Le scénariste Jacques Lob est né le 19 août 1932 à Paris.
Il est l’auteur avec Georges Pichard de « Blanche Epiphanie » et d’un récit pour lequel j’ai une affection particulière : un « Ulysse » un peu érotique et très SF où les dieux sont en fait des aliens pourvus d’une technologie très avancée.
Mais, bien sûr, Lob a écrit beaucoup d’autres albums : de « Superdupont » pour Gotlib, de « Lone Sloane » pour Philippe Druillet ou du « Transperceneige » pour Alexis et Jean-Marc Rochette par exemple.
Détail (in)signifiant : il est le seul scénariste à avoir reçu le Grand Prix du Festival d’Angoulême. C’était en 1986.
Pluto, le chien de Mickey, apparaît pour la première fois à l’écran le 18 août 1930 dans « La Symphonie enchaînée ». Mais il n’a pas encore son nom. Il ne l’acquiert que l’année suivante dans « La Chasse à l’élan ». On peut s’étonner que ce paisible animal, inspiré des chiens de Saint-Hubert et sans caractéristique anthropomorphe, ait été pourvu du nom du dieu des Enfers romains.
Un chien de Saint-Hubert
C’est normal, on fait alors fausse route: Pluto ne porte pas le nom d’une divinité infernale mais celui… de la planète Pluton. Elle venait d’être découverte en février 1930 et Walt Disney, désirant distraire le public américain déprimé par la crise économique voulait alors « créer quelque chose de nouveau et d’amusant ».
Le public adhéra et, de 1930 à 1953, sa période « classique », Pluto apparut dans 109 dessins animés. La production ralentit ensuite mais le chien demeure présents dans les productions Disney jusqu’à aujourd’hui. Côté bande dessinée, seule 83 histoires de Pluto furent publiées en France mais il en sortit plusieurs centaines aux État-Unis.
L’Atelier virtuel participe cette année au collectif Traces de la Grande Guerre, publié par les Éditions de la Gouttière avec une histoire courte de 8 pages : Guerre éternelle.
J’ai eu le plaisir d’en faire le scénario.
Au dessin, il y aura : Denis Bajram, Brice Cossu, Alexis Sentenac, Johann Corgié, Stef Djet, Nicolas Siner, Julien Carette, Malo Kerfriden, Christelle Robin, et Thibaud De Rochebrune
Et à la couleur Yoann Guillo !
Parfois on se demande pour qui on travaille. Je passe quand même un certain temps à rédiger les cahiers supplémentaires des éditions premiums d’Alix Senator. Non pas que ça me demande beaucoup de recherches: je les ai faites avant pour préparer les histoires de chaque album. Mais contracter une documentation historique conséquente en quelques pages attractives et accessibles à tous, je peux vous dire que c’est du boulot.
Et puis, on tombe sur une critique de la version premium du tome 7 d’Alix Senator qui vante « une nouvelle fois un somptueux dossier de huit pages pour contextualiser son récit. » avant consacrer un petit paragraphe au sujet : « Sous le titre évocateur de Voyage aux Enfers, le dossier détaille les us et coutumes funéraires des Romains, ce qui donne l’occasion de découvrir les véritables cultes voués aux personnalités incontournables de l’Antiquité romaine. Mangin revient aussi sur les dieux liés à la mort, ainsi que sur la province de Campanie (le lieu où se déroule cette histoire), pour présenter ses hauts lieux, et les événements marquants qui s’y sont déroulés. Passionnant et toujours brillamment illustré par Thierry Demarez. »
Le 15 août est férié chez nous en l’honneur de l’Assomption de Marie, une grande fête catholique.
Pour les croyants, la Vierge Marie, la mère du Christ, n’est pas morte comme tout un chacun, mais elle est directement montée au Ciel ou, selon l’expression consacrée, « entrée dans la gloire de Dieu ».
Cet épisode de la vie, si j’ose dire, de Marie ne vient pas du Nouveau testament. Aucun Evangile n’en parle. Les premiers à le faire sont des auteurs ecclésiastiques orientaux du IVè siècle après Jésus-Christ. Trois cents ans plus tard, l’Occident a adopté cette tradition et le pape Théodore institue officiellement la fête correspondante. Elle prend le nom d’Assomption au VIIIè siècle.
La fête a ensuite une importance particulière en France, surtout après 1638. Le roi Louis XIII qui vient enfin d’avoir un fils après 23 ans de mariage (le futur Louis XIV), remercie alors la Vierge de son aide (!) en lui consacrant le royaume et en instaurant des processions tous les 15 août.
Mais la fête n’est définitivement consacrée que le 1er novembre 1950 (!) quand le pape Pie XII proclame que l’Assomption est un dogme, c’est-à-dire une vérité révélée par Dieu rendue simplement explicite par l’Eglise.
Les chrétiens orthodoxes célèbrent aussi la Vierge le 15 août lors d’une fête proche de l’Assomption: la Dormition. Pour eux, Marie a bien été élevée au Ciel comme pour les catholiques, mais pas « directement ». Elle est auparavant morte et a dû être ressuscitée par son fils.
De leur côté, les chrétiens protestants rejettent et l’Assomption et la Dormition. Ces fêtes relèvent pour la plupart de l’idolâtrie : ils reprochent aux catholiques et aux orthodoxe de vouer à la Vierge une adoration qui n’est destinée qu’à Dieu. Ceux qui continuent à fêter le 15 août comme les luthériens ou les anglicans parlent seulement de la « fête de Marie ».
Ci-dessous :
l’Assomption de la Vierge Marie par Fra Angelico, panneau de reliquaire, 1432 env., Isabelle Stewaer Gardner Museum, Boston.
l’Assomption de la Vierge Marie par Philippe de Champaigne, 1671, Musée Thomas henry, Cherbourg -Octeville
Hier soir, je suis tombée sur ces images du forum romain sous les eaux en 1890 et 2011.
1890
2011
Cela peut paraître très étonnant mais le Tibre inonde régulièrement la place depuis les débuts de la ville.
A l’origine, au Xè siècle avant notre ère, les futurs Romains vivent uniquement sur les collines. La plaine qui deviendra le forum, régulièrement inondée par le Tibre, n’est utilisée que comme nécropole. Mais comme la population grandit, les villages finissent par la rejoindre.
Elle commence à être aménagée au 7è siècle avant Jésus Christ avec un simple sol en terre battue. Selon la tradition, le roi Tarquin l’Ancien (un roi légendaire) organise alors le premier drainage des eaux du marais vers le Tibre grâce à un canal à ciel ouvert. C’est le début de ce qui deviendra la cloaca maxima, le grand égout de Rome.
Le marais est ainsi progressivement assaini mais cela n’empêche pas le Tibre de continuer à déborder.
Au XIXè siècle pour essayer de protéger la ville, on construit de hauts murs entre elle et le fleuve. Mais comme je vous le montrait dans mon post précédent, ça ne marche pas à tous les coups.
Depuis Abyme, j’avais de nouveau envie de raconter une histoire au cœur de ma bonne ville de Bayeux. Alors quand Casterman m’a proposé d’écrire une aventure de Jhen, le Alix du Moyen-âge, je n’ai pas hésité longtemps. C’était « oui » mais à condition qu’il se déroule chez moi, à l’ombre de la cathédrale Notre Dame et de sa tapisserie de la reine Mathilde. Heureusement pour moi, et Casterman et le dessinateur Paul Teng ont été d’accord.
Voici donc une première case du Conquérant, le futur tome 17 des aventures de Jhen, à paraître l’an prochain. Vous voyez, rien ne sera épargné au héros.
Le 9 août 48 avant Jésus-Christ, Pompée perd la guerre civile contre César. Celui-ci a déjà franchi le Rubicon et marché sur Rome. Il a aussi déjà défait les meilleures légions de son adversaire en Espagne. Il ne reste plus au futur dictateur qu’à poursuivre Pompée en Grèce où il s’est réfugié.
Mais ne croyez pas que ce dernier soit vaincu d’avance. Toujours soutenu par le Sénat romain, il est parvenu à rassembler plusieurs dizaines de milliers hommes, à remporter une première victoire sur César près de Dyrrachéion (Albanie actuelle) et à le contraindre à se replier. De plus, il est opportunément rejoint par le gouverneur de Syrie et ses deux légions.
Bref, quand Pompée installe son camp près de Pharsale (nord-est de la Grèce), la victoire finale est clairement à sa portée. Il dispose de 45 000 soldats dont 7 000 cavaliers quand César ne peut aligner que 22 000 hommes dont 1 800 à cheval. Mais, malheureusement pour Pompée, son adversaire comprend d’emblée, rien qu’en observant son ordre de bataille, quelle tactique il compte employer et il prend immédiatement les mesures nécessaires pour la contrer. Surpris, les cavaliers pompéiens prennent la fuite peu de temps après l’engagement. Les soldats de César commencent alors à décimer les frondeurs et les archers ennemis avant de prendre le gros des soldats à revers. Deux des légions de Pompée doivent très vite se replier. C’est la fin. Progressivement, toute l’armée pompéienne perd pied et se fait massacrer en tentant de prendre la fuite.
Pendant ce temps, l’imperator est retourné dans son camp et a ordonné à ses gardes de le défendre coute que coute. Cela ne suffit pas. César finit par s’en emparer. Pompée a juste eu le temps de prendre une nouvelle fois la fuite. Il se réfugiera en Égypte où il sera assassiné dès son arrivée par des conseillers du pharaon voulant faire plaisir à son adversaire.
Il est difficile de savoir combien de victimes, la bataille de Pharsale aura fait exactement. César racontera qu’il n’a perdu que 230 soldats contre 15 000 pour Pompée dont 20 sénateurs et même un ancien consul. A l’en croire, le dictateur aurait aussi fait 24 000 prisonniers et surtout pris 180 enseignes et 9 aigles de légion.
Le mois d’août tire son nom de celui de l’empereur Auguste, c’est la contraction d’ « Augustus mensis ».
Il n’est pas le premier à avoir eu cet honneur. Dès 44 avant Jésus-Christ, Marc Antoine avait fait renommer le mois de « quintilis », en « julius », notre juillet, en l’honneur du dictateur mort. César était né pendant ce mois. De plus, les mois précédents de « ianuarius » à « junius » portait « déjà » des noms de divinités.
Il faut dire que César avait été un grand réformateur du calendrier romain. Il avait bien conservé les douze mois républicains mais il avait fixé le début de l’année au 1er janvier (et non plus au 1er mars), instauré le principe des années bissextiles tous les 4 ans et adapté le nombre de jours des mois pour que le calendrier se cale sur l’année solaire de 365,25 jours (365,2422 en fait ce qui amènera une autre réforme de notre calendrier occidental au 16è siècle).
Mais la réforme césarienne fut mal appliquée à Rome. Les pontifes intercalèrent un jour supplémentaire tous les 3 ans au lieu de tous les 4 ans. Auguste dut faire corriger leur erreur en omettant plusieurs années bissextiles. Ce fut l’occasion pour le Sénat de prouver son attachement à l’empereur en donnant son nom au mois de « sextilis » suivant le mois de « julius », comme Auguste avait suivi César. La flatterie était sophistiquée.
D’autres empereurs tentèrent bien de changer aussi le nom des mois : Néron renomma « aprilis » en « neroneus » par exemple. Mais aucune de ces nominations ne leur survécut.
La Jeanne d’Arc dont Jeanne Puchol et moi vous parlerons demain mardi et après-demain sur France Culture est très particulière : c’est une Jeanne sorcière (oui, les Anglais avaient raison…) et féministe.
Je m’étais expliquée de ces choix très particuliers dans la préface de l’album. Je vous la remets ici :
” Ecrire une Jeanne d’Arc en 2010 est devenu risqué : le personnage historique a complètement disparu derrière la figure patriotique célébrée chaque 1er mai par le Front national. On se trouverait facilement suspecté d’être un sympathisant du même parti. C’est oublier bien vite que Jeanne a longtemps été un symbole de gauche : celui de la fille du peuple abandonnée par le roi de France puis martyrisée par l’Eglise.
Alors Jeanne, vierge en armure ou victime des puissants ? A mon sens, aucune des deux. Dans Moi, Jeanne d’Arc, j’essaie de montrer un troisième visage de la Pucelle d’Orléans, celui d’une femme libre et émancipée qui choisit son destin, fût-ce au prix de la pire mort qui soit. Après tout, la Jeanne historique refusa le choix offert à son époque à toutes les jeunes filles : devenir épouse et mère ou religieuse. Au contraire, elle devint chef de guerre. Encore aujourd’hui beaucoup sont surpris de voir une femme s’accomplir dans l’armée. Les clichés sur la douceur et la sensibilité féminine ont la vie dure.
Mais pourquoi avoir fait de Jeanne d’Arc une sorcière ? Sans doute un peu pour énerver les tenants extrémistes de sa sainteté tardive, je le confesse. Mais surtout pour donner des racines à ses choix de vie, les inscrire dans une culture féminine à la fois riche, fertile et totalement en marge de la société. Ce n’est pas pour rien que l’une des premières revues féministes s’est intitulée Sorcières. Devenir l’une de ces magiciennes, c’est à la fois rompre avec le rôle traditionnel de la femme et s’affirmer comme femme avant tout. J’ai beaucoup de sympathie et d’admiration pour celles qui ont relevé ce défi. Et je serais fière qu’on me fasse des procès en sorcellerie pour cet album. ”