avec Brice Cossu au dessin. Elle a été publiée au Japon. J’espère qu’elle le sera un jour en France.
En attendant, laissez-moi vous présenter le maître Osamu Tezuka lui-même.
Il est né le 3 novembre 1928 naissait à Toyonaka et, comme son père possédait un projecteur de film, il eut accès très jeune aux films de Charlie Chaplin et à ceux de Walt Disney. Il fut particulièrement marqué par Bambi et cela influença ensuite grandement son style graphique.

Il commença aussi à dessiner dès l’enfance et publia ses premiers mangas dès 1946. Il continua tout en entamant des études de médecine à l’université d’Osaka. Dès 1947, il rencontra son premier succès avec La Nouvelle Île au trésor réalisée en collaboration avec Shichima Sakai. Ils en vendirent plus de 400 000 exemplaires.

En 1952, Tezuka créa Astro Boy qui fit rêver des générations d’enfants tout autour du monde :

Pour répondre aux impératifs de productivité du manga, Tezuka alla s’installer à Tokyo en 1953 à la villa Tokiwa. Il s’y entoura de toute une équipe de dessinateurs qui l’assistaient dans ses planches: ils cherchaient la documentation, faisaient les décors, les trames…

Huit ans plus tard, Tezuka fonda des studios d’animation : Mushi production. Cette indépendance lui permit d’innover autant qu’il le voulait et de développer des courts métrages expérimentaux comme Tableaux d’une exposition en 1966. Parallèlement, Tezuka adapta ses manga en dessins animés. Astro Boy devint en 1963 la première série animée à diffusion hebdomadaire. Deux ans plus tard, Le Roi Léo fut une des premières séries en couleurs.
Malheureusement, les studios Mushi firent faillit en 1973. Tezuka dut fonder une nouvelle société : Tezuka Productions.

Il continua à dessiner jusqu’à sa mort le 9 février 1989 à Tokyo. « Dieu du manga », il reçut des funérailles nationales.

Au total, Tezuka et ses studios réalisèrent plus de 700 œuvres originales, plus de 170 000 pages dessinées et environ 70 séries animées, longs et courts métrages d’animation.
Ils abordèrent un grand nombre de thèmes historiques, fantastiques et même religieux (La Vie de Bouddha). Ils publièrent autant pour le jeune public que pour les adultes. L’Histoire des 3 Adolfs ou Ayako sont autant de fictions dramatiques sur les errements des hommes pendant et après la Seconde Guerre Mondiale.

Plus de 120 millions mangas ont été vendus depuis la mort de Tezuka.

Hors du Japon, ses œuvres connurent également un grand succès, même si les réticences, si ce n’est les oppositions furent nombreuses. Disney s’opposa ainsi longtemps à la diffusion des séries animées du mangaka par crainte de la concurrence qu’elles représentaient pour ses propres productions.
En France, les séries animées Astro mais aussi Princesse Saphir et Le Roi Léo furent diffusées seulement dans les années 80. Quelques mangas furent aussi publiés à cette époque mais dans une indifférence assez générale. Il fallut attendre les années 2000 pour que les traductions se multiplient et connaissent une diffusion plus importante.

Fleurir les tombes : une coutume antique

Les tombes du cimetière de Remiremont ont été bien fleuries en ce jour de la Toussaint. Photo A.R. Anthony RIVAT

 

Aujourd’hui, jour de Toussaint et veille du jour des défunts, certains d’entre vous se livreront sans doute à la coutume bien ancrée chez nous d’aller fleurir la tombe de leurs proches disparus pour leur manifester une nouvelle fois leur affection. On pense souvent que ce rituel à une origine chrétienne mais il n’en est rien, au contraire.

Orner les tombes de fleurs est une pratique tout ce qu’il y a de plus païenne au départ. Les Grecs réalisaient pour leurs disparus des couronnes et des guirlandes d’amarantes, de myrtes, de roses ou d’iris. À Rome, on préférait plutôt le lis, les roses, l’asphodèle, le safran ou le buis.

Plus tard, au Moyen-Âge, l’Église catholique condamna même cette coutume et seul resta dans les cimetières l’if, un arbre que sa longévité faisait considérer comme sacré.

Ce n’est qu’avec la Révolution, sa volonté d’abandonner les pratiques chrétiennes et de revenir à celles des Grecs et des Romains, que les fleurs firent leur grand retour sur les tombes. Progressivement, elles devinrent les symboles du deuil romantique et toutes les couches de la population s’en emparèrent.

De nos jours encore, elles restent un incontournable de la fête de la Toussaint au point que les fleuristes ont obtenu de rester ouverts un dernier week-end avant de fermer pour le reconfinement.

——————
Si cela vous intéresse :

Halloween

Célébrée dans la soirée du 31 octobre, veille de la Toussaint chrétienne, Halloween est une fête d’origine païenne, provenant des îles anglos-celtes.

Son nom est une contraction de l’anglais (et non du Celte) « All Hallows-Even » = « the eve of All Hallows’ Day » = « la veille de tous les saints ». Cependant, la plupart des historiens du folklore européen considèrent Halloween comme une survivance de Samain, une fête célébrée au début de l’automne par les Celtes qui marquait plutôt pour eux le nouvel an. La nuit de Samain n’appartenait ni à l’année qui se terminait ni à celle qui commençait. C’était le moment où l’autre monde se confondait avec le monde réel et où les mortels pouvaient communiquer avec les morts et les divinités.

De leur côté, les catholiques ont commencé à commémorer les martyrs à Rome à partir de 619. Ils le faisaient le 13 mai, jour des anciennes Lemuria, pendant lesquelles les Romains païens conjuraient les mauvais spectres. Mais, au IXe siècle, le pape Grégoire IV transforma cette fête en célébration de tous les saints et la déplaça au 1er novembre, peut-être pour christianiser Samain et ses équivalents locaux.
Puis, en 998, les moines de Cluny commencèrent à célébrer tous les fidèles morts le 2 novembre. Rome adopta officiellement cette fête des défunts au XIIIè siècle.

Mais la fête du 31 octobre, resta toujours une fête très populaire en Irlande, en Écosse et au Pays de Galles. D’ailleurs Jack-o’-lantern, la citrouille lanterne, est elle-même dérivée d’une légende irlandaise.
Jack aurait été un ivrogne, un avare qui joua plusieurs fois des tours pendables au diable. A sa mort, il ne put donc entrer ni au paradis, ni en enfer : il fut condamné à errer éternellement avec un navet creusé et contenant un charbon ardent pour s’éclairer.

Au XIXe siècle, apparut, toujours en Irlande et en Écosse, une nouvelle tradition : les enfants allaient de maison en maison pour prier et chanter en échange de « soul cakes ». Cela s’exporta aux État-Unis et au Canada en même temps que le reste de la fête d’Halloween avec l’arrivée massive d’émigrants irlandais et écossais sur le sol américain, notamment à la suite de la Grande famine en Irlande (1845-1851). Vers 1930, cette pratique y devint le « trick-or-treating ». Aujourd’hui, les enfants se déguisent toujours en petits monstres et visitent toujours leur quartier orné de squelettes, de citrouilles maléfiques et de chapeaux de sorcières pour récolter des bonbons.

En France, la célébration d’Halloween s’est développée surtout dans les années 90 du siècle dernier à l’initiative de quelques grandes marques. Mais, vue surtout comme un phénomène commercial et marketing, elle s’est essoufflée progressivement (jusqu’à son retour en force grâce à un prochain effet de mode ?).
Les églises chrétiennes cherchent d’ailleurs à en décourager la célébration qui concurrence pour eux la Toussaint et la fête des morts.

Alix l’Intrépide offert avec L’Esclave de Khorsabad

Le 4 novembre prochain, le tome 11 d’Alix Senator, L’Esclave de Khorsabad sort en librairie… avec l’album Alix l’intrépide en cadeau.

Si vous êtes lecteur de la série originelle, ça ne vous surprendra pas. Vous avez dû reconnaître d’emblée une allusion aux toutes premières aventures d’Alix dans le titre du prochain album du sénateur. Les deux livres sont bien liés, un peu comme La Forêt carnivore était liée aux albums d’Alix sur Alésia et Vercingétorix. Une deuxième (et dernière) fois, le sénateur revient sur les traces de son passé.

Bien sûr, ne pas connaître le premier épisode de sa longue histoire ne vous empêcherait pas d’apprécier le retour d’Alix à Khorsabad. Mais pourquoi s’en priver ?

Alix senator 11 : premières pages

Le tome 11 d’Alix senator, La Forêt carnivore, sera disponible dans toutes les bonnes librairies le 4 novembre prochain.

Un petit rappel de l’intrigue ?

Sur les traces de son passé en Assyrie, Alix est enlevé par un grand seigneur parthe. Pour rallumer la guerre avec Rome, le chef oriental a besoin d’or, de beaucoup d’or. Alix est le dernier, croit-il, à connaître la cachette du trésor perdu de Khorsabad, la ville où le Gaulois avait été réduit en esclavage au début de ses aventures. Alix, aidé d’un compagnon qui ressemble étrangement à Enak jeune, parvient à s’échapper. Forcé de se réfugier dans les ruines de Khorsabad, deviendra-t-il l’ultime esclave de la cité maudite ?

pour vous mettre l’eau à la bouche, voici les premières pages de l’album :

Saint Denis, céphalophore

Aujourd’hui 9 octobre, les catholiques fêtent la saint Denis, le légendaire premier évêque de Paris et surtout le saint « céphalophore » par excellence, « céphalophore » c’est-à-dire qu’il porte sa tête dans ses mains. Le mot vient du grec : képhalê (tête) et phorein (porter).

Mais comment saint Denis en est-il arrivé là ?

Statue de saint Denis sur le portail de Vierge à Notre Dame de Paris.

Selon la légende, Denis avait été envoyé par le pape évangéliser la Gaule et s’était installé à Lutèce, le future Paris, quand éclatèrent les persécutions anti-chrétiennes de l’empereur Dèce vers 250-275. Repéré par le gouverneur romain de la ville, le futur saint fut décapité avec deux compagnons, Éleuthère et Rustique, sur la butte appelée ensuite Monmartre (mons Martyrum, le « mont des Martyrs »).

Mais ses aventures ne s’arrêtèrent pas là : au lieu de s’écrouler, Denis ramassa sa tête et marcha environ six kilomètres vers le nord. Là, il confia sa tête à une certaine Catulla, et tomba enfin mort sur le sol. Il fut enterré à cet endroit. On y édifia ensuite la basilique qui porte encore son nom de nos jours.

Le Martyre de saint Denis par Léon Bonnat, vers 1880, Panthéon de Paris.

Conrad et Paul

Je lis depuis une vingtaine d’années des aventures de Conrad et Paul dessinées par Ralf König. Contrairement à la plupart des personnages de BD, ils ont vieilli, comme leurs lecteurs. Et, encore une fois, Ralf König est parvenu à me faire rire avec un sujet qui ne me concerne pas et qui n’a rien d’amusant au premier abord : l’andropause vécue par un couple gay de Cologne.

Si Conrad, l’artiste sensible, prend cela avec philosophie, Paul, le « Batman du sexe », le « Grand Cerf de GayRomeo », est en pleine tragédie (grecque, voir la couverture). Mais il faut bien que vieillesse se passe : les vacances à Pompéi et les aventures avec les serveurs italiens comme les mini shorts latex et les soirées cuir au Chains sont bien loin pour nos héros et ne reviendront plus.

Heureusement, il leur restera toujours l’essentiel : la tendresse, la complicité, le viagra et les fusées d’artifice (hein ?).

« l’Automne dans le pantalon » par Ralf König, Éditions Glénat.

Carpe diem ou le squelette de Pompéi

Cette mosaïque représentant un squelette, à l’anatomie disons… inventive (et amusante), a été découverte à Pompéi et est actuellement exposée au Musée de Naples. On l’a surnommée « carpe diem », en référence à une célèbre ode d’Horace, un poète épicurien romain.

Le dernier vers de l’ode d’Horace « carpe diem, quam minimum credula postero. » résume l’œuvre toute entière. En Français, ça donne : « Cueille le jour, et ne crois pas au lendemain. »
Puisque l’avenir est incertain et que nous sommes tous destinés à mourir, il faut profiter pleinement de chaque journée.

Ce n’est pas une apologie de la recherche effrénée du plaisir aux dépens de tout le reste, comme on le croit souvent. C’est plutôt un appel à apprécier le présent au travers d’une certaine discipline de vie. Pour les épicuriens, il faut éviter tout autant les désagréments que les excès de plaisir si on veut trouver le vrai bonheur.