Le 4 septembre 476 est la date qu’on considère de manière traditionnelle comme marquant la fin de l’empire romain d’Occident.
Ce jour-là, le petit empereur Romulus Augustule était déposé par le chef de guerre Odoacre qui renvoya ensuite les insignes impériaux à Zénon, l’empereur d’Orient.
Romulus, à peine âgé de 14 ans, avait été proclamé empereur d’Occident par son père, Oreste, le commandant suprême de l’armée romaine, après un coup d’État en octobre 475. C’est, bien sûr, ce dernier qui gouvernait en réalité.
Quelques mois après sa prise de pouvoir, Oreste dut faire face à une révolte de mercenaires menés par Odoacre, un prince skire — un peuple de Germains originaire du nord-est de la Pologne actuelle. Pour prix de leurs services, ils réclamaient le tiers des terres de la péninsule italienne ! Oreste refusa de les leur donner mais en vain. Le 28 août 476, ils remportèrent à Plaisance la victoire décisive sur ses troupes et il fut rapidement exécuté.
Odoacre se dirigea ensuite vers Ravenne où demeurait Romulus Augustule – les empereurs avaient abandonné Rome depuis longtemps. Il l’atteignit le 4 septembre et obligea le jeune empereur à abdiquer immédiatement. Celui-ci était de toute façon incapable de commander une armée et manquait de soutien parmi une population qui n’avait plus rien contre « les Barbares » depuis longtemps.
Après sa déposition, Romulus ne fut sans doute pas exécuté – preuve du peu de considération qu’Odoacre lui portait. Le Germain lui accorda sans doute une rente (!) et l’envoya vivre chez des parents en Campanie. Il semble finalement avoir habité plus d’une trentaine d’années au Castellum Lucullanum, une villa fondée par Lucullus, un général contemporain de César, transformée en fort puis en monastère.
Ci-dessous, je vous propose le tableau peint par Jean-Paul Laurens en 1880. Il n’est pas censé représenter Romulus, mais un autre empereur d’Occident : Honorius, avec un apparat très oriental. Mais je vous avoue qu’à chaque fois que je vois cet enfant avec ces insignes impériaux trop grands pour lui, je ne peux m’empêcher de penser plutôt au “dernier empereur d’Occident”.
Selon la mythologie grecque, le jeune dieu de l’Ivresse, Dionysos, fit un long voyage autour de la Méditerranée.
Un jour, se faisant passer pour un simple mortel, il prit un bateau tyrrhénien pour aller sur l’île de Naxos, dans les Cyclades. Mais il était tombé sur des pirates et bientôt ils changèrent de direction pour aller le vendre comme esclave en Orient.
Aussitôt, le dieu révéla sa vraie nature. Des flutes invisibles se mirent à retentir, des sarments de vignes envahirent le navire et les rames se changèrent en serpents. Paniqués, les marins se jetèrent à l’eau pour leur échapper et Dionysos les transforma alors en dauphins.
C’est ce récit qu’illustre l’étrange kalpis étrusque du VIe siècle avant notre ère ci-dessous.
Un “kalpis” est un vase servant à transporter de l’eau.
Ça y est… Les tomes 11 d’Alix Senator sont bouclés. Vous pourrez donc retrouver les éditions classiques et premium dans toutes les bonnes librairies de l’empire dès le 4 novembre prochain.
Pour vous mettre en bouche, voici les deux premières cases de l’Esclave de Khorsabad. Je laisse les exégètes d’Alix et de l’Histoire romaine se pencher sur toutes leur significations possibles.
Hatchepsout fut reine ou plutôt pharaon d’Égypte au XVe siècle avant notre ère.
Sculptée dans du granit rouge, cette grande chimère tire pour moi tout son charme du contraste entre son puissant corps de lion et le visage attentif et bienveillant, je dirais presque empreint de tendresse, de la souveraine.
Celle-ci n’en porte pas moins les traditionnels attributs de la royauté égyptienne : le némès, la coiffe, mais aussi… la barbe postiche.
Amateurs d’ex-libris, la Librairie-Galerie Brüsel située sur le boulevard Anspach et managée d’une main de maître par Reynold Leclercq, en a réalisé ce mois-ci pour les derniers Jhen et Alix Senator. Vous pouvez les voir ci-dessous.
Si vous ne pouvez ou ne voulez pas vous déplacer, vous pouvez commander les albums avec eux dans la boutique en ligne : les ex-libris Brüsel.
Le plaisir du lundi : je suis aujourd’hui l’invitée d’ ActuaBD.
Charles-Louis Detournay m’a longuement et savamment interviewée sur Alix Senator (version classique et premium) et Jhen. Et c’était très agréable de répondre à autant de questions à la fois pertinentes et passionnées. Merci à lui 🙂
Dans le cahier historique de l’édition premium du tome 10 d’Alix senator, je vous parle longuement de la guerre de la Gaule. Elle est à l’origine de la nouvelle aventure de notre sénateur préféré. Plus particulièrement Alix ne serait pas devenu Alix sans la tragique épopée de Vercingétorix. De Gergovie à Alésia, ce jeune chef Arverne parvint à soulever et unir tous les peuples gaulois et faillit bien renverser en sa faveur le sort des combats.
Vercingétorix
Vercingétorix est né vers – 80 dans l’actuelle Auvergne. Il est le fils du chef d’une importante tribu arverne. Son père aurait été mis à mort pour avoir essayé de rétablir la monarchie à son profit. « Vercingétorix » signifierait d’ailleurs « chef suprême des guerriers ». On s’interroge encore pour savoir si c’était véritablement le nom du jeune arverne ou bien un simple titre générique. On se demande aussi s’il ne fut pas un allié, voir un officier de cavalerie de César avant sa grande révolte. En tout cas, comme beaucoup d’aristocrates du sud des Gaules, il devait avoir déjà adopté la mode romaine, coupé sa moustache et ses cheveux et portait même peut-être la toge.
Statère d’électrum vers 60 av. J.-C., au nom de Vercingétorix, il pourrait y être représenté sous les traits du dieu Apollon. On remarque le « s » final : « Vercingetorixs ». Département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France.
Pourquoi une insurrection gauloise généralisée ?
Sa révolte contre les forces romaines débute en 52 avant notre ère. César est depuis sept ans en Gaule. L’année précédente, il a commis une terrible « erreur ». Il a dévasté les territoires des Éburons qui s’étaient révoltés contre lui et il les a tous, sans exception, exécutés. Ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’il commet un crime de guerre. Par là, il espère bien supprimer toute velléité de révolte. Mais c’est le contraire qui se produit : tous les peuples gaulois, ou presque se soulèvent. L’insurrection débute le 23 janvier 52 avant notre ère, quand les Carnutes tuent tous les Romains présents dans la cité de Cénabum. À cette nouvelle, Vercingétorix, parvient lui aussi à soulever son peuple contre les envahisseurs. Très vite, les autres tribus gauloises le reconnaissent comme leur chef suprême. C’est la première fois que les Gaulois parviennent à s’unir ainsi.
Au printemps – 52, Vercingétorix tente d’abord de couper César, qui se trouve en Gaule transalpine, de ses légions restées plus au nord. Mais le général parvient à franchir les Cévennes et à retrouver ses soldats. Le chef arverne opte alors pour la terrible tactique de la terre brûlée. Les cités des Bituriges dont César doit traverser le territoire sont détruites. Seule leur capitale, Avaricum (Bourges), est épargnée car on la croit imprenable. À tort. Après plusieurs échecs, les Romains tentent une attaque surprise sous des trombes d’eau et parviennent à entrer. Pour venger les morts de Cénabum, les légionnaires commettent alors un nouveau massacre. Sur les quarante mille habitants, seuls huit cents parviennent à s’enfuir.
Gergovie
L’affrontement direct entre César et Vercingétorix a lieu en avril, à Gergovie. Les Gaulois s’y sont retranchés et affrontent l’assaut des Romains. Mais le général a beau ruser, il essuie de lourdes pertes et doit finalement se retirer. La situation est très difficile pour César. Même les Éduens, restés ses alliés jusque-là, font défection. Il décide alors de se replier vers l’Italie où sa situation s’est aussi tendue. Sa fille, Julia, épouse de Pompée, vient de mourir, et celui-ci n’a plus de raison de ménager son ancien beau-père. Il a même rejoint ouvertement les rangs de ses adversaires.
Voyant le proconsul battre en retraite, Vercingétorix décide de détruire son armée avant qu’elle ne soit hors de portée. Mais l’attaque de l’Arverne est un échec : les Romains, soutenus par des cavaliers germains, la repoussent. Ils poursuivent même leurs ennemis jusqu’à l’oppidum d’Alésia où ils les contraignent à s’enfermer. César ne possède pas assez d’hommes pour tenter un assaut décisif. Il décide alors d’affamer ses adversaires. Pour empêcher tout ravitaillement, le proconsul fait construire une double ligne de fortification. Elle doit empêcher autant toute sortie des assiégés que toute attaque venant de l’extérieur contre les assiégeants. Il faut dire que Vercingétorix attend une armée de secours gauloise. Elle arrive effectivement à la fin de l’été. Par trois fois, elle échoue à vaincre les Romains et à franchir leurs lignes avant finalement de fuir devant les cavaliers de César.
Vercingétorix sait alors qu’il est perdu. Plutôt que de se lancer dans une ultime action qui ne peut déboucher que sur un nouveau massacre, il préfère se livrer au général romain en échange de la vie sauve pour les siens. César les épargne effectivement : les Arvernes peuvent retourner chez eux après avoir fait leur soumission. Quant aux autres guerriers gaulois, à l’exception des Éduens, ils sont réduits en esclavage et donnés aux légionnaires. Vercingétorix, lui, sera jeté en prison et finalement exécuté en 46 avant notre ère, après le triomphe à Rome de son vainqueur. Le reste n’est qu’invention littéraire de Jacques Martin.
Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César56, de Lionel Royer, 1899, musée Crozatier du Puy-en-Velay. La reddition du chef gaulois vue par le XIXe siècle.
Dans la Forêt carnivore, nous n’avons pas seulement fait référence aux albums de Jacques Martin, nous avons aussi rendu hommage à un autre grand classique de la BD franco-belge : le Domaine des dieux.
César y présente une maquette de la future ville qu’il veut construire autour du village des irréductibles Gaulois pour les acculturer de force. Dans mon album, c’est Vanik qui présente une maquette du même genre de la nouvelle Alésia à Alix. Je ne pense pas que de tels objets existaient dans l’Antiquité, mais c’était trop tentant.